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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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à battre !
    — Vous êtes l’Harlequin ! jeta Joscelyn, sous le
coup de la surprise.
    — On me connaît parfois sous ce nom, répondit l’homme
en noir.
    L’évêque et tout son clergé se signèrent à leur tour, car ce
surnom signifiait que ce personnage inquiétant était chéri du diable. Le géant fit
un pas de plus en avant pour ajouter :
    — Mais mon véritable nom est Guy Vexille.
    Ce patronyme ne signifiait rien pour Joscelyn, mais le
prélat et ses acolytes se signèrent une seconde fois. L’évêque tendit son bâton
devant lui comme s’il voulait se défendre.
    — Mais par Dieu, que faites-vous ici ? demanda
Joscelyn.
    — Je suis venu apporter la lumière dans ce monde.
    Le quinzième comte de Bérat se mit à frissonner. À dire
vrai, il aurait été bien incapable de dire pourquoi. Il savait simplement que
l’homme qui se faisait appeler l’Harlequin, et qui prétendait être venu
apporter la lumière dans les ténèbres, lui faisait peur.
     
    La rebouteuse déclara qu’elle ne pouvait faire grand-chose.
Tout ce qu’elle tenta ne fit qu’infliger des douleurs atroces à Geneviève.
Quand elle eut fini, l’épaule et le sein gauche de la jeune femme étaient de
nouveau inondés de sang. Le frère Clément nettoya doucement la plaie, puis
versa dessus du miel avant de la bander avec un linge propre.
    Tout n’avait pas été négatif, car, après ces manipulations,
Geneviève manifesta un appétit de loup. Elle avala tout ce que Thomas lui
apporta, ce qui était toutefois peu : après son raid sur Astarac, le
village avait été dépossédé d’une bonne partie de ses vivres, et les réserves
du monastère avaient été très largement amputées pour nourrir les villageois.
    Il restait du fromage, des poires, du pain et du miel. Frère
Clément prépara encore un peu de sa bonne soupe de champignons.
Quotidiennement, cliquettes claquantes, les lépreux partaient dans les bois en
chercher pour toute l’abbaye. Dans ces moments de disette, les champignons
constituaient l’un des ingrédients essentiels de la table des moines.
    Deux fois par jour, certains lépreux gagnaient l’arrière du
monastère et gravissaient une volée de marches qui permettait d’atteindre une
pièce nue. Une petite fenêtre donnait sur l’autel de l’abbatiale. C’était là
qu’ils étaient autorisés à prier.
    Les deuxième et troisième jours après son entretien avec
Planchard, Thomas les accompagna. Il ne s’y rendit pas de gaieté de cœur, car
du fait de son excommunication il n’était plus autorisé à pénétrer dans une
église. Mais le frère Clément l’avait tiré par le bras avec insistance et son
sourire, quand Thomas l’avait obligé, avait exprimé le plaisir intense que le
jeune homme lui accordait en acceptant de le suivre… Ce qui était bien le moins
qu’il pouvait faire pour remercier le dévoué guérisseur.
     
    Le lendemain de l’éprouvant passage de la rebouteuse,
Geneviève elle-même l’accompagna. Elle marchait suffisamment bien maintenant,
même si ses jambes étaient encore faibles et qu’elle ne pouvait quasiment pas
bouger son bras gauche. La flèche avait manqué de peu ses poumons, ce qui
expliquait, estimait Thomas, qu’elle ait survécu. Cela et les soins de frère
Clément.
    — J’ai cru que j’allais mourir, confessa-t-elle à
Thomas.
    Il repensa alors à la peste dont lui avait parlé Planchard.
Il n’avait plus rien entendu à ce propos depuis sa conversation avec l’abbé et,
pour le moment, il choisit de ne pas en souffler mot à Geneviève pour ne pas
l’alarmer inutilement.
    — Tu ne vas pas mourir, lui dit-il, mais tu dois bouger
ton bras.
    — Je ne peux pas. Il me fait mal.
    — Tu dois le faire, insista-t-il.
    Quand ses bras et ses mains avaient été torturés par son
bourreau, lui aussi avait pensé ne jamais pouvoir les réutiliser. Mais ses
amis, Robbie en tête, l’avaient forcé à reprendre l’arc. Au début, la guérison
avait semblé illusoire, puis, petit à petit, ses capacités étaient revenues.
    Il se demandait où était Robbie, maintenant. Était-il resté
à Castillon d’Arbizon ? Cette pensée l’effrayait. Robbie allait-il venir
le chercher à Astarac ? L’amitié s’était-elle réellement changée en
haine ? Et si ce n’était pas Robbie, qui d’autre pouvait venir ? La
nouvelle de sa présence au monastère avait déjà dû se répandre comme se propage
toujours ce type d’information :

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