L'Héritage des Templiers

face à ses compagnons serrés autour de la table. Il venait de les réveiller quelques minutes plus tôt.
    « J’ai la solution, leur annonça-t-il.
    — Du cryptogramme ? demanda Stéphanie.
    — Oui. Mark m’a parlé de la personnalité de Saunière. Effronté, culotté. Et je suis d’accord avec ce que vous avez dit l’autre jour, Stéphanie. L’église de Rennes-le-Château ne nous mènera à aucun trésor. Saunière n’aurait jamais dévoilé ce genre d’information-là, mais il n’a pas pu résister à nous mettre sur la voie. Le problème, c’est que les pièces du puzzle sont nombreuses. Heureusement, elles sont presque toutes en notre possession. »
    Il attrapa Pierres gravées du Languedoc, encore ouvert à la page qui les intéressait. « C’est Bigou qui a laissé les indices qui comptent. Il s’apprêtait à quitter la France pour toujours, aussi a-t-il composé deux cryptogrammes et fait ériger deux stèles au-dessus d’une tombe vide. Nous avons la date de décès erronée, 1681, l’âge de la morte erroné lui aussi, soixante-sept ans, et regardez ces chiffres romains en bas : LIXLIXL, cinquante, neuf, cinquante, neuf, cinquante. Si vous additionnez tous ces chiffres, vous obtenez cent soixante-huit. Il a également fait référence au tableau de Valdés Leal dans le registre de la paroisse. N’oubliez pas que, à l’époque de Bigou, la date qui apparaît sur le tableau était lisible. C’était 1681, et pas 1687. On voit un schéma se dégager. »
    Il désigna le croquis de la pierre tombale.
     

     
    « Regardez l’araignée gravée au bas de la stèle. Sept points ont été intentionnellement placés entre ses pattes, et deux espaces ont été laissés vierges. Pourquoi ne pas graver de point dans ces espaces aussi ? Et réfléchissez à ce que Saunière a fait dans le jardin devant l’église. Il a retourné le pilier wisigothique et y a fait graver MISSION 1891 et PÉNITENCE, PÉNITENCE. Je sais que cela va vous sembler insensé, mais le point commun entre tous ces éléments vient de m’apparaître en rêve. »
    Tout le monde sourit sans pour autant l’interrompre.
    « Henrik, cette fusillade à Mexico City qui a coûté la vie à Cai l’année dernière, j’en rêve de temps à autre. Difficile d’effacer ce genre d’images de son cerveau, elle a fait un grand nombre de victimes…
    — Sept morts, neuf blessés », murmura Stéphanie.
    La même idée leur traversa l’esprit et Malone vit qu’ils avaient compris, surtout Mark qui semblait mesurer la portée de sa découverte.
    « Cotton, vous avez sans doute raison. Prenez 1681 ; additionnez les deux premiers et les deux derniers chiffres. Vous obtenez sept et neuf. Le pilier, Saunière l’a retourné pour faire passer un message. Il l’a placé là en 1891 mais si vous inversez la date, vous obtenez 1681. Il l’a retourné pour nous mettre sur la voie. Sept, neuf encore une fois.
    — Comptez les lettres à présent. Sept dans mission , neuf dans pénitence. Ce ne peut pas être qu’une simple coïncidence. Et le nombre cent soixante-huit obtenu en additionnant les chiffres romains gravés sur la tombe. Il est là pour une bonne raison. Un plus six égale sept, un plus huit égale neuf. Ce schéma est partout présent. » Il attrapa une photo couleur de la dixième station de la Croix de l’église de Rennes-le-Château. « Regardez ça : le soldat joue la tunique de Jésus aux dés. Sur les dés, on lit trois, quatre, cinq. Lorsque Mark et moi sommes allés à l’église, je me suis demandé pourquoi ces chiffres précis avaient été choisis. Mark, vous m’avez dit que Saunière avait personnellement veillé aux moindres détails de la décoration de cette église. Il devait donc avoir une raison de choisir ces chiffres-là. Je crois que c’est la séquence qui est importante. D’abord le trois, puis le quatre, suivis du cinq. Trois et quatre font sept, quatre et cinq font neuf.
    — Alors ces deux nombres seraient la clé du cryptogramme ? s’étonna Cassiopée.
    — Il n’y a qu’un moyen de le savoir. » Mark fit signe à Geoffrey de lui passer le sac à dos. Avec précaution, il en tira le rapport du maréchal et retrouva le croquis.
     

     
    Il se mit à le déchiffrer en se servant de la séquence numérique découverte par Malone, passa en revue les treize rangées de lettres et de symboles et nota chaque lettre ainsi