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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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population. Les Minervois en étaient réduits à jeter chaque nuit leurs cadavres par-dessus la muraille pour prévenir la pestilence tout en espérant contaminer l’ennemi. La forteresse ne tiendrait plus longtemps.
    — Ensuite, déclara Guillaume, les croisés seront libres de jeter leur dévolu sur les autres. Bientôt, Cabaret, Termes, Les Cassès, Castres, Pamiers, Albi, Lavaur, Puylaurens et les autres capituleront ou tomberont. L’avenir s’annonce mal.
    Nous passâmes quelques jours à nous reposer et à participer aux entraînements des hommes de Peyrepertuse. Puis nous reprîmes la route. Nos chevaux bien reposés et nourris, nos armes effilées et huilées, nos besaces remplies de provisions, des vêtements neufs sur le dos, nous mîmes le cap sur Quéribus, dernière étape avant notre destination finale. Sans doute déchiré par la culpabilité de ne pouvoir contribuer à notre sécurité, sire Guillaume avait dépêché deux cavaliers pour annoncer notre arrivée prochaine.
    Ne craignant plus la présence de croisés, nous voyageâmes de jour, ce qui facilita grandement notre progression. Le terrain était devenu montagneux et le voyage fut ardu, mais tranquille. Nous ne rencontrâmes que des patrouilles locales qui eurent tôt fait de nous laisser passer. Il nous fallut huit jours pour parvenir à Quéribus dans les dernières lueurs du jour. Durant tout le périple, Pernelle resta encore loin de moi et je résolus de lui laisser l’espace dont elle avait besoin pour faire la paix avec les souvenirs que la rencontre d’Onfroi avait ravivés.
    De toutes les forteresses cathares que j’avais vues, nulle n’était plus impressionnante que celle-là. Du pied de la montagne, il fallait se casser le cou vers l’arrière pour bien l’apercevoir tellement elle était haut perchée. On aurait dit un nid d’aigle. Le sentier qui y menait était si abrupt que nous dûmes descendre de cheval et y tirer nos bêtes récalcitrantes par la bride. Les cavaliers de sire Guillaume ayant bien rempli leur office, nous étions attendus et on nous ouvrit sans ergoter.
    Un tout jeune homme se présenta encadré de deux gardes. Il avait tout au plus dix-sept ou dix-huit ans, mais l’air austère de quelqu’un de beaucoup plus vieux. Hautain, il m’ignora complètement pour arrêter son regard sur dame Esclarmonde.
    — Dame Esclarmonde, soyez la bienvenue, dit-il avec formalité, d’une voix pas tout à fait sortie de l’enfance.
    Puis il s’agenouilla et demanda une bénédiction qui lui fut accordée. Cette fois, je ne pus m’échapper à temps et je dus endurer la douleur dans ma gorge. Je sentis des sueurs froides me couler sur le visage et mouiller ma chemise. Pendant un instant, des points multicolores scintillèrent devant mes yeux et ma vision s’obscurcit. Je dus m’accrocher à la bride de Sauvage pour ne pas défaillir, espérant que mon malaise ne soit pas remarqué. Ce ne fut que lorsque le jeune homme se releva qu’il consentit enfin à reconnaître ma présence.
    —    Je suis Chabert de Barbeira, seigneur de Quéribus.
    —    Gondemar de Rossal, râlai-je.
    —    Vous êtes autorisés à passer la nuit, dit-il sèchement. Le repas du soir vous sera porté. Demain, à l’aube, vous reprendrez votre chemin. Vous serez approvisionnés pour le voyage et vos bêtes seront nourries.
    Il désigna un soldat qui semblait attendre, en retrait.
    —    Cet homme va vous conduire à votre logis.
    Il dévisagea Esclarmonde pendant une seconde et j’eus l’impression qu’un message silencieux passait entre les deux. Elle hocha imperceptiblement la tête. Chabert tourna les talons et repartit.
    —    Suivez-moi, ordonna le soldat.
    Pendant que nous lui emboîtions le pas, nos chevaux furent pris en charge par une armée de palefreniers et conduits à l’étable.
    —    Tu es pâle comme un mort, observa Montbard. Tu es malade ?
    —    Ça ira, répondis-je, la voix déjà à demi rétablie.
    Mon maître me gratifia de ce regard inquisiteur qui m’avait toujours intimidé et qui me faisait savoir qu’il ne me croyait pas, mais il n’ajouta rien. En route, nous constatâmes aisément que l’intérieur de la forteresse était à la hauteur de l’extérieur. En tous points, Quéribus était une merveille de construction. Répartie sur plusieurs paliers, chacun dominant le précédent, elle se composait de trois enceintes successives dont les deux intérieures ne pouvaient

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