L'Héritage des Templiers
même, et d’autres ne tarderont pas à se joindre à eux. »
Son regard se porta à l’autre bout de l’église sur le chapelain, un Italien à la mine solennelle, ecclésiastique au sommet de la hiérarchie de l’ordre. Il dirigeait les prêtres, individus qui avaient choisi de ne se consacrer qu’au Christ et qui représentaient environ le tiers des moines de la confrérie. L’avis du chapelain avait beaucoup de poids, d’autant que l’homme parlait peu. Plus tôt dans la soirée, lorsque le conseil s’était réuni, il avait exprimé son inquiétude concernant les deux décès qui venaient de se produire.
« Vous allez trop vite, avait-il dit.
— J’accomplis les désirs de l’ordre.
— Les vôtres, plutôt.
— Y a-t-il une différence ?
— On croirait entendre votre prédécesseur.
— Il avait raison sur ce point. Et même si nous étions en désaccord sur un grand nombre de sujets, je lui ai obéi. »
Il n’appréciait pas la franchise du chapelain, qui était plus jeune que lui, surtout devant le conseil ; mais il savait que beaucoup le respectaient.
« Que me suggérez-vous ?
— De préserver la vie de nos frères.
— Ils savent qu’ils auront peut-être à se sacrifier.
— Nous ne sommes plus au Moyen Âge. Nous ne menons pas de croisade. Ces hommes se consacrent à Dieu et vous ont prêté allégeance, preuve de leur dévouement. Vous n’avez aucun droit sur leur vie.
— J’ai l’intention de trouver le legs des Templiers.
— Dans quel but ? Nous existons sans lui depuis sept cents ans. Il n’a aucune importance.
— Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? s’était écrié de Rochefort, choqué. Il s’agit de notre héritage.
— Quel sens pourrait-il donc avoir aujourd’hui ?
— Il pourrait sauver notre ordre.
— L’ordre est déjà sauvé. Tous ceux qui vivent ici ont l’âme charitable.
— Cet ordre ne mérite pas le bannissement.
— Nous nous le sommes imposé à nous-mêmes. Nous y trouvons notre compte.
— Pas moi.
— Alors, c’est votre combat, pas le nôtre.
— Je n’ai pas l’intention de me justifier, dit de Rochefort, furieux.
— Maître, en moins d’une semaine vous avez déjà oublié d’où vous venez. »
De Rochefort s’efforçait de décrypter ce que cachaient les traits figés de l’Italien. Il avait fait preuve de sincérité tout à l’heure : il n’avait aucune intention de tolérer le moindre signe d’opposition. Il fallait trouver le legs des Templiers. Royce Claridon et les hôtes de Cassiopée Vitt détenaient les réponses.
Aussi ignora-t-il le regard indifférent du chapelain et se concentra-t-il sur les frères assis devant lui.
« Mes frères, prions pour le succès de notre entreprise. »
52
1 h 00
Malone flânait dans l’église Sainte-Marie-Madeleine de Rennes-le-Château, et les détails de mauvais goût le mirent tout aussi mal à l’aise que lors de sa première visite. Dans la nef, il n’y avait personne hormis un homme vêtu d’une soutane, debout devant l’autel. Lorsqu’il se retourna, Malone le reconnut.
C’était Bérenger Saunière.
« Que faites-vous là ? demanda-t-il à Malone d’une voix stridente. Vous êtes dans mon église, mon œuvre. Elle n’appartient à personne d’autre que moi.
— En quoi vous appartient-elle ?
— Moi, j’ai osé. J’ai été le seul.
— Osé quoi faire ?
— Ceux qui défient la société prennent toujours des risques. »
Malone remarqua alors un trou béant dans le dallage, juste devant l’autel, et un escalier descendant vers les ténèbres.
« Qu’y a-t-il là-dessous ?
— C’est un premier pas vers la vérité. Que Dieu bénisse tous ceux qui l’ont protégée. Que Dieu bénisse leur générosité. »
L’église disparut soudain et il se retrouva sur la place arborée devant l’ambassade américaine à Mexico City. La foule se pressait autour de lui, et les klaxons des voitures, les crissements de freins et le vrombissement des moteurs diesel s’amplifièrent.
Des coups de feu retentirent.
Ils avaient été tirés depuis une voiture qui venait de s’arrêter devant lui. Des hommes surgirent. Ils visaient une femme d’âge mûr et un jeune diplomate danois qui déjeunaient à l’ombre. Les marines qui gardaient l’entrée de l’ambassade réagirent, mais ils se trouvaient trop loin de la scène.
Malone empoigna son arme et tira.
Des corps tombèrent
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