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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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était dominée par la terreur viscérale que m’inspirait cet homme et qui me serrait les boyaux comme un étau.
    Je fus debout avant l’aube, le ventre noué, à la fois excité par l’univers inconnu qui m’attendait et réfractaire à l’idée d’obéir à la directive péremptoire émise par cet inconnu qui semblait se prendre pour mon supérieur. Je me demandais comment je devais me vêtir pour ma première séance avec le maître d’armes, détestant me sentir comme une pucelle désireuse de plaire à son damoiseau. Je choisis des braies épaisses et confortables, des chausses de cuir solides et bien formées, et une chemise ample. Ainsi vêtu, je sortis de ma chambre et trouvai ma mère qui m’attendait près de la table dans la cuisine. Les mains jointes sur la poitrine, elle semblait nerveuse et triste. Le visage contrit, les yeux bouffis, elle avait manifestement pleuré. Elle s’approcha de moi et me posa une main sur la joue. Je la repoussai avec brusquerie et elle en fut blessée.
    —    Mon petit. Mon tout petit. Encore hier, tu n’étais qu’un enfantelet, dit-elle en forçant un sourire. Et voilà qu’aujourd’hui, on va t’enseigner comment tuer.
    —    Le sieur de Montbard va m’apprendre à protéger mes terres, comme il se doit, rétorquai-je sèchement.
    —    Le résultat final ne sera-t-il pas le même ?
    —    Tuer pour défendre le bon droit et tuer par plaisir sont deux choses. Sinon, tous les croisés qui se battent en Terre sainte contre les Sarrasins croupiraient en enfer. Mettre fin à la vie d’un brigand ou d’un païen, c’est faire l’œuvre de Dieu.
    Nycaise sourit tristement en secouant la tête.
    —    Pas encore quatorze ans, et déjà tu as réponse à tout. Le père Prelou t’a fait une belle tête. Dommage que tu doives maintenant cesser de t’en servir.
    Elle me dévisagea tristement et se tut. J’attrapai mon manteau et me dirigeai vers l’écurie. Dehors, le soleil se levait et l’air frais était bon. Craignant d’être en retard, je pressai le pas. J’étais le fils du seigneur et, pourtant, je n’osais même pas imaginer désobéir aux ordres du maître d’armes. Tels étaient l’autorité naturelle de cet homme et l’ascendant qu’il exerçait déjà sur moi.
    Lorsque j’entrai, il était là. Autour de lui, dans l’étable, les stalles longeaient les murs, la plupart vides. Seuls s’y trouvaient les chevaux sur lesquels mon père et Montbard étaient revenus la veille. Le poil luisant, ils mâchonnaient placidement le foin qui remplissait leur auge. La monture de mon père, que je chevauchais souvent, me reconnut aussitôt et annonça mon arrivée d’un hennissement enjoué.
    Les poings sur les hanches, les jambes écartées et droit comme un chêne, le maître d’armes me tournait le dos. Il était en chemise et son impressionnante musculature saillait sous le tissu mince. Il avait attaché ses cheveux grisonnants sur sa nuque avec une lanière de cuir. Près de lui, appuyées contre une des colonnes de bois qui soutenait le toit, se trouvaient deux épées. Je m’approchai de lui.
    —    Tu es à l’heure, dit-il de sa voix rauque, sans se retourner. La ponctualité est une vertu que tu as intérêt à entretenir si tu veux que ton entraînement ne soit pas trop pénible.
    —    Je souhaite débuter par le maniement de l’épée, l’informai-je avec hauteur.
    —    Vraiment ?
    Il franchit la distance qui nous séparait avec une agilité déconcertante et m’abattit en plein visage une main droite calleuse et dure comme de la pierre. Sonné, je chancelai et seul l’orgueil m’empêcha de tomber.
    —    En ma compagnie, tu ne souhaites rien. Tu obéis. Compris ? cracha-t-il.
    —    De quelle autorité. ? balbutiai-je, outré d’être ainsi traité.
    Aussitôt, une seconde claque, plus sèche encore que la précédente, me dévissa presque la tête et m’envoya choir sur le cul, les larmes aux yeux et l’oreille qui tintait douloureusement.
    —    Cette autorité est la seule dont j’ai besoin, grommela le maître d’armes d’un ton menaçant en brandissant sa main droite. Si elle ne te suffit pas, je peux aussi invoquer celle de ma senes-tre, qui est aussi convaincante. Maintenant, cesse de pleurnicher comme une femmelette et relève-toi.
    Abasourdi, j’obtempérai.
    —    Ainsi donc, dit-il, messire Gondemar désire apprendre le maniement de l’épée ? Soit.
    Montbard

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