Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
qu’à lui, maugréa intérieurement Joscelyn, la seule récompense qu’il
accorderait à un coredor serait une lente pendaison !
    Quand la petite troupe parvint au faîte de la montagne, les
bandits avaient disparu depuis longtemps. Le seigneur de Béziers pouvait
maintenant contempler la majeure partie de la vallée jusqu’à Masseube, au nord.
Côté sud, la route filait vers les hautes Pyrénées. La colonne de fumée se
dressait juste devant eux, à faible distance, mais le village que les Anglais
devaient être en train de piller était caché par un rideau d’arbres Cette fois,
Joscelyn demanda bel et bien au frère de partir en reconnaissance. Pour lui
octroyer quand même une protection, il ordonna à ses deux hommes d’armes
personnels de l’accompagner.
    Le neveu de Bérat et le reste de la troupe avaient
pratiquement atteint le fond de la vallée quand le père Roubert revint au
galop. Il était très excité.
    — Ils ne nous ont pas vus, rapporta-t-il. Et ils ne
peuvent savoir que nous sommes ici.
    — Vous en êtes certain ?
    Le frère acquiesça. Sa dignité naturelle avait maintenant
laissé place à un soudain enthousiasme pour l’art martial.
    — La route conduisant au village traverse les arbres,
Monseigneur, et elle dissimule parfaitement ceux qui la suivent. Les arbres
s’éclaircissent à une centaine de pas de la rivière, que la route traverse à
gué. Lequel est peu profond. Nous avons vu des hommes le traverser pour ramener
des pieux de châtaignier au village.
    — Les Anglais ne les en ont pas empêchés ?
    — Les Anglais, Monseigneur, sont en train de fouiller
un tumulus funéraire dans le village. Ils ne semblent pas être plus d’une
douzaine. Les maisons elles-mêmes se trouvent à une centaine de pas du gué.
    Le dominicain était fier de son rapport, qu’il jugeait avisé
et précis, en somme une reconnaissance dont Vegetius lui-même eût pu être fier.
    — Vous pouvez vous approcher sans crainte à deux cents
pas du village, conclut-il, et vous armer en toute sécurité avant d’attaquer.
    C’était en vérité un rapport impressionnant et Joscelyn,
interloqué par sa qualité, tourna un regard interrogateur vers ses deux
compagnons. D’un hochement de tête, ils confirmèrent les propos du moine. Celui
qui s’appelait Villesisle, un Parisien, esquissa un sourire cruel.
    — Ils sont prêts pour la boucherie.
    — Des archers ? demanda le chevalier.
    — Nous en avons vu deux, répondit Villesisle.
    Le père Roubert avait gardé le meilleur pour la fin :
    — Et l’un des deux, Monseigneur, s’enflamma-t-il, est
la bégharde !
    — L’hérétique ?!
    — Donc Dieu sera avec nous ! s’exclama
véhémentement le prêtre.
    Joscelyn sourit.
    — Bien. Alors quel est votre conseil, mon père ?
    — Attaquez ! exulta le dominicain. Attaquez !
Et Dieu vous accordera le triomphe !
    Il avait beau être un homme prudent par nature, la vue de
Geneviève avait exalté son âme guerrière.
     
    Quand le neveu de Bérat atteignit l’orée des arbres de la
vallée, il put constater de visu que tout semblait exactement conforme à ce
qu’avait annoncé le moine. De l’autre côté de la rivière, les Anglais
creusaient le grand monticule de terre au centre du village. Ils n’étaient pas
plus de dix hommes, comme l’avait dit le père Roubert. Et la femme était là,
elle aussi. Manifestement inconscients de l’approche d’ennemis, ils n’avaient
placé aucun guetteur pour garder la route descendant de la crête. Joscelyn mit
brièvement pied à terre et laissa son écuyer resserrer les sangles de son
armure. Puis il se rehissa en selle, enfila son grand heaume de tournoi avec
ses plumes jaunes et rouges, son rembourrage de cuir et ses fentes de visière
en forme de croix. Il passa son bras gauche dans la boucle de son écu et
s’assura que son épée coulissait librement dans son fourreau. Puis il se baissa
pour attraper sa lance de frêne jaune et rouge, les couleurs de Sa Seigneurie
de Béziers. Elle faisait seize pieds de long. De semblables hampes avaient
vaincu les meilleurs tournoyeurs d’Europe et, maintenant, celle-ci allait
accomplir l’œuvre de Dieu. Ses hommes s’étaient également armés de lances. Le
bois de certaines était peint aux couleurs de Bérat : orange et blanc.
Elles ne dépassaient pour la plupart pas treize ou quatorze pieds de long, car
aucun des soldats du comte n’avait la force d’en porter une aussi

Weitere Kostenlose Bücher