L'Héritage des Templiers

quarante ans pour que quelqu’un remarque les signes. C’est un endroit paradoxal, déclara Mark en jetant un coup d’œil à l’église. Le chemin de croix est posé à l’envers de tous les autres chemins de croix du monde. Le diable à l’entrée : il est le contraire du bien. Ce pilier est posé à l’envers. Regardez la croix et les détails gravés dessus. »
    Malone les examina.
    « Saunière a posé le pilier à l’envers avant de graver les mots MISSION 1891 en bas et PÉNITENCE, PÉNITENCE en haut. »
    Malone remarqua un V avec un cercle en son centre dans l’angle inférieur droit du pilier. Il pencha la tête pour visualiser l’image à l’endroit. « Alpha et oméga ?
    — Certains le pensent. C’était le cas de mon père.
     

     
    — L’un des noms du Christ.
    — Exactement.
    — Pourquoi Saunière a-t-il posé le pilier à l’envers ?
    — Personne n’a trouvé de raison plausible. »
    Mark s’éloigna de la grille pour laisser sa place à des touristes venus prendre des photos. Il se dirigea ensuite vers l’arrière de l’église, dans un coin du calvaire où se dressait une petite grotte.
    « Il s’agit d’une réplique, là aussi. Pour les touristes. La Seconde Guerre mondiale a eu raison de l’original. Saunière l’avait érigée à l’aide de pierres qu’il ramenait de ses pérégrinations. Sa maîtresse et lui partaient plusieurs jours d’affilée et revenaient avec une hotte remplie de pierres. Vous ne trouvez pas ça étrange ?
    — Cela dépend de ce que cette hotte contenait d’autre.
    — Un bon moyen de ramener de l’or sans paraître suspect.
    — Saunière était un peu spécial. Il aurait très bien pu ne transporter que des pierres.
    — Tous ceux qui viennent ici sont un peu spéciaux.
    — Votre père aussi ?
    — Sans aucun doute, répondit Mark, sérieux. Il était obsédé. Il a consacré sa vie à cet endroit, il adorait chaque centimètre carré de ce village. Il était ici chez lui, à tous les points de vue.
    — Mais pas vous ?
    — J’ai essayé de poursuivre ses recherches, mais je n’étais pas aussi passionné que lui. J’ai peut-être compris que tout ça était futile.
    — Dans ce cas, pourquoi vous cacher dans une abbaye pendant cinq ans ?
    — J’avais besoin d’être seul. Cela m’a été profitable. Mais le maître avait des projets plus ambitieux pour moi. Et me voilà en train d’essayer d’échapper aux templiers.
    — Que faisiez-vous en montagne lorsque l’avalanche s’est produite ? »
    La question de Malone resta sans réponse.
    « Vous faisiez ce que votre mère tente de faire ici aujourd’hui. Elle s’efforce de se racheter. Vous ne saviez pas que vous étiez suivi.
    — Heureusement que je l’étais.
    — Votre mère souffre.
    — Vous avez travaillé ensemble ? fit Mark, changeant de sujet.
    — Pendant des années. C’est une amie.
    — Elle ne se laisse pas facilement apprivoiser.
    — À qui le dites-vous ! Mais c’est possible. Elle souffre terriblement. Elle éprouve énormément de culpabilité et de regrets. Vous avez l’occasion de repartir à zéro, tous les deux.
    — Ma mère et moi ne nous sommes pas parlé depuis des années. Cela valait mieux, pour elle comme pour moi.
    — Que faites-vous ici alors ?
    — Je suis venu chez mon père.
    — Et à votre arrivée, vous avez trouvé les bagages d’étrangers dans la maison. Vous avez sans doute vu nos passeports parmi nos affaires. Pourtant, vous êtes resté. »
    Mark lui tourna le dos, et Malone en conclut qu’il tentait de dissimuler le trouble qui grandissait en lui. Il ressemblait davantage à sa mère qu’il ne voulait bien l’admettre.
    « J’ai trente-huit ans et encore l’impression d’être un enfant. J’ai vécu ces cinq dernières années dans le cocon douillet d’une abbaye où la vie est régie par une règle stricte. L’homme que je considérais comme un père m’a témoigné de la gentillesse et j’occupais une position nouvelle pour moi.
    — Pourtant, vous vous retrouvez ici aujourd’hui, au beau milieu de cette pagaille. »
    Mark sourit.
    « Votre mère et vous avez besoin de régler vos différends », ajouta Malone.
    Le jeune homme était sombre, quelque chose le préoccupait.
    « L’inconnue dont vous avez parlé la nuit dernière, Cassiopée Vitt, je connais son nom. Mon père et elle se sont bagarrés pendant des années. Ne devrait-on pas essayer de la