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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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remarqua Thomas
tranquillement.
    — Mais Guy Vexille sera l’un d’eux, ajouta Northampton,
donc c’est ta chance. Saisis-la, Thomas, et pars d’ici avant que la trêve
arrive.
    Le jeune homme hésita quelques secondes. La suggestion de
son maître relevait largement de la folie. Il voulait que Thomas emmène une
petite troupe dans le sud de la France, au plus profond du territoire ennemi, qu’il
s’empare d’une forteresse, qu’il la défende et qu’au passage il capture son
cousin Vexille, qu’il découvre Astarac, explore l’endroit et retrouve la piste
du Graal. Seul un fou pouvait accepter une telle mission, mais ses options
étaient limitées. Il n’avait aucune envie de rester à ne rien faire avec les
autres archers sans affectation.
    — Je vais le faire, Monseigneur, répondit-il.
    — Bien. Alors, mettez-vous en route.
    Northampton reconduisit Thomas à la porte, mais, dès que
Robbie et messire Guillaume furent dans l’escalier, il tira son jeune féal en
arrière pour lui glisser un mot en privé.
    — N’emmène pas l’Écossais avec toi, dit le comte.
    — Vraiment, Monseigneur ? C’est un ami.
    — Un damné Écossais, oui. Je ne lui fais pas confiance.
Ce sont tous de maudits voleurs et de fieffés menteurs. Pires que ces foutus
Français. De qui est-il le prisonnier ?
    — De lord Outhwaite.
    — Et Outhwaite l’a laissé voyager avec vous ? Ça
me surprend beaucoup. Enfin peu importe, renvoie-lui ton « ami » et
laisse-le moisir jusqu’à ce que sa famille réunisse de nouveau la rançon. Mais
je ne veux pas qu’un foutu Écossais s’empare du Graal et l’emmène hors
d’Angleterre. Compris ?
    — Oui, Monseigneur.
    — Brave petit, dit le comte en assénant une grande tape
dans le dos de Thomas, qui le dépassait d’une bonne tête. Maintenant, file et
réussis !
    « File et meurs » eût été plus approprié. File te
lancer dans cette quête absurde. Thomas ne croyait pas à l’existence du Graal.
Certes, il voulait qu’il existe. Il voulait croire aux paroles de son père.
Seulement celui-ci était fou, parfois, et farceur aussi. Mais le jeune homme
avait une autre ambition : il aspirait à devenir un aussi bon chef que
Will Skeat et à être archer. Or cette folle mission allait lui donner
l’occasion de lever des hommes, de les commander et de mener à bien son rêve.
Donc, il allait se mettre en quête du Graal pour le compte de son suzerain et
il verrait bien ce qui adviendrait.
    Sans traîner, il rejoignit le campement anglais et fit
battre le tambour. L’heure était à la paix, mais Thomas de Hookton levait des
hommes et partait en guerre.

 
PREMIÈRE PARTIE

Le jouet du diable

 
1
    Le comte de Bérat était âgé, pieux et lettré. Du haut de ses
soixante-cinq printemps, il aimait se vanter d’avoir passé les quarante dernières
années sans quitter son fief. Sa place forte, le grand château de Bérat, se
dressait sur une colline calcaire surplombant la ville. Cette dernière était
presque totalement ceinturée par la rivière éponyme qui rendait ce comté si
fertile. On y trouvait en abondance des olives, des vignes, des poires, des
prunes, de l’orge et… des femmes. Autant de délices qu’adorait le comte. Il
s’était marié cinq fois. Chaque nouvelle épouse était plus jeune que la
précédente, mais aucune ne lui avait donné d’héritier. Il n’était même pas
parvenu à obtenir un bâtard d’une petite fermière, et pourtant, Dieu le savait,
ce n’était pas faute d’avoir essayé !
    Cette absence d’héritier l’avait convaincu que Dieu l’avait
maudit et, pour cette raison, il avait fini, sur ses vieux jours, par
s’entourer d’ecclésiastiques. La ville de Bérat possédait sa cathédrale et
dix-huit églises, avec un évêque, des chanoines et des prêtres pour les
remplir. Près de la porte est, il y avait même une maison de frères
dominicains. Le comte gratifia sa ville de deux églises supplémentaires et fit
construire un couvent sur la colline occidentale, de l’autre côté de la
rivière, au-dessus des vignes. Il appela aussi un chapelain à son côté et, à
grands frais, acquit une poignée d’épis de blé provenant de la crèche dans
laquelle Jésus avait été déposé à sa naissance. Le vieil homme avait enchâssé
la paille dans un reliquaire de cristal, d’or et de gemmes qu’il avait placé
sur l’autel de la chapelle du château. Il priait quotidiennement devant celui-ci.
Mais

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