Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
hurlai-je à pleins poumons.
    Les combattants s’interrompirent, mais pas avant que l’un d’eux n’assène un coup d’épée sur le heaume du croisé encore debout, qui vacilla un moment puis tomba à genoux. Un second coup lui fit perdre conscience et il se retrouva face contre terre. Aussitôt, Landric et Ugolin accoururent vers moi, empoignèrent solidement Nanteroi, le désarmèrent et lui tordirent cruellement les bras dans le dos. Il grimaça malgré lui. Je pouvais comprendre la déception que je lui causais. Il m’avait accueilli parmi ses hommes et je l’avais accompagné dans le Sud pour participer à la croisade. Il s’était pris d’affection pour moi et avait acquis du respect pour le combattant que j’étais. Nous étions entrés dans Béziers côte à côte, animés d’une mission commune. Et voilà qu’il me retrouvait chez l’ennemi. Mes hommes venaient de massacrer les siens. Comment aurait-il pu réagir autrement ?
    —    Impie ! cracha-t-il. Si j’avais su, je t’aurais laissé mourir là où je t’ai trouvé et, en ce moment même, tu brûlerais en enfer ! Les loups auraient dévoré ta carcasse et personne ne t’aurait pleuré ! Ta seule existence est un sacrilège, renégat !
    —    J’ai mes raisons, me contentai-je de dire d’une voix éteinte.
    —    Tes raisons ? explosa-t-il, en se débattant comme un forcené entre les mains de mes hommes. Quelle raison peut-on avoir d’abandonner une juste cause, dictée par Dieu lui-même ? Quelle raison justifierait de perdre ton âme en te joignant aux hérétiques ? Pourquoi risquerais-tu la damnation éternelle ?
    Comment pouvais-je lui dire que j’étais déjà damné ? Voyant que je ne réagissais pas à sa colère, Nanteroi finit par s’adoucir.
    —    Par Dieu, Gondemar, réfléchis ! plaida-t-il. Il est encore temps de te repentir. Viens avec moi. Je te mènerai à Amaury. Il peut absoudre tes péchés. Il en tient le pouvoir du pape en personne. Pense à ton âme.
    Je laissai échapper un petit rire sardonique. Le pape, quelle que fût sa puissance temporelle ou spirituelle, n’y pouvait rien. Je toisai Evrart et décidai que même un damné ne devait pas être dénué d’honneur.
    —    Lâchez-le, ordonnai-je sereinement. Et rendez-lui son arme. La bataille est terminée et je lui fais grâce.
    Interloqués, Landric et Ugolin m’obéirent. Landric se pencha, ramassa l’épée de Nanteroi et la lui tendit à contrecœur, la lame en premier. Ugolin, lui, tira son arme et resta un pas en retrait, ne quittant pas le prisonnier des yeux, prêt à l’embrocher au moindre geste menaçant.
    —    Tu peux partir, Evrart. Tu m’as sauvé la vie et, en échange, je te laisse la tienne. Nous sommes quittes. Retourne dans ton camp et je resterai dans le mien.
    —    Tu es un ennemi de Dieu et je te traiterai comme tel, rétorqua-t-il. Sache que si nos routes se croisent à nouveau, je te tuerai.
    Du menton, je désignai le croisé qui gisait toujours sur le sol, assommé.
    —    Celui-là est encore vivant. Prends-le avec toi.
    Evrart acquiesça de la tête et, se drapant dans ce qui lui restait de dignité, se dirigea vers son soldat, qui commençait à remuer. Il s’accroupit près de lui, lui murmura quelques mots, le saisit sous les aisselles et l’aida à se relever. Le heaume de l’homme tomba, révélant une longue crinière grise et une barbe fournie. Le seigneur de Nanteroi passa un des bras du blessé sur son épaule et, aidant de son mieux l’homme titubant et à demi conscient, pivota sur lui-même, prêt à repartir.
    J’eus l’impression que mon sang se figeait dans mes veines. L’homme qu’il soutenait était Bertrand de Montbard.
    En le voyant là, devant moi, je réalisai à quel point il m’avait manqué. J’éprouvais aussi une certaine honte à l’idée que je me retrouvais dans le camp opposé à celui de mon maître. Quelle serait sa réaction ? Je le décevrais certes encore. Allait-il me mépriser ? Me renier ? Ta conscience t’accompagnera et te tourmentera sans cesse, m’avait prévenu Métatron. Il avait raison. Elle se tenait debout devant moi.
    —    Maître ! m’écriai-je malgré moi, en accourant vers lui comme un garçon vers un père retrouvé.
    Sonné, Montbard secoua la tête et releva vers moi son œil valide. Du sang mouillait ses cheveux et coulait sur sa joue droite, masquant partiellement la cicatrice qui le défigurait. Le coup qu’il

Weitere Kostenlose Bücher