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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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respiration était saccadée. Pernelle acheva de déchirer sa chemise ensanglantée et, d’une main experte, palpa la plaie béante. Elle inspira de l’air entre ses dents et grimaça.
    —    C’est grave ? m’enquis-je, l’inquiétude me brûlant les entrailles.
    —    Il est en train de se chier les intestins par le nombril, rétorqua-t-elle sèchement sans se retourner.
    Je sentis une chape glacée se poser sur moi et l’angoisse me serrer les boyaux. N’avais-je retrouvé Montbard que pour le regarder mourir déçu de moi ? Dieu m’en voulait-il à ce point ?
    —    Tu peux le sauver ?
    —    Je ferai de mon mieux. Ce genre de blessure se corrompt souvent.
    D’un geste rempli d’urgence, elle désigna son coffre, qui était posé dans un coin.
    —    Donne-moi ma trousse.
    Je lui obéis, l’ouvris et la posai près d’elle. Elle en sortit une bouteille dont elle arracha le bouchon de liège avec ses dents avant de le cracher par terre.
    —    De l’esprit de vin, m’informa-t-elle. Pour chasser les animalcules. Tenez-le. S’il se met à gigoter, il va s’expulser les entrailles.
    Je le saisis par les épaules et le maintins solidement en place. Ugolin lui empoigna les cuisses et fit de même. Pernelle répandit le liquide clair sur la plaie de Montbard. Même inconscient, mon maître grogna et se crispa. Elle posa la bouteille à ses pieds, saisit un chiffon, épongea la blessure puis la toucha délicatement en examinant l’intérieur d’un œil critique. Les sourcils froncés, elle releva la tête et sentit le bout de ses doigts. Elle avait l’air insatisfait.
    —    Le coup lui a percé les tripes. Ce n’est rien de bon. Sa merde va se répandre dans sa panse et y fermenter.
    —    Tu peux faire quelque chose ?
    —    Le nettoyer et le recoudre. Rien de plus.
    Elle fouilla dans son coffre et en sortit une bouteille de vin, une aiguille très fine et une balle de fil de coton. Elle me tendit la bouteille.
    —    Fais-lui boire ceci.
    —    Combien de gorgées ? demandai-je en approchant le goulot des lèvres de Montbard.
    —    Tout. Plus il sera ivre, mieux ce sera.
    J’ouvris la bouche de mon maître et la remplis de vin. Il avala un peu, s’étouffa et en recracha la moitié dans sa barbe.
    —    Bougre d’entêté, grognai-je, les dents serrées. Tu vas avaler, oui ?
    Je lui fourrai le goulot dans le fond de la gorge et renversai la bouteille. À ma satisfaction, elle se vida. Pendant ce temps, Pernelle avait enfilé un fil dans le chas d’une aiguille. Elle regarda la plaie et se mordit les lèvres.
    —    Tenez-le bien. Il ne doit pas bouger. Ça va lui faire un mal de tous les diables.
    Ugolin et moi le maintînmes en place. Pernelle enfonça les doigts dans la plaie, y farfouilla un peu malgré les gémissements de son patient et en extirpa un bout d’intestin perforé. Elle le pressa et des excréments sortirent par le trou. Aux pieds de Montbard, Ugolin émit un petit couinement. Ses yeux se révulsèrent et, à ma grande surprise, il s’écroula sur le sol.
    —    Grosse femmelette, marmonna Pernelle. Tourner de l’œil à la vue du premier bout de tripe. Et ça se dit soldat. Bon, enfin. Tiens-le tout seul.
    Elle se mit à coudre l’intestin de petits points presque élégants. Elle travaillait avec une lenteur désespérante.
    —    La chair des tripes est fragile lorsqu’on la perce, m’expliqua-t-elle quand je lui en fis la remarque. Si je la déchire, je ne serai guère plus avancée.
    Il lui fallut une bonne quinzaine de minutes pour en finir. Elle enfonça à nouveau les doigts dans la blessure et y farfouilla quelques instants avant de les retirer. Puis, satisfaite, elle repoussa les tripes recousues à l’intérieur.
    —    Je crois que c’était la seule rupture. Il est chanceux. S’il avait été plus fendu que ça, je n’aurais rien pu faire. Qui est-il ? Tu le connais ?
    —    Bertrand de Montbard.
    Stupéfaite, Pernelle releva brusquement la tête. Puis elle dévisagea son patient.
    —    Par Dieu, c’est lui. Il a beaucoup vieilli.
    Elle se remit au travail et sutura l’abdomen fendu du templier.
    —    Ce diable d’homme a une panse de fer, remarqua-t-elle. C’est sans doute pour cela qu’il est encore en vie. Ses muscles ont retenu les tripes à l’intérieur. Tout cet entraînement aura donné quelque chose.
    Lorsqu’elle eut terminé, elle sortit de sa trousse un

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