L'Héritage des Templiers
vos spécialités ?
— Vous avez défié Malone qui a failli vous écraser avec sa voiture et vous n’auriez pas hésité une seconde à me brûler la plante des pieds.
— Monsieur Claridon, des milliers de mes frères ont été arrêtés, dans le seul but de satisfaire la convoitise d’un monarque. Plusieurs centaines d’entre eux sont morts sur le bûcher. L’ironie de l’histoire, c’est que seuls des mensonges auraient pu les sauver. La vérité, c’est qu’ils ont été condamnés à mort alors que l’ordre n’était coupable d’aucun des crimes qu’on lui avait imputés. Effectivement, j’en fais une affaire personnelle.
— J’ai de mauvaises nouvelles, annonça Claridon en attrapant le journal de Lars Nelle. J’ai lu la plupart des notes de Lars et quelque chose cloche. »
De Rochefort n’aimait pas ça.
« Il comporte des erreurs. Les dates sont erronées. Les lieux ne correspondent pas. Les sources ne sont pas répertoriées correctement. Les différences sont subtiles mais sautent aux yeux d’un spécialiste. »
Malheureusement, de Rochefort ne s’y connaissait pas suffisamment pour faire la différence. À vrai dire, il comptait sur le journal pour en savoir davantage. « Peut-il s’agir de simples coquilles ?
— Je l’ai cru au premier abord, et puis j’en ai repéré de plus en plus, au point d’en douter. Lars était quelqu’un de consciencieux. Je l’ai aidé à compiler bon nombre d’informations contenues dans ce carnet. Ces erreurs sont intentionnelles.
— Et le cryptogramme ? Est-il correct ?
— Je n’ai aucun moyen de le savoir. Lars ne m’a jamais dit s’il avait découvert la séquence mathématique qui permettait de le déchiffrer.
— Êtes-vous en train de me dire que le journal est sans aucune valeur ? demanda de Rochefort, inquiet.
— Je vous dis simplement qu’il contient un certain nombre d’informations erronées. Certaines références au journal de Saunière reproduites ici ne correspondent pas à l’original, elles non plus. J’en ai lu des extraits il y a longtemps. »
De Rochefort était perplexe. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Il se remémora la dernière journée de Lars Nelle et ce que lui avait dit le chercheur américain.
« Vous seriez incapable de découvrir quoi que ce soit, même si vous l’aviez sous le nez. »
Il n’appréciait pas la remarque de Nelle mais admirait son courage, étant donné qu’une corde lui enserrait le cou. Quelques minutes plus tôt, il l’avait vu l’attacher à l’un des supports du pont avant de faire un nœud coulant. Nelle avait alors grimpé sur un muret de pierre et s’était abîmé dans la contemplation de la sombre rivière qui coulait à ses pieds.
De Rochefort l’avait suivi toute la journée en se demandant ce qu’il allait faire si haut dans les Pyrénées. Le village près duquel ils se trouvaient n’avait aucun rapport avec Rennes-le-Château ni aucun des domaines de recherche de Nelle. Minuit approchait et les ténèbres enveloppaient la nature environnante. Seul le murmure de la rivière coulant sous le pont venait rompre le silence de la montagne.
De Rochefort quitta son poste d’observation entre les arbres pour s’approcher du pont.
« Je me demandais si vous alliez vous montrer, dit Nelle sans se retourner. Je me disais qu’une provocation vous ferait sortir de l’ombre.
— Vous saviez que j’étais là ?
— Je suis habitué à être suivi par les frères templiers », annonça Nelle en lui faisant face. Puis, désignant la corde autour de son cou, il ajouta : « Si ça ne vous dérange pas, j’étais sur le point de mettre fin à mes jours.
— La mort ne vous effraie apparemment pas.
— Je suis mort il y a longtemps.
— Ne craignez-vous pas votre Dieu ? Il interdit le suicide.
— Quel Dieu ? Nous retournerons à la poussière, tel est notre destin.
— Et si vous vous trompiez ?
— Pas de risque.
— Et votre quête ?
— Elle ne m’a apporté que souffrance. Depuis quand mon âme vous intéresse-t-elle ?
— Elle ne m’intéresse pas. Votre quête, en revanche, c’est une autre histoire.
— Vous me surveillez depuis longtemps. Votre maître s’est même entretenu avec moi en personne. Dommage que votre ordre doive poursuivre les recherches sans que je sois là pour le guider.
— Vous saviez que nous vous surveillions ?
— Bien sûr. Vos frères essaient depuis des mois de
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