L'Héritage des Templiers
possède pas encore les connaissances suffisantes pour répondre à votre question. Il me faudra consacrer de nombreuses années au service de Dieu avant d’être jugé digne d’apprendre de quelles connaissances dispose réellement l’ordre. Selon moi, et d’après ce que l’on m’a enseigné jusqu’ici, la mort est un état irrévocable. Des milliers de frères templiers sont morts sur le champ de bataille en Terre sainte et aucun d’eux n’a ressuscité.
— L’Église catholique considérerait vos propos comme une hérésie.
— L’Église est une institution créée par l’homme et régie par l’homme. Les pouvoirs que certains peuvent lui prêter sont eux aussi une création humaine. »
Stéphanie décida de tenter le sort. « Que dois-je faire, Geoffrey ?
— Aider votre fils.
— Comment ?
— Il doit mener à bien la tâche entreprise par son père. Nous devons à tout prix empêcher Raymond de Rochefort de s’emparer du legs des Templiers. Le maître a beaucoup insisté sur ce point. Voilà pourquoi il a tout prévu, pourquoi il m’a formé.
— Mark me déteste.
— Il vous adore.
— Qu’en savez-vous ?
— Mon maître me l’a dit.
— Comment pouvait-il en être aussi certain ?
— Mon maître savait tout, insista le jeune homme en tirant une enveloppe scellée de la poche de son pantalon. Il m’a demandé de vous remettre ceci au moment opportun, ajouta-t-il en tendant à Stéphanie la lettre froissée avant de se lever. Le sénéchal et M. Malone se sont rendus à l’église. Je vous laisse. »
Stéphanie apprécia le geste. Qui sait quelles émotions ce message provoquerait en elle ? Aussi attendit-elle que Geoffrey soit entré au salon pour décacheter l’enveloppe.
Madame Nelle, nous ne nous connaissons pas et pourtant j’ai l’impression d’en savoir long à votre sujet ; tout ce que je sais, je le tiens de Lars qui m’a confié ses tourments. Votre fils est différent. Il les garde pour lui, est avare de confidence. À quelques rares occasions, j’ai réussi à en savoir davantage, mais ses émotions ne sont pas aussi transparentes que celles de son père. Peut-être a-t-il hérité ce trait de caractère de sa mère ? Je ne veux pas vous sembler désinvolte en disant cela. Au moment où vous lisez ces lignes, il se produit sans aucun doute des événements graves. Raymond de Rochefort est un homme dangereux. Il est victime d’un aveuglement qui, au fil des siècles, a frappé bien de nos frères templiers. Son obsession l’égare. Votre fils a tenté de lui barrer la route, mais en vain. Malheureusement, Mark n’a pas la volonté nécessaire pour mener à bien ses combats. Se lancer paraît facile, continuer l’est encore plus, mais aller jusqu’au bout s’avère difficile. Ses combats avec vous, avec de Rochefort, avec sa conscience, le paralysent. J’ai pensé que vous réunir pouvait être décisif, pour lui comme pour vous. Encore une fois, je ne vous connais pas, mais je crois pouvoir dire que je vous comprends. Votre époux est mort et beaucoup d’interrogations demeurent. Cette quête y répondra peut-être. Permettez-moi de vous donner un conseil : faites confiance à votre fils, oubliez le passé, ne pensez qu’à l’avenir. Cela pourrait vous aider à trouver la paix. L’ordre auquel j’appartiens est sans équivalent dans le monde chrétien. Les connaissances transmises par les fondateurs de l’ordre rendent nos croyances différentes. Font-elles de nous de meilleurs ou de moins bons chrétiens ? Ni l’un ni l’autre, à mon sens. La découverte du legs des Templiers répondra à maintes questions, mais je crains qu’elle n’en soulève bien d’autres. Au moment crucial où ce choix se présentera à vous, si tel est le cas, et j’espère que ce le sera car j’ai une grande confiance en vous, votre fils et vous aurez à décider de ce qu’il vaut mieux faire. Une résurrection s’est produite. Une seconde chance a été offerte. Un homme est revenu d’entre les morts. Profitez de ce miracle. Mais encore un conseil : libérez votre esprit de sa carapace de préjugés. Ouvrez votre cœur à des concepts plus vastes et raisonnez selon des méthodes plus sûres. C’est alors, et alors seulement, que vous réussirez. Que le Seigneur soit avec vous .
Une larme coula sur la joue de Stéphanie. Quelle sensation étrange de pleurer ; elle ne se rappelait pas l’avoir fait depuis l’enfance. Elle
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