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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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me passa une paire de gants en cuir épais et je les mis docilement. Puis il saisit une des épées et me la lança. Sans y penser, et sans doute un peu aussi pour sauver ma vie, je l’attrapai par le manche. Elle faisait plus de deux coudées de long et était si lourde que je faillis l’échapper. Avant que je ne puisse l’empêcher, sa pointe frappa piteusement le sol.
    —    Au moins, tu as de bons réflexes, grommela Montbard.
    Je ne savais si je devais prendre son commentaire comme un
    compliment ou comme une insulte.
    —    Mais pour l’heure, tu es aussi faible qu’une vieillarde, poursuivit-il en avisant l’arme dont la pointe reposait toujours sur la terre battue. Foutre de Dieu. Mais quel rebut de mamelle m’a-t-on fichu ?
    Cette remarque me laissa dépité et je sentis mes joues s’empourprer. Il ramassa l’autre épée, la prit à deux mains et, avec un impressionnant mélange de force et de dextérité, la fit tournoyer devant lui, traçant de grands huit en la faisant siffler dans les airs.
    —    En garde ! s’écria-t-il lorsqu’il eut terminé.
    Je levai l’épée de mon mieux et la plaçai maladroitement devant moi. De quelques pas vifs, il franchit la distance qui nous séparait et se retrouva face à moi, son arme brandie tout près de mon nez sans que j’aie pu bouger la mienne.
    —    Putain de Dieu ! Mais qu’attends-tu ? Que ta mère vienne te défendre ? On ne reste jamais les bras ballants devant une épée brandie à moins de vouloir être occis, damoiseau !
    Il balaya mon arme de côté d’un coup sec dont la force me résonna jusqu’à l’épaule.
    —    Mais tiens-la à deux mains, bougre de demi-part ! gronda le maître d’armes. N’as-tu que du chiffon dans les bras ?
    Cet homme semblait décidé à se lancer dans un combat singulier et à me faire sauter la tête. J’obtempérai, de plus en plus nerveux, et brandis mon arme devant moi en tentant d’imiter sa posture. Aussitôt, il m’inonda de directives.
    —    Écarte les jambes ! Sinon tu vas t’emmêler dans tes propres pieds, sot ! Penche le torse vers l’avant ! Ventredieu, ne serre pas ton épée comme si tu voulais l’étouffer, jus de croupion ! Tu as l’air d’une statue de la Vierge ! Un peu de fluidité ! Fais-la bouger.
    Et garde-la devant ton visage, mais n’expose pas ton ventre. Tu vas te faire éviscérer !
    Proche de la panique et profondément blessé dans mon orgueil, je fis de mon mieux pour lui obéir. Il m’observa un moment et corrigea quelques aspects mineurs de ma posture.
    —    C’est un peu mieux. Maintenant, fais-la siffler comme je l’ai fait. Ça te réchauffera la viande.
    Je bandai mes muscles et traçai de mon mieux quelques huit maladroits. Le résultat fut décevant. L’épée à double tranchant était terriblement lourde et j’avais peine à la manier. Il ne fallut qu’une minute pour que mes bras brûlent comme du feu et tremblent piteusement. Le seul sifflement que j’obtins fut celui de mon souffle haletant. Montbard fit la moue et secoua la tête, dépité. Il soupira, haussa les épaules, se dirigea vers une stalle, prit une louche en bois qui trempait dans une chaudière et revint me la tendre.
    —    Bois. Tu es pantelant comme un godelureau à court de semence !
    J’avalai avidement, trop heureux de cacher un peu ma honte derrière l’ustensile.
    —    L’épée templière ne se laisse pas manier par qui le désire, dit-il. C’est elle qui choisit ceux qu’elle protège. Nous finirons bien par faire de toi un homme.
    Je cessai de déglutir, interdit. Avait-il dit « templière » ? Comme tout le monde, j’avais entendu parler des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Le père Prelou m’avait raconté les exploits légendaires des Templiers en Terre sainte. On disait qu’aucune armée ne pouvait rivaliser avec ces terribles moines-soldats et que leur seule apparition suffisait souvent à faire tourner visage à un ennemi plus nombreux. Que la vue du baucent au bout d’une hampe et de la croix pattée rouge sur leur manteau blanc suscitait l’effroi chez l’adversaire. Que leur courage était sans bornes. Ils étaient le bras vengeur de Dieu lui-même et aussi du Pape, son représentant sur terre. Je dévisageai Montbard.
    —    Êtes-vous un templier ? demandai-je, étonné.
    Le maître d’armes releva son épée et fit un sourire qui me glaça le sang.
    —    Tu es curieux comme une

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