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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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soupçonnaient
pour la plupart que le vieux comte avait été assassiné. Joscelyn quant à lui ne
semblait pas se sentir concerné par l’apostrophe de l’évêque.
    — Il est mort, lança-t-il à haute et intelligible voix.
Mort dans son sommeil, de maladie.
    — Une bien étrange maladie, en vérité, gronda le
dignitaire, qui laisse un homme avec la gorge tranchée !
    Un murmure retentit dans la cour et se transforma rapidement
en grondement d’indignation. Messire Henri Courtois et certains des soldats du
défunt portèrent la main à la poignée de leur épée.
    Joscelyn affronta bravement l’épreuve.
    — De quoi m’accusez-vous ? s’emporta-t-il.
    — Vous, je ne vous accuse de rien, répondit le prélat.
    Assurément, il n’entendait pas provoquer un affrontement
direct avec le nouveau comte. Pas encore. En revanche, il était tout disposé à
attaquer ses sicaires.
    — Je ne vous accuse pas, mais j’accuse vos hommes.
    Il poussa Michel en avant.
    — Ce garçon les a vus trancher la gorge de votre
oncle !
    Un murmure de dégoût se propagea dans la cour. Plusieurs
hommes d’armes se rapprochèrent de messire Courtois, comme pour l’assurer de
leur soutien. Joscelyn ignora le brouhaha de la cour pour chercher Villesisle
des yeux. Il le repéra rapidement.
    — Je t’ai envoyé, lui cria-t-il, pour obtenir une
audience de mon cher oncle ! Et maintenant j’entends que tu l’as
tué ?
    Villesisle fut tellement décontenancé par l’accusation qu’il
ne put exprimer le moindre mot. Il se contenta de secouer la tête en signe de
dénégation, mais d’une manière si peu assurée que tous les hommes présents
furent immédiatement convaincus de sa culpabilité.
    — Vous voulez la justice, Monseigneur ? lança
Joscelyn à l’évêque.
    — Le sang de votre oncle la réclame, répondit le
prélat, et la légitimité de votre héritage en dépend.
    Le jeune comte tira son épée. Il ne portait pas d’armure,
mais simplement des hauts-de-chausses, des bottes et un pourpoint de laine
serré à la taille par une ceinture. De son côté, avec sa veste de cuir qui
pouvait parer la plupart des coups d’épée, Villesisle était mieux équipé.
Malgré tout, Joscelyn fit tourner sa lame pour inviter son séide à sortir la
sienne.
    — Les armes vont trancher, Monseigneur ! cria le
colosse. J’en appelle au jugement de Dieu !
    Villesisle fit un pas en arrière.
    — Je n’ai fait que ce que vous… commença-t-il.
    Deux coups prompts de Joscelyn le firent battre en retraite.
L’assassin paniqua : il venait de comprendre que ce n’était pas une pantomime
destinée à apaiser un évêque fâcheux, mais un vrai combat. Alors il tira son
épée.
    — Monseigneur, implora-t-il.
    — Fais en sorte que le combat ait l’air vrai, lui
chuchota son maître, nous pourrons tout arranger ensuite…
    L’homme d’armes ressentit un vif soulagement. Il sourit et
lança sa propre attaque, que son maître para. Tous les présents s’écartèrent
pour former un demi-cercle autour des jouteurs et du brasier. Villesisle
n’était pas un novice. Sans avoir le talent de Joscelyn, il avait souvent
combattu en tournoi ou dans des escarmouches. Mais il se méfiait de son
seigneur, qui était plus grand que lui et beaucoup plus fort. Ce dernier
attaquait maintenant, exploitant ses atouts, profitant de toutes les
opportunités, fendant l’air à grands coups d’épée. Son adversaire avait de plus
en plus de mal à les parer. À chaque fois que les fers se croisaient, le bruit
métallique résonnait d’abord contre le mur d’enceinte du château, puis contre
le gros donjon. L’écho de ce triple tintement s’évanouissait à peine qu’un
autre prenait sa place. Villesisle reculait, reculait, reculait encore.
Bondissant soudain de côté, il évita in extremis un coup meurtrier de son
maître qui fouetta le vide. Immédiatement, le soldat repartit à l’assaut en se
fendant, pointe en avant. C’était précisément ce que Joscelyn attendait. Le
comte para l’attaque et se jeta sur son homme de main. Déséquilibré, celui-ci
s’affala sur le pavé. Le vainqueur se pencha au-dessus du vaincu.
    — Je vais sans doute devoir t’emprisonner, après ça,
mais pas longtemps, lui murmura-t-il pratiquement sans bouger les lèvres.
    Puis le comte leva la voix :
    — Je t’ai ordonné d’aller voir mon oncle et de lui
parler. Le nies-tu ?
    Trop heureux de s’en tirer a si bon compte,

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