Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
grande que
celle de Joscelyn. Les écuyers tirèrent leurs épées. Les visières des casques
furent abaissées, restreignant la perception du monde environnant à de simples
fentes de lumière. Conscient de l’imminence du combat, le destrier de Joscelyn
piaffait d’impatience. Tout était prêt. Les Anglais ne se doutaient de rien.
Ils ignoraient la menace qui allait fondre sur eux, et Joscelyn avait enfin les
mains libres pour attaquer.
    Alors, avec ses hommes d’armes pressés sur ses flancs et les
prières du père Roubert résonnant dans sa tête, il chargea.
     
    La main du Seigneur m’accompagne, pensa Gaspard.
    Dès sa première tentative, tout avait fonctionné à
merveille. Pourtant, il avait prévenu Yvette, sa compagne, qu’il lui faudrait
probablement dix ou onze essais avant d’aboutir. Il n’était même pas certain de
réussir, avait-il ajouté, car les détails des filigranes étaient si délicats
qu’il doutait que l’or fondu puisse remplir les moindres espaces du moule.
C’est donc le cœur tressautant qu’il avait versé l’or dans le récipient délicat
qui enchâssait auparavant le modèle de cire de son calice. Et c’est dans le
même état qu’il avait brisé l’argile cuite.
    Et là, à sa plus grande stupéfaction et avec un
émerveillement infini, il venait de découvrir que sa création de cire avait été
reproduite quasi parfaitement. Un ou deux détails méritaient d’être peaufinés.
À certains endroits, l’or n’était pas totalement parvenu à faire le tour d’une
feuille ou de la pointe d’une épine.
    L’artiste s’empressa de corriger ces infimes défauts. Il
lima les bords rugueux, puis polit la coupe.
    L’ensemble de l’opération lui avait pris en réalité une
semaine. Quand il eut fini, il ne révéla pas immédiatement à Charles Bessières
qu’il avait achevé son œuvre. Au contraire, il prétendit qu’il avait encore du
travail à accomplir. La vérité était tout autre : il ne pouvait simplement
pas se résoudre à perdre l’objet magnifique qu’il avait créé. Il savait qu’il
avait sous les yeux la plus belle pièce d’orfèvrerie jamais conçue.
    Alors il créa un couvercle pour la coupe. Il était conique,
comme le couvercle des fonts baptismaux. À son sommet, il plaça une croix. Sur ses
bords il pendit des perles et sur ses Pentes il représenta les symboles des
quatre évangélistes : un lion pour Marc, un bœuf pour Luc, un ange pour
Matthieu et un aigle pour Jean. Cette pièce n’était pas aussi délicate d’aspect
que le corps du calice, mais elle provenait du même moule. Il la lima et la
polit. Puis il assembla les différentes parties : le porte-coupe d’or, le
vieux cratère de verre émeraudâtre et le nouveau couvercle bordé de perles.
    Enfin, vint le moment où il ne put plus longtemps dissimuler
à Charles Bessières l’achèvement de son œuvre.
    — Dites au cardinal que les perles représentent les
larmes de la mère du Christ, précisa-t-il au balafré en enveloppant la
merveille dans du tissu et de la paille.
    Puis il déposa les trois morceaux dans une boîte remplie de
sciure.
    Monsieur Charles était totalement indifférent à ce que
pouvait symboliser l’objet, mais il se vit contraint de reconnaître que le
calice était splendide.
    — Si mon frère l’approuve, indiqua-t-il, tu seras payé
et libéré.
    — Nous pourrons rentrer à Paris ? demanda Gaspard,
impatient.
    — Tu vas pouvoir aller où tu veux, mentit l’homme. Mais
pas avant que je te le dise.
    Il donna instruction à ses hommes de maintenir Gaspard et
Yvette sous bonne garde en son absence. Puis il prit la route de Paris pour
apporter le calice à son frère.
     
    Quand les tissus enveloppant la coupe eurent été défaits et
les trois pièces assemblées, le cardinal joignit les mains devant sa poitrine
et contempla, bouche bée, le résultat. Pendant un long moment, il fut incapable
de prononcer la moindre parole. Puis il se pencha, scruta plus attentivement
encore l’antique coupe verte.
    — Est-ce qu’il ne te semble pas, Charles, qu’il y a là
comme un soupçon d’or, à la surface du verre ?
    — J’ai pas regardé, reçut-il brutalement pour seule
réponse.
    Précautionneusement, le prélat ôta le couvercle et souleva
le petit cratère verdâtre de son berceau d’or. Tenant l’objet translucide
devant la lumière, il vit que Gaspard, dans un éclair de génie involontaire,
avait déposé une couche presque

Weitere Kostenlose Bücher