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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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étonnement, aucun d’eux ne reculait, ni ne semblait affolé. Bien au contraire, mes hommes en avaient plein les bras et, sous mes yeux, plusieurs tombèrent. À ce rythme, l’affrontement deviendrait vite trop égal à mon goût. Je grondai de frustration. Même pour allumer un incendie, Montfort avait pris soin d’envoyer des hommes aguerris.
    Landric, Ugolin, Pagés et Bastistou se lancèrent avec ferveur dans la bataille et la firent vite tourner à nouveau en notre faveur. Le géant de Minerve, en particulier, se révéla une véritable bête, se chargeant sans sourciller de quatre croisés à la fois pendant que Landric, plus calme, s’était joint à un soldat en difficulté, lui sauvant sans doute la vie. Les deux autres s’étaient lancés sur le premier adversaire à leur portée et le massacraient déjà avec enthousiasme.
    Mon attention fut retenue pas une haute silhouette qui maniait l’épée avec une agilité remarquable. Je l’observai, intrigué. Les deux hommes de Cabaret qui lui faisaient face étaient débordés et étaient forcés de reculer. La chevelure noire et lisse qui dépassait à l’arrière du heaume me rappelait vaguement quelqu’un. La façon de se battre, fluide, aussi.
    À ce moment précis, l’individu lança un solide coup du revers et sa lame trancha la gorge d’un de mes hommes sans même perdre de vélocité. Puis il se pencha pour éviter un coup du seul adversaire qui lui restait, enfonça la tête dans son abdomen, le souleva et le rabattit sur le sol. Sa victime n’eut même pas le temps de reprendre son souffle que la lame s’était enfoncée dans son ventre. L’homme se retourna, un rictus cruel retroussant sa grosse moustache à la gauloise, à la recherche d’un nouvel adversaire. L’espace d’un instant, mon cœur s’arrêta.
    Evrart de Nanteroi était vivant. Il était resté avec Montfort une fois leur quarantaine accomplie. Sur son heaume, à la hauteur du front, brillait l’aigle de Nanteroi, les ailes déployées. Devant moi se tenait l’Aigle que craignaient les cathares. Nos regards se rencontrèrent et je pus lire dans le sien la surprise que j’éprouvais moi-même. Autour de nous, le temps semblait s’être arrêté. Stupéfait, je me dirigeai vers lui. Nous nous retrouvâmes face à face, aussi hésitants l’un que l’autre. Nous restâmes ainsi, abasourdis, pendant que le combat faisait rage autour de nous. D’un accord tacite, nous abaissâmes nos armes.
    —    Gondemar... dit-il, perplexe, l’ébauche d’un sourire se formant sur ses lèvres. Après Béziers, je te croyais mort. Comment. ?
    —    J’ai survécu. De justesse. J’ai été laissé pour mort par des croisés. Les cathares m’ont soigné.
    —    Tu. tu es passé à l’ennemi ? s’exclama-t-il, incrédule. Toi ?
    —    L’ennemi, dis-tu ? Depuis des semaines, les massacres et les horreurs se succèdent dans le Sud et ce ne sont pas les cathares qui les commettent. Encore hier soir, quelqu’un a lancé pardessus la muraille la tête d’une fillette innocente.
    Son visage se contorsionna d’une rage indignée.
    —    Innocente ? Aucun cathare n’est innocent aux yeux de Dieu !
    —    L’absolution du pape ne devrait pas justifier de telles horreurs, Evrart.
    —    Les hérétiques doivent être exterminés ! Quiconque en doute ne vaut pas mieux qu’eux !
    —    Morbleu, te voilà devenu aussi fanatique que Montfort. Que s’est-il passé ? Cela ne te ressemble pas.
    Il me dévisagea, l’incrédulité et l’indignation se mêlant sur son visage. Je compris alors qu’il serait impossible de raisonner avec lui. Il avait donné son âme au pape, ce qui ne valait pas mieux, à mes yeux, qu’un pacte avec le diable en personne.
    —    Comment as-tu pu ? Traître ! Apostat ! s’écria-t-il en brandissant son arme.
    J’avais néanmoins une dette d’honneur envers cet homme. Il était hors de question que je me batte avec lui. En réponse à sa provocation, je remis calmement mon épée au fourreau et fis non de la tête, ce qui parut le déstabiliser.
    Je jetai un regard autour de moi. Mes hommes avaient dominé. Les croisés étaient vaincus. Un seul d’entre eux résistait encore avec fureur, tenant en respect à grands coups d’épée les cinq hommes, dont Ugolin, qui tentaient sans succès de venir à bout de lui. Tous les autres gisaient par terre, mêlés aux quelques hommes que j’avais perdus.
    —    Halte !

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