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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Villesisle se
glissa dans la duperie.
    — Je ne le nie pas, Monseigneur.
    — Répète-le ! ordonna Joscelyn. Plus fort !
    — Je ne le nie pas, Seigneur.
    — Mais tu lui as tranché la gorge, gredin !
continua le comte en faisant signe à Villesisle de se lever.
    Dès que son adversaire fut rétabli sur ses pieds, le colosse
au visage rond se précipita sur lui, épée en avant. De nouveau, le triple
tintement métallique envahit la cour. Les épées étaient lourdes, les coups
maladroits, mais les témoins du duel pouvaient voir que Joscelyn était le
meilleur des deux combattants.
    Messire Henri Courtois se demandait toutefois si Villesisle
déployait réellement tout son art. Il donnait de grands coups d’épée, mais
n’essayait jamais vraiment de se rapprocher de son adversaire, lequel n’avait
aucune peine à avancer. Près d’eux, les livres et les parchemins brûlaient en
grondant. De la sueur commençait à perler sur leur front et ils l’essuyaient
régulièrement d’un revers du poignet.
    — Si je blesse cet homme, Monseigneur, cria Joscelyn,
accepterez-vous cela comme un signe de sa culpabilité ?
    — Certes, admit le prélat, mais ce ne sera pas un
châtiment suffisant.
    — La punition peut attendre que Dieu l’administre
Lui-même, indiqua le comte en souriant à Villesisle.
    Ce dernier lui sourit en retour. Au même moment, Joscelyn
s’avança vers son adversaire en exposant imprudemment son flanc droit.
Villesisle comprit que son maître l’invitait à attaquer pour donner
l’impression que le combat n’était pas truqué. Alors il s’exécuta. Ramenant sa
grande lame en arrière, il s’apprêta à la rabattre du plat du fer sur le côté
droit de son seigneur, convaincu que celui-ci allait aisément – mais sans
danger – amortir le coup. Au lieu de cela, Joscelyn fit un pas en arrière
et c’est avec son épée qu’il détourna l’attaque. Villesisle s’en trouva
déséquilibré. Emporté par l’élan, il vacilla. Aussi vif que l’éclair, le regard
aussi froid que l’acier, le nouveau seigneur de Bérat ramena sa lame et, d’un
simple petit mouvement du poignet, il entailla la gorge du Parisien avec la
pointe de son épée. Celle-ci ne resta qu’un instant immobile devant la trachée
de l’homme d’armes. Joscelyn poussa en avant le fer, qui pénétra le cou de
Villesisle. Un sourire mauvais sur les lèvres, le comte tortilla son épée dans
la gorge de sa victime et pressa de nouveau. Le sang s’écoulait le long de la
lame et cascadait vers les pavés. Joscelyn arracha son épée de la blessure. Les
yeux exorbités, une expression de totale stupéfaction dans le regard, l’homme
de main tomba à genoux. Son arme s’écrasa sur le sol avec fracas. Il n’était
pas encore mort. À chacune de ses respirations, un bouillonnement rouge
jaillissait de sa gorge béante. Toujours souriant, Joscelyn releva sa lame et
la planta de bas en haut dans la poitrine de l’agonisant agenouillé. Le
malheureux Villesisle demeura là, immobile, maintenu droit par l’épée enfoncée
dans son thorax. Le comte imprima une nouvelle torsion à sa lame. Plaçant ses
deux mains sur sa poignée, il arracha l’acier par une traction monstrueuse qui
fit frissonner le corps du mourant. Une gerbe de sang gicla sur les bras de
Joscelyn.
    Depuis quelques secondes, les spectateurs retenaient leur
respiration. Un soupir général s’éleva, tandis que Villesisle s’effondrait sur
le flanc et rendait l’âme. Son sang inonda les pavés de la cour et se mit à
siffler en atteignant le feu.
    Le vainqueur du duel s’était déjà tourné et cherchait du
regard le complice de sa victime, l’autre assassin du vieux comte. Pendant le
combat, celui-ci avait bien essayé de s’enfuir, mais des hommes d’armes
l’avaient intercepté. Ils le menèrent devant Joscelyn, où il tomba à genoux. Le
sicaire implora le pardon de son maître.
    — Il réclame grâce, indiqua ce dernier à l’évêque. La
lui accordez-vous ?
    — Il mérite la justice, répondit le prélat.
    Le comte essuya son épée ensanglantée sur les pans de son
pourpoint, puis il la remit au fourreau.
    — Pends-le, ordonna-t-il sèchement à Henri Courtois.
    — Seigneur…
    L’homme n’eut même pas le temps de réclamer une révision de
son cas. Joscelyn se retourna et lui décocha un coup de pied si violent dans la
bouche qu’il lui fracassa la mâchoire. Au retour de la botte, le sbire eut
quasiment

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