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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le monde entier se prosternera devant nous.
    Charles réfléchit aux ordres que son frère venait de lui
donner et qu’il trouvait inutilement compliqués.
    — Pourquoi ne pas dévoiler publiquement le Graal
ici ?
    — Personne ne croira que je l’ai trouvé ici, à Paris,
objecta l’ecclésiastique.
    Ses yeux étaient fixés sur un crucifix d’ivoire pendant au
mur.
    — Tous penseront que ce n’est qu’un produit de mon
ambition. Non, il doit venir d’un lieu éloigné, et les rumeurs de sa découverte
devront précéder son arrivée pour que le peuple se masse sur son passage et
l’accueille à genoux.
    Charles comprenait cet aspect du plan, mais il en subsistait
de plus obscurs.
    — Et pourquoi ne pas simplement tuer Vexille
immédiatement ?
    — Parce qu’il a l’ardent désir de découvrir le vrai
Graal, et s’il existe, je le veux. Tout le monde sait qu’il s’appelle Vexille
et que sa famille possédait jadis la sainte coupe. Donc, s’il est impliqué dans
sa découverte, ce sera encore plus convaincant. Et il y a encore une autre
raison, ne t’en déplaise, mon cher frère : il est bien né. Il peut diriger
des hommes, et toutes les forces seront nécessaires pour débusquer cet Anglais
de sa tanière. Penses-tu que quarante-sept chevaliers et hommes d’armes vont te
suivre, toi ?
    Pour constituer ce groupe placé sous le commandement de
Vexille, le cardinal avait dû lever des hommes. Il les avait pris chez ses
tenanciers, les petits seigneurs qui géraient les terres léguées à l’Église par
tous ceux qui avaient espéré que ce don effacerait leurs péchés. Cette troupe
allait coûter cher au prélat, car, en échange, les seigneurs auxquels les
hommes appartenaient n’allaient pas acquitter leurs loyers pendant une année.
    — Toi et moi venons de la rue, Charles, rappela le
cardinal, et les hommes d’armes te mépriseront.
    — Il doit y avoir une centaine de seigneurs qui
cherchent ton Graal, pesta le laïc.
    — Des milliers d’hommes, tu veux dire !
surenchérit le légat du pape. Mais dès qu’ils auront mis la main sur le Graal,
ils le rapporteront à leur roi, et au final, ce seront les Anglais qui en
hériteront. Vexille est mien, pour autant qu’il puisse appartenir à quelqu’un,
toutefois je sais ce qu’il fera quand il aura le Graal. Il le volera. Tu devras
donc le tuer avant qu’il en ait l’occasion.
    — Il sera difficile à tuer, réfléchit Charles tout
haut.
    — C’est pour ça que je t’envoie, avec tes égorgeurs. Ne
me déçois pas.
     
    Cette nuit-là, le frère du cardinal Bessières se procura un
« écrin » plus pratique pour le faux Graal : un tube de cuir, du
type de ceux qu’utilisaient les arbalétriers pour transporter leurs carreaux.
Il enveloppa soigneusement le verre et l’or dans du lin, glissa
précautionneusement le tout dans le tube qu’il remplit de sciure. Enfin, il
scella le couvercle du cylindre à la cire.
    Le lendemain, Gaspard fut… libéré. Un couteau lui entailla
le ventre, puis l’ouvrit, de bas en haut. L’orfèvre hors pair mourut lentement,
dans une mare de sang. Yvette hurla si fort qu’elle en resta finalement sans
voix. Les yeux exorbités, haletante, elle se contentait d’ouvrir et de fermer
la bouche, telle une carpe en quête d’air. Quand Charles Bessières lui arracha
sa robe, elle n’opposa aucune résistance. Dix minutes plus tard, le balafré la
tua, rapidement, une marque de gratitude pour le plaisir qu’elle venait de lui
donner.
    Il ferma la tour.
    Puis, son tube d’arbalétrier en sûreté sur son flanc, le
frère du cardinal prit la tête de ses hommes. Cap au sud.

 
5
    — Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint, amen.
    Thomas avait prononcé les mots presque à voix basse en se
signant. Cependant, la prière ne lui sembla pas suffisante. Il tira son épée et
la pointa vers le sol, poignée au ciel, pour figurer une croix. Puis il planta
un genou en terre et répéta la formule en latin.
    —  In nomine patris et filii et spiritus sancti,
amen.
    Que Dieu m’épargne, pensa-t-il en essayant de se rappeler à
quand remontait sa dernière confession.
    Cette manifestation de piété amusa messire Guillaume :
    — Je pensais que tu avais dit qu’ils seraient peu
nombreux…
    — Ils le sont, répondit son compagnon en se relevant et
en remettant son épée au fourreau. Mais cela ne fait pas de mal de prier avant
un combat.
    Le Normand esquissa un rapide signe

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