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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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moitié rempli d’un liquide verdâtre et allait s’éloigner, en colère, lorsque Montbard lui saisit le poignet au passage. Il la dévisagea, l’air grave et les lèvres pincées.
    —    Merci, Pernelle. Je te dois la vie. Dieu a voulu que nos routes se recroisent.
    —    Dieu a voulu me punir pour mes péchés, oui, vieux gredin ! rétorqua mon amie en dégageant son bras de l’emprise de son irascible patient.
    Elle le dévisagea à son tour et s’adoucit.
    —    De rien. Je suis heureuse de vous revoir, moi aussi, sieur de Montbard. Maintenant, mangez ! Au moins, votre bouche sera occupée à quelque chose d’utile.
    Pernelle se dirigea vers un autre patient. Je m’assis sur le bord du lit de mon maître.
    —    Devrai-je vous nourrir comme un enfançon ou serez-vous raisonnable ? m’enquis-je, amusé.
    —    Mrrrph. grommela le templier avant de porter une cuillérée à sa bouche en grimaçant. Par le cul du Diable. Une année de ma vie pour un morceau de viande.
    —    Ne les bradez pas trop facilement. Il ne vous en reste plus tant que ça.
    —    Dans une semaine, je pourrai te donner la fessée comme je l’ai toujours fait, gamin.
    —    Nous verrons cela !
    Je l’observai d’un œil critique pendant qu’il terminait son bouillon en grimaçant à chaque cuillérée. Il avait perdu un peu de poids, mais paraissait en bonne forme pour quelqu’un qui avait frôlé la mort quelques jours plus tôt. Lorsqu’il eut fini, il posa le bol sur le sol et je lui tendis le gobelet. Le templier respira bruyamment et avala le liquide.
    —    Bordel de Dieu ! Cette bougresse ne m’a gardé en vie que pour me torturer ! toussa-t-il en me tendant le gobelet vide.
    Il me regarda un moment de son œil perçant. Nous nous connaissions depuis si longtemps que je sus à quoi il pensait. Tel un bambin, je me tortillai les doigts avec embarras.
    —    Sieur de Montbard... Au sujet de ma présence parmi les cathares.
    Il se laissa descendre un peu dans le lit, posa la tête contre les coussins et ferma les yeux. Les rides de son visage étaient creusées et des cernes bleutés soulignaient ses yeux.
    —    Pas maintenant. Je suis un peu fatigué et mon ventre me fait un mal de tous les diables, dit-il d’une voix traînante. Laisse-moi dormir, veux-tu ? Mais n’oublie surtout pas de revenir me voir. Nous avons à parler.
    Rongé par la conviction de l’avoir déçu, je remontai la couverture jusqu’à son menton et ne pus m’empêcher de lisser ses cheveux.
    —    Cesse de me caresser comme une nourrice, grommela-t-il, à moitié endormi. Je ne suis ni éclopé, ni gâteux, ni femmelette.
    À compter du lendemain, les choses prirent une tournure nouvelle qui m’empêcha de visiter Montbard pendant plusieurs jours. Je calmai mon sentiment de culpabilité en me disant qu’il était entre les mains compétentes de Pernelle et qu’il guérissait bien.
    Nos espions nous rapportaient que Montfort avait repris ses exactions dans les campagnes, ses hommes torturant et tuant tous les cathares qu’ils trouvaient. Nous apprîmes aussi que les renforts du Nord étaient en route et qu’ils seraient à Carcassonne dans quelques semaines. Mais tout plan d’investir Cabaret était abandonné pour l’instant.
    — M’est avis que si ces couards n’osent plus s’approcher de Cabaret, Cabaret devrait aller à eux ! s’était exclamé Pierre Roger, avec un sourire carnassier, après une rencontre avec un de ses agents. Gondemar, les hommes piaffent d’en découdre. Il vaudrait mieux canaliser leur énergie. Qu’en penses-tu ? Pourrions-nous trouver une façon d’empoisonner un peu la vie des croisés ?
    —    Ça pourrait s’arranger, oui. Si tu n’es pas trop ambitieux.
    Ensemble, nous conçûmes un plan visant à harceler les
    patrouilles croisées et organisâmes une petite unité d’élite pour laquelle je réquisitionnai tous les chevaux de la forteresse. À vingt-cinq hommes, nous entreprîmes de nous glisser à intervalles réguliers hors de Cabaret et, guidés par nos informateurs, de tendre des embuscades aux patrouilles croisées. Au fil de nos attaques éclairs, nous abattîmes ainsi plusieurs dizaines d’ennemis. Monté sur Sauvage, qui réagissait à mes moindres volontés, j’y participai avec enthousiasme, me vengeant de ma destinée sur chaque malheureux adversaire qui se retrouvait devant moi. Chaque succès, si petit fût-il, contribuait à

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