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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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mégère. Mets-toi en garde au lieu de poser des questions inutiles.
    Les heures qui suivirent furent un tourbillon de coups qui me résonnaient jusque dans les os et de parades désespérées, le tout entrecoupé d’une avalanche d’insultes cruelles qui m’atteignaient droit au cœur et de directives contradictoires. Au fil des volées et des coups, je réalisai que Montbard cherchait bien plus à briser mon caractère qu’à me former. Les pauses me parurent de plus en plus courtes à mesure que l’épuisement me gagnait. Lorsque le repas du midi arriva enfin, il posa son arme contre une poutre. Après des heures d’effort soutenu, l’homme n’était même pas essoufflé et aucune sueur ne perlait à son front. Adossé à une stalle, haletant, transpirant dans ma chemise collée à ma peau, j’attendis.
    —    Ça suffira pour aujourd’hui. Demain matin, même heure.
    —    Non, osai-je dire. Je souhaite me reposer. Nous reprendrons le jour d’après.
    Montbard s’approcha de moi jusqu’à ce que son nez frôle le mien et m’empoigna par la chemise. Sa lèvre déformée lui donnait un air cruel.
    —    Tes souhaits m’indiffèrent, me cracha-t-il au visage. Nous recommencerons demain et tous les autres jours que Dieu voudra bien t’accorder, jusqu’à ce que je sois satisfait de toi. Lorsque tous tes muscles seront en feu et que tu croiras que tes bras sont en passe de se détacher de tes épaules, tu manieras encore ton arme. Tu t’entraîneras jusqu’à implorer le Diable lui-même d’abréger ta misère. Mais il ne pourra rien pour toi. Tu appartiens à Bertrand de Montbard. Personne d’autre. Même ton père ne te sauvera pas. Tu as compris ?
    —    Oo-oui, bégayai-je, terrifié.
    De la tête, il désigna mon épée.
    —    Assure-toi de l’affiler et de la huiler tous les soirs. Traite-la avec plus d’égards que l’entrejambe d’une mignonne. On ne laisse pas son arme dépérir. On ne sait jamais quand on en aura besoin.
    Sans rien dire, je me dirigeai d’un pas traînant vers la porte. Je l’ouvris et j’allais la franchir lorsque la voix de Montbard tonna.
    —    Gondemar de Rossal !
    Je m’arrêtai net. Interdit, je tournai la tête. Les poings sur les hanches, la tête penchée vers l’avant, une lumière menaçante brillant dans son œil valide, il me toisait d’un air mauvais.
    —    Petit seigneur ou pas, on ne prend jamais congé de son maître d’armes sans le remercier pour la leçon reçue. N’oublie pas qu’il tient tes génitoires dans sa main et qu’il peut les serrer autant que bon lui semble.
    —    Merci pour la leçon, sieur de Montbard, dis-je en m’inclinant docilement.
    —    Voilà qui est mieux. Maintenant, va.
    Lorsque je sortis, je sentis son regard qui me brûlait entre les omoplates. Fourbu, je titubai jusqu’au manoir. Mes épaules, mes bras et mon dos étaient si endoloris que je n’imaginais pas qu’ils puissent un jour bouger à nouveau normalement. Mes jambes étaient lourdes et percluses de crampes qui me faisaient marcher comme une oie. Mon orgueil me faisait plus mal encore. De retour au manoir, je passai devant ma mère sans rien dire et m’effondrai dans mon lit. Je ne m’éveillai qu’au repas du soir, que j’engloutis comme s’il s’agissait de mon dernier, pour ensuite affiler et polir mon épée. Mon père n’eut pas à s’enquérir du déroulement de ma première journée d’entraînement. Mon état et mon regard hagard l’en informèrent amplement.
    Ce jour-là, Bertrand de Montbard était entré dans ma vie tel un ouragan. Il en dominerait désormais chaque minute.

Chapitre 5 La maturité
    Les premiers mois de mon entraînement se déroulèrent dans un état de constante hébétude entre des heures d’effort intense et le temps passé à tenter d’en récupérer. Mais peu à peu, mon corps s’habitua au rythme infernal imposé par Bertrand de Montbard et, à mesure qu’augmentait ma résistance, j’y découvris un plaisir certain.
    L’interminable succession de séances toujours plus rudes en compagnie de cet homme sculpta mon corps. J’étais déjà grand pour mon âge, mais à force de persévérance, de sueur et de douloureuses courbatures, mes muscles se définirent et prirent une ampleur nouvelle. Le maniement incessant des armes rendit mes épaules rondes et massives. Mes avant-bras se strièrent de veines gonflées par le poids de mon épée. Devant constamment me

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