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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sur la droite et, aux aguets, avançâmes dans le noir. Sans trop savoir pourquoi, je me sentais soudain très vulnérable et posai la main sur la poignée de mon épée. Montbard semblait savoir exactement où il allait. Il marcha vers la citerne qui jouxtait la muraille et la contourna. Derrière se trouvait un petit bâtiment au toit bas dont les fenêtres étaient éclairées. Il s’approcha et me fit signe d’être silencieux. Des voix étouffées nous parvinrent. Mon maître se dirigea vers la modeste porte de bois un peu bancale et l’ouvrit d’un violent coup de pied.
    À l’intérieur, trois têtes se retournèrent brusquement, trois hommes se levèrent et trois épées furent tirées d’un même geste.
    — Salutations, mes frères, dit calmement Montbard.
    Les trois inconnus portaient une cotte de mailles sous un manteau d’un blanc immaculé qui leur descendait au-dessous du genou. Sur l’épaule gauche était brodée une petite croix pattée d’un rouge sang. Les cheveux à la nuque et la barbe longue, ils nous toisaient de ce regard dénué d’émotion que seuls possèdent les hommes d’armes pour qui la peur est une étrangère indésirable. L’un d’eux, les cheveux gris et le visage raviné, était sensiblement du même âge que mon maître alors que les deux autres étaient un peu plus âgés que moi. L’un était blond comme les blés avec un air de jouvenceau alors que l’autre avait la chevelure et le regard du corbeau. Les deux gaillards étaient grands et solides. Des templiers. Que faisaient des chevaliers de la Milice du Christ dans une forteresse cathare ? N’étaient-ils pas soumis au pape ? Avaient-ils changé de camp ? Ou avaient-ils infiltré Quéribus pour préparer une attaque ? Devais-je donner l’alarme ?
    Je n’étais pas au bout de mes surprises. Sur un signe du plus vieux, les deux autres remirent leur épée au fourreau. Ils s’écartèrent, révélant la présence d’une quatrième personne. Esclarmonde de Foix. Drapée dans sa robe noire, elle était restée assise sur un tabouret, en apparence tout à fait sereine. Je compris que c’était elle que les templiers avaient voulu protéger. Interdit, je ne savais que penser. Que faisaient ces chevaliers du Temple en compagnie d’une des plus importantes prêtresses hérétiques ? Que faisait une Parfaite avec des soldats chrétiens alors que les forteresses cathares tombaient une à une devant les croisés ? Était-elle en train de trahir sa cause ? Je jetai un coup d’œil vers Montbard et, à son expression, je compris que les mêmes questions lui traversaient la cervelle.
    Les templiers se rassirent sur les tabourets qu’ils occupaient avant que nous surgissions, encadrant la Parfaite telle une garde rapprochée.
    —    Dame Esclarmonde, dit mon maître d’une voix qu’il peinait à garder neutre malgré son étonnement. Vous voilà en admirable, mais étonnante compagnie.
    Il dévisagea les trois templiers et inclina la tête.
    —    Je suis Bertrand de Montbard, parent d’André de Montbard, cinquième Magister Templi de l’Ordre. J’ai été initié à la com-manderie de Pézenas en l’an de Notre Seigneur 1181. J’ai servi en Terre sainte sous les magistères d’Arnaud de Toroge et de Gérard de Ridefort.
    Le plus âgé des templiers leva la main, l’air hautain.
    —    Nous savons qui tu es, mon frère.
    —    Sire Bertrand. Entrez donc, puisque vous voilà ici, intervint Esclarmonde en l’invitant d’un geste.
    Montbard passa le seuil et entra. Je m’engageai pour le suivre.
    —    Pas lui, s’interposa le vieux templier.
    Esclarmonde hocha la tête et s’adressa à un des deux jeunes moines-soldats.
    —    Eudes, reconduis sire Gondemar à l’extérieur et garde bien la porte.
    L’homme se leva et obéit sans discuter, comme s’il allait de soi pour un templier de recevoir des ordres d’une cathare. Avec fermeté, il me prit par le coude et me poussa vers la porte. Montbard m’arrêta au passage.
    —    Nous nous reparlerons demain matin, me dit-il, l’air préoccupé.
    —    J’y compte bien, grognai-je.
    C’est ainsi que je fus expulsé comme un manant de cette étonnante rencontre. La porte fut refermée à mon nez et sire Eudes se planta devant, droit comme un chêne et la main sur le manche de son épée dans un geste sans équivoque. Je haussai les épaules avec une feinte indifférence, espérant masquer mon humiliation, me sentant comme

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