Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
plupart des feux furent éteints sans trop de mal, mais deux petits appentis furent consumés et le corps de logis y perdit la moitié de sa toiture.
    Après cette attaque, plusieurs heures s’écoulèrent sans qu’il se produise rien. J’étais appuyé au rempart lorsque je sentis qu’on me tirait la manche.
    —    Gondemar, murmura la voix d’Ugolin dans le noir. Des croisés s’agitent au pied de la muraille. Nous avons entendu quelques tintements de métal.
    —    L’huile bouillante est prête ? chuchotai-je.
    —    Elle est déjà dans les vasques et les vieillards sont en place, répondit-il, un sourire dans la voix. Ces vieux bougres sont impatients d’en découdre.
    —    Donnons-leur-en la chance, alors.
    Sur le bout des pieds, je suivis le colosse le long de la muraille. Je posai doucement une main sur l’épaule de chacun des vieux et leur murmurai à l’oreille de se tenir prêts. Ugolin en fit autant avec les archers. Lorsque tous furent avertis, je m’immobilisai et savourai un peu le moment.
    —    Maintenant ! criai-je, ma voix fendant la nuit.
    Des hurlements d’agonie montèrent de l’extérieur des remparts. Les vasques vides furent remplies par les assistants qui attendaient avec des chaudières et une nouvelle cascade d’huile bouillante s’abattit sur les croisés.
    —    Les archers ! ordonnai-je.
    Pour la première fois depuis l’arrivée de l’ennemi, Cabaret passa à l’attaque. Trop heureux d’agir enfin, nos archers firent pleuvoir leurs projectiles au hasard. Les cris des croisés qui n’avaient pas été ébouillantés leur apportèrent une satisfaction compréhensible.
    Pendant le reste de la nuit, le silence ne fut brisé que par les gémissements de plus en plus faibles des croisés qui agonisaient au pied de la muraille. Au matin, nous y vîmes des dizaines de cadavres enchevêtrés. Tous étaient boursouflés de brûlures et avaient dû vivre une mort atroce. Pour toute sépulture, ils eurent droit à l’urine et aux excréments que nos hommes prirent plaisir à répandre sur eux. Les croisés en conçurent sans doute une grande rage. Pierre Roger, pour sa part, trouva la chose fort drôle et je fus à peine surpris lorsqu’il se joignit aux autres pour arroser joyeusement les dépouilles.
    La journée du lendemain se passa dans le calme. Les croisés échaudés se tenaient à bonne distance et nous nous observions comme des chiens enragés. Après deux jours de veille, je m’étais autorisé à dormir quelques heures, enroulé dans une couverture contre un mur de pierre, laissant l’ordre strict de me réveiller à la moindre alerte. Ce fut la main de Landric sur mon épaule qui me tira du sommeil.
    —    Gondemar. Il se passe quelque chose. Écoute.
    Je tendis l’oreille. Au loin, des cris et des hurlements montèrent dans le noir. Avant que je puisse formuler la moindre interrogation, Pierre Roger fut à nos côtés.
    —    Ce salopard a décidé de se venger sur les quelques habitants de Lastours qui sont restés dans leurs maisons, expliqua-t-il d’un ton rageur.
    Les cris se turent en quelques minutes et furent remplacés par un lourd silence. Au loin, la nuit fut éclairée par le rougeoiement des flammes. Je désignai le tout du menton.
    —    Ils incendient les maisons, dis-je.
    Nous passâmes d’interminables moments d’impuissance à regarder les feux prendre de l’ampleur jusqu’à éclairer nos visages défaits. L’image des innocents qui rôtissaient peut-être dans leurs masures en flammes me rappelait l’église de Rossal remplie des serfs. Autour de moi, les soldats serraient les poings et juraient de venger cette atrocité. L’envie d’en découdre me démangeait, moi aussi, mais j’avais déterminé que la victoire dépendait de notre capacité à demeurer à l’intérieur des fortifications et je n’avais aucune intention de déroger à ce principe.
    Un craquement nous fit tous sursauter. Les archers tirèrent aussitôt dans toutes les directions et un cri retentit bientôt. Un seul. Puis un bruit sourd résonna sur notre gauche. À tâtons, trois ou quatre hommes se mirent à chercher ce qu’on avait bien pu lancer ainsi. Après quelques instants, l’un d’eux m’apporta un sac de toile. Je le saisis et fus surpris de le trouver humide. J’y introduisis la main et sentis quelque chose de dur. Mes doigts se refermèrent sur une substance soyeuse et je sortis l’objet du sac.
    Dans la

Weitere Kostenlose Bücher