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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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être franchies que par une porte lourdement fortifiée. En cours de route, j’aperçus une citerne de pierre dans la seconde enceinte, puis une autre encore dans la troisième, de sorte que même si elle devait s’y retrancher, la population ne serait pas assoiffée. L’enceinte intérieure était dominée par un impressionnant donjon dont le sommet semblait toucher les nuages. C’est aussi là que se trouvait le corps de logis dans lequel nous allions passer la nuit.
    —    Voilà. Il y a des lits pour tout le monde. Les Parfaits et les soldats peuvent dormir dans les deux salles communes. Pour les officiers, il y a une petite chambre avec trois paillasses. Sur ordre de sire Chabert, vous devez demeurer dans l’enceinte intérieure. Demain matin, quelqu’un viendra vous chercher.
    Il s’en fut sans autre cérémonie. Montbard et moi nous regardâmes, interdits.
    —    Ils ne sont pas très accueillants, les bons chrétiens de Quéribus, remarqua mon maître en faisant la moue. Un peu plus et je me sentirais indésirable.
    —    En effet. J’ai l’impression qu’on préférerait nous savoir ailleurs.
    —    En attendant, que dirais-tu de grimper au sommet de cette merveille avant que le soleil ne se couche ? suggéra-t-il en désignant le donjon.
    —    Je pensais à la même chose.
    Nous laissâmes Ugolin derrière nous avec instruction de voir à installer notre monde et traversâmes le terrain en pente de la cour intérieure vers le donjon. Nous nous engageâmes dans l’escalier de pierre tout juste assez large pour un seul homme.
    Une fois au sommet, nous devions être à près de quatre cents toises du fond de la vallée, où un village paraissait si minuscule qu’il me faisait penser à une fourmilière. La vue vertigineuse nous saisissait tant que nous ne sentions pas le vent glacial qui faisait voler nos cheveux dans toutes les directions. J’eus la certitude que cet endroit était imprenable et qu’il serait encore aux mains des cathares dans cent ans. Nous regardâmes le soleil se coucher et baigner de ses derniers rayons roses et mauves la vallée tout en bas. Il faisait presque nuit et nous allions redescendre lorsque Montbard fronça les sourcils et plissa les yeux.
    —    Par le cul velu du diable. murmura-t-il. Ai-je la berlue ?
    Je suivis la direction de son regard et, l’espace d’un instant,
    j’eus l’impression d’apercevoir, dans la seconde enceinte, des silhouettes vêtues de blanc. Puis, tels des fantômes dans la nuit, elles disparurent derrière un bâtiment. Quand je me retournai vers mon maître, il dévalait l’escalier de pierre à toutes jambes. Sans comprendre ce qui se passait, je m’élançai à sa suite. Il dévala les marches trois par trois, possédé par je ne savais quel démon. Lorsqu’il parvint au bas du donjon, il courut vers la muraille de la troisième enceinte et je ne parvins à le suivre que grâce au bruit de ses pas alors qu’il se fondait dans la nuit. Je le rattrapai enfin lorsqu’il s’arrêta près du mur.
    —    Mais qu’est-ce qui vous prend, ventredieu ? chuchotai-je. Vous avez perdu l’esprit ? On dirait qu’on vous a mis le feu au cul.
    —    Je dois sortir d’ici immédiatement, répondit-il d’un ton urgent.
    —    Mais.
    —    Le gros des sentinelles est assurément posté sur la première muraille. Si tu peux arriver à rester coi une seule minute, nous en aurons le cœur net.
    Nous nous collâmes le dos à la pierre froide. Décontenancé, je me fis violence pour me rappeler que ce vieux guerrier ne faisait jamais rien à la légère. Sachant qu’il serait plus facile de raisonner un sanglier enragé, je me tus et attendis. Après quelques minutes, des pas s’approchèrent sur le chemin de ronde et firent une pause juste au-dessus de nous. Puis le garde poursuivit et s’éloigna, nous laissant seuls. Montbard se dirigea vers la porte renforcée de fer et trouva la poutre transversale qui la gardait fermée. Malgré son poids considérable, il la souleva sans trop d’effort, la posa sur le sol au pied de la muraille et ouvrit. Lorsque nous eûmes franchi la porte, il la tira vers lui pour la refermer.
    —    Et la poutre ? demandai-je. Elle est restée par terre. On va la voir.
    —    Pas dans cette noirceur. Et nous ne resterons pas longtemps. Allez, cesse de caqueter et viens, bougre de femmelette inquiète.
    Nous étions maintenant dans la seconde enceinte. Nous prîmes

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