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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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très conscient des dizaines de flèches pointées sur moi du haut des remparts. Je viens de Cabaret et je conduis ces Parfaits à Montségur, à la demande de Guilhabert de Castres. Nous désirons nous reposer et soigner nos blessés avant de poursuivre notre route.
    La sentinelle se contenta de se retourner et de donner un ordre à une autre qui déguerpit aussitôt. Nous restâmes là à attendre jusqu’à ce qu’un homme trapu aux cheveux frisés et grisonnants et à la panse rebondie se présente sur le chemin de ronde.
    —    Qui êtes-vous ? demanda-t-il à son tour, les mains en porte-voix.
    Je répétai mon boniment, un peu impatienté.
    —    Je ne connais aucun Gondemar de Rossal. Passez votre chemin ! rétorqua l’individu.
    Dame Esclarmonde, qui était derrière moi avec Montbard, fit claquer la bride de sa monture et vint se placer à mes côtés.
    —    Ma présence te suffit-elle, mon bon Guillaume ? demanda-t-elle amusée.
    Au sommet de la muraille, j’eus la nette impression que la face de l’homme avait blanchi de quelques tons.
    —    Da. dame Esclarmonde ? balbutia-t-il. Je vous demande pardon. Je. je ne vous avais pas vue.
    Il se retourna vers ses hommes et se mit à gesticuler.
    —    Ouvrez à dame Esclarmonde, vous autres ! Plus vite que ça !
    S’ensuivit un grand brouhaha derrière la muraille. L’étroite porte en ogive fut ouverte par un soldat qui s’écarta obséquieusement. Je laissai passer Esclarmonde, qui hocha dignement la tête pour me remercier de ma galanterie. Nous fûmes accueillis par le petit homme qui était descendu de son perchoir à toute vitesse et qui haletait maintenant, le visage rougi par l’effort. Il se laissa tomber à genoux devant la Parfaite et inclina la tête.
    —    Bonne dame, donne-moi ta bénédiction et celle de Dieu, demanda-t-il.
    Essayant de ne pas me faire remarquer, je m’éloignai pour éviter que ma gorge ne se déchire trop et que la douleur me rappelle encore une fois que j’étais maudit. De loin, j’aperçus Pernelle dans la foule. Elle m’adressait un regard intrigué. Lorsque le rituel fut terminé, nous entrâmes. La gorge animée de pulsations sourdes, mais endurables, j’observai l’intérieur de la forteresse et fus étonné de ses dimensions. Elle devait bien faire cent cinquante toises de long. Sur ma gauche se dressait une église et, un peu plus loin, une tour de guet ronde. Tout autour, la muraille était massive et, à son sommet, des sentinelles disposées à intervalles réguliers surveillaient l’horizon.
    Dame Esclarmonde fit les présentations d’usage et j’appris que le petit homme rondelet était Guillaume de Peyrepertuse, seigneur des lieux. Elle lui résuma notre situation et celui-ci décréta que nous devions absolument profiter de la sécurité de la forteresse pour refaire nos forces. Il fut sincèrement contrit de ne pas pouvoir nous donner quelques soldats pour accroître nos forces, la menace croisée exigeant qu’il les garde tous sur place. Nous fûmes installés dans un corps de garde où Parfaits et soldats furent heureux de se reposer enfin et où ceux qui en avaient besoin furent soignés. Nos montures furent conduites à l’étable pour être nourries et étrillées par les écuyers de l’endroit.
    Montbard et moi prîmes quelques minutes pour nous débarbouiller et revêtir des chemises propres qu’on nous avait apportées par ordre du seigneur. Nous visitâmes ensuite la forteresse avant de revenir au corps de logis nous étendre un peu. Plus tard, nous fûmes reçus à la table du seigneur. Autour d’un brouet de chapon pour les gens de guerre et d’un bouillon de chou pour les Parfaits, le tout accompagné d’un vin léger coupé d’eau, nous l’interrogeâmes sur les développements récents.
    Tel que je l’anticipais, les nouvelles étaient mauvaises. Aux dires de messagers arrivés deux jours plus tôt, le siège de Minerve avait pris une sombre tournure. La Malvoisine était en fonction et ses bombardements étaient incessants. Les pierres qu’elle faisait s’abattre sur la forteresse causaient de terribles dégâts. Dans un geste désespéré, un groupe d’assiégés avait tenté d’incendier la machine maudite en l’enduisant de goudron et en y mettant le feu, mais les croisés étaient parvenus à la sauver. La citerne était maintenant réduite en pièces et l’eau potable manquait. La soif et la maladie s’étaient installées dans la

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