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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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encore aucune trêve de signée, hasarda
prudemment Northampton.
    — Et aucune ne le sera avant des jours, à mon humble
avis, confirma Buckingham.
    Le comte fixa Thomas.
    — Tu veux toujours avoir des archers sous tes
ordres ?
    — J’aimerais les hommes de Will Skeat, Sire.
    — Assurément, ils te serviraient, acquiesça le comte,
mais tu ne peux pas commander d’hommes d’armes.
    Il voulait dire que Thomas, du haut de son jeune âge et de
sa naissance officiellement modeste, pouvait certes avoir l’autorité pour diriger
des archers, mais pas des hommes d’armes. Ces derniers se considéraient comme
de rang plus élevé et ils n’apprécieraient pas d’être commandés par lui. Will
Skeat était de plus basse extraction encore que Thomas, mais il était beaucoup
plus âgé et expérimenté.
    — Moi, je peux commander des hommes d’armes, annonça
l’un des deux hommes près du mur.
    Thomas présenta ses deux compagnons. Le plus âgé, celui qui
venait de parler, était balafré, borgne et dur comme une cotte de mailles. Il
s’appelait messire Guillaume d’Evecque, le seigneur d’Evecque pour être précis,
et il avait jadis possédé un fief en Normandie, jusqu’à ce que son propre roi
se retournât contre lui. Maintenant, il n’était plus qu’un seigneur sans terre…
et l’ami de Thomas. L’autre, le plus jeune, était aussi un ami de l’archer. Cet
Écossais répondant au nom de Robbie Douglas avait été fait prisonnier à Durham,
l’année précédente.
    — Par les os du Christ ! s’exclama le comte quand
il apprit qui était ce dernier et ce qui lui était arrivé. Si vous êtes là,
c’est que vous avez réuni votre rançon, maintenant !
    — C’est exact, Monseigneur, reconnut Robbie. Je l’ai
réunie… mais je l’ai perdue.
    — Perdue ?
    Le jeune Écossais baissa les yeux et fixa le sol. Ce fut
donc à Thomas qu’il revint de donner l’explication, qui tenait en deux
mots :
    — Les dés.
    Le lord anglais esquissa un rictus de mépris, puis il revint
vers messire Guillaume.
    — J’ai entendu parler de vous, dit-il en un réel
compliment. Je suis certain que vous pouvez mener des hommes d’armes. Mais qui
servez-vous ?
    — Personne, Monseigneur.
    — Alors vous ne pouvez mener mes hommes d’armes,
trancha le comte explicitement.
    Mais il se tut, comme s’il attendait une réponse.
    Guillaume d’Evecque hésita. Cet homme fier de trente-cinq ans
avait une grande expérience de la guerre. Il avait essentiellement bâti sa
réputation au cours de ses combats contre les Anglais. Mais aujourd’hui, sans
terre et sans maître désormais, il ne valait guère mieux qu’un vagabond. Aussi,
après un bref temps de réflexion, il se dirigea silencieusement vers le comte.
En s’agenouillant devant lui, il leva ses mains jointes comme s’il priait.
Northampton mit les siennes autour de celles du Normand.
    — Tu jures de te mettre à mon service, demanda-t-il,
d’être mon homme lige, de ne servir aucun autre ?
    — Je le jure, répondit messire Guillaume sincèrement.
    Le comte l’aida à se relever.
    Alors les deux hommes s’embrassèrent sur les lèvres.
    — Je suis honoré, dit le noble en cognant doucement du
poing l’épaule de son nouveau vassal.
    Puis Northampton se retourna vers Thomas.
    — Ainsi, à vous deux, vous pouvez maintenant lever une
force décente. De quoi avez-vous besoin ? De cinquante hommes ? La
moitié d’archers ?
    — Cinquante hommes seulement pour aller s’aventurer
dans un fief si lointain ? s’étonna Thomas. Ils ne tiendront pas un mois,
Monseigneur…
    — Mais si, répondit le comte.
    Et celui-ci rapporta la surprise qui avait été la sienne en
apprenant qu’Astarac se trouvait dans le comté de Bérat.
    — Il y a des années, jeune Thomas, alors que tu n’avais
pas encore quitté le sein de ta mère, je possédais un domaine en Gascogne. Je
l’ai perdu aujourd’hui, mais, formellement, je ne me suis jamais rendu. Il y a
donc trois ou quatre places fortes dans le comté de Bérat sur lesquelles j’ai
encore une autorité légitime.
    Sans détacher ses yeux des notes du père Ralph, John
Buckingham leva discrètement un sourcil qui trahissait ses doutes quant à la
légitimité de cette autorité, mais il ne dit mot.
    — Partez là-bas et prenez un de ces châteaux, continua
le comte, faites des raids, amassez du butin, et les hommes vous rejoindront.
    — Et d’autres marcheront contre nous,

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