L'Héritage des Templiers

qu’il s’entretenait avec Stéphanie Nelle. Eux aussi avaient échoué, semblait-il.
    « Nous avons perdu Malone, dit l’un d’eux en approchant.
    — Je l’ai retrouvé.
    — Il est plein de ressources. Et audacieux. »
    Effectivement, de Rochefort en était conscient. Il s’était renseigné sur son compte après avoir appris que Stéphanie Nelle lui rendait visite au Danemark. Comme Malone risquait de prendre part à ses projets, quels qu’ils fussent, de Rochefort avait mis un point d’honneur à obtenir le maximum de renseignements sur lui.
    Le dénommé Harold Earl Malone, quarante-six ans, était originaire de l’État de Géorgie, aux États-Unis, comme sa mère. Militaire de carrière, diplômé de l’académie navale d’Annapolis, son père avait atteint le rang de capitaine de frégate avant de périr dans le naufrage de son sous-marin lorsque Malone avait dix ans.
    Malone avait suivi les traces de son père en faisant ses études dans la même école et en se classant parmi les meilleurs de sa promotion. Il avait été admis à l’école de l’air et, grâce à ses excellents résultats, avait pu opter pour la formation de pilote de chasse. Puis, bizarrement, au beau milieu de la formation, il avait demandé sa réaffectation, avait été admis à l’université de droit de Georgetown où il avait obtenu son diplôme tout en travaillant pour le Pentagone. Il avait ensuite été transféré auprès du Judge Advocate General’s Corps, le JAG, où il avait officié neuf ans en tant qu’avocat. Il y avait de cela treize ans, il avait été affecté au ministère de la Justice et avait intégré l’unité Magellan que Stéphanie Nelle venait de créer. Il avait conservé son poste jusqu’à l’année précédente et avait fait valoir son droit à la retraite après avoir atteint le grade de commandant.
    Côté vie privée, Malone était divorcé et son fils âgé de quatorze ans vivait avec sa mère en Géorgie. Malone avait quitté les États-Unis pour Copenhague. Bibliophile confirmé, il était de confession catholique mais n’avait rien d’un fanatique. Il se débrouillait dans plusieurs langues, n’avait ni dépendance ni phobie connue et avait tendance à faire preuve d’une motivation extrême et d’un dévouement frisant l’obsession. Il possédait également une mémoire eidétique. Bref, tout à fait le genre d’individu que de Rochefort aurait préféré compter parmi ses alliés.
    Les derniers événements venaient d’ailleurs de le lui confirmer.
    Se retrouver face à trois adversaires n’avait pas semblé déranger Malone, surtout lorsqu’il avait cru Stéphanie Nelle en danger.
    Cet après-midi-là, le jeune complice de de Rochefort avait lui aussi fait preuve de loyauté et de courage, même s’il avait agi avec trop de précipitation en dérobant le sac de Stéphanie Nelle. Il aurait dû attendre la fin de son entrevue avec Cotton Malone lorsque, seule et vulnérable, elle serait rentrée à l’hôtel. Il s’était efforcé peut-être de répondre à ses désirs, conscient de l’importance de leur mission. Peut-être avait-il simplement fait preuve d’impatience. Cela dit, lorsqu’il s’était trouvé acculé, le jeune homme avait eu raison de choisir la mort au lieu d’être arrêté. Dommage, mais cela faisait partie de l’apprentissage. Ceux qui possédaient l’intelligence et le talent grimpaient les échelons. Tous les autres étaient éliminés.
    « Avez-vous découvert l’identité de l’acquéreur du livre ? » demanda-t-il à l’un des hommes qui se trouvaient à la vente aux enchères.
    Le jeune homme hocha la tête. « Graisser la patte de l’employé m’a coûté mille couronnes. »
    Le prix de la faiblesse ne l’intéressait pas. « Qui est-ce ?
    — Henrik Thorvaldsen. »
    Son téléphone vibra. Son lieutenant savait qu’il était occupé, l’appel devait donc être important. Il décrocha.
    « Le moment approche, annonça la voix.
    — Quand ?
    — D’ici quelques heures. »
    La cerise sur le gâteau.
    « J’ai une tâche à vous confier. Henrik Thorvaldsen. Un riche Danois qui vit au nord de Copenhague. Je dispose de quelques renseignements sur son compte, mais j’ai besoin de son dossier complet d’ici une heure. Rappelez-moi quand vous l’aurez. »
    Il raccrocha, puis, s’adressant à ses hommes : « Nous devons rentrer. Mais nous avons encore deux missions à accomplir avant