L'Héritage des Templiers

à Mexico City. Il avait appris plus tard que Cai Thorvaldsen et l’avocate étaient intimes. C’était une femme de caractère, courageuse, qui enquêtait sur un mystérieux cartel. La police locale avait appris qu’elle avait ignoré les menaces dont elle faisait l’objet. Les policiers se trouvaient dans les parages, mais, curieusement, aucun n’était sur place lorsque les tueurs avaient surgi de leur véhicule. Le jeune Thorvaldsen et l’avocate déjeunaient sur un banc à l’ombre. En mission à Mexico City, Malone rentrait à l’ambassade lorsque l’agression s’était produite. Il avait eu le temps d’éliminer deux des agresseurs à l’aide de son pistolet automatique avant que deux autres ne se rendent compte de sa présence. Il n’avait pas réussi à voir leur visage, mais l’un d’eux lui avait tiré une balle dans l’épaule. Avant de perdre connaissance, Malone avait tué son agresseur et le quatrième homme avait été abattu par l’un des gardes de l’ambassade.
    Mais pas avant que la fusillade n’ait fait un grand nombre de victimes.
    Sept morts, neuf blessés.
    Il s’assit sur son lit.
    Il venait de résoudre l’énigme de Rennes-le-Château.

53
     
    Abbaye des Fontaines
    1 h 30
     
    De Rochefort glissa la carte magnétique dans le lecteur et le verrou s’ouvrit. Il pénétra dans la salle des archives puissamment éclairée et se faufila entre les étagères de documents confidentiels pour rejoindre Royce Claridon. Sur la table, face à lui, s’amoncelaient divers registres. L’archiviste le surveillait patiemment comme le maître le lui avait ordonné. De Rochefort lui fit signe de se retirer.
    « Qu’avez-vous appris ? demanda-t-il à Claridon.
    — Les documents que vous m’avez recommandés sont intéressants. J’étais loin de me douter que l’ordre avait si bien résisté à la purge.
    — Notre histoire est fort riche.
    — Je suis tombé sur un compte rendu de l’exécution de Jacques de Molay à Paris. Apparemment, de nombreux membres de l’ordre y assistaient.
    — Il monta sur le bûcher le 18 mars 1314, la tête haute, et lança à la foule : “Il est bien juste que, dans un si terrible jour, et dans les derniers moments de ma vie, je découvre toute l’iniquité du mensonge et que je fasse triompher la vérité.”
    — Vous avez mémorisé ses dernières paroles ?
    — C’est un homme digne d’intérêt.
    — Nombreux sont les historiens qui le rendent responsable de la destinée tragique de l’ordre. On le dit faible et complaisant.
    — Et qu’en disent les comptes rendus que vous avez lus ici ?
    — Ils le présentent comme un homme fort, déterminé, qui avait minutieusement préparé son départ pour la France au printemps 1307. Les intentions de Philippe le Bel ne lui avaient pas échappé.
    — Nos richesses et notre savoir ont été mis à l’abri grâce à la clairvoyance de de Molay.
    — Le fameux legs des Templiers, s’écria Claridon dubitatif.
    — Nos frères ont veillé à sa sauvegarde. De Molay s’en est assuré. »
    Claridon avait les yeux fatigués. Quant à de Rochefort, il était au mieux de sa forme à cette heure tardive. « Avez-vous lu les dernières paroles de Jacques de Molay ?
    — “Le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort.”
    — Il pensait à Philippe le Bel et à Clément V, qui avaient conspiré contre lui et contre notre ordre. Le pape mourut moins d’un mois plus tard et Philippe succomba à une crise d’apoplexie lors d’une partie de chasse sept mois plus tard. Aucun des enfants de Philippe n’eut d’héritier mâle et la lignée royale des Capétiens s’éteignit. Plus de quatre cent cinquante ans plus tard, pendant la Révolution, la famille royale fut à son tour emprisonnée au Temple, comme Jacques de Molay. Lorsque Louis XVI fut guillotiné, un homme plongea la main dans le sang du roi et en aspergea la foule en hurlant : “Jacques de Molay, tu es vengé.”
    — L’un des vôtres ?
    — Oui, un de nos frères s’est laissé emporter en assistant à l’éradication de la monarchie française.
    — Cela vous tient beaucoup à cœur, n’est-ce pas ? »
    De Rochefort ne tenait pas particulièrement à se livrer à cet inconnu mais il voulait que les choses soient claires. « Je suis le maître de l’ordre.
    — Non, ce n’est pas tout. Il y a autre chose.
    — L’analyse psychologique est une autre de