L'Héritage des Templiers

puis en solitaire, représentaient les seules aventures qu’il eût jamais vécues jusqu’à ces derniers jours.
    Le legs des Templiers avait été ramené à l’abbaye en toute discrétion. Malone et lui s’étaient chargés personnellement de la châsse et du testament de Simon. Mark avait montré leur découverte au chapelain et ils avaient convenu que le prochain maître aurait à décider de ce qu’ils en feraient. Le moment décisif approchait. Cette fois, Mark ne se tenait pas aux côtés des officiers. Il n’était plus qu’un simple frère et à ce titre avait repris sa place parmi le reste de la congrégation. Il n’avait pas été sélectionné pour prendre part au chapitre, aussi assistait-il en spectateur aux débats des treize hommes.
    « Notre ancien sénéchal doit devenir notre nouveau maître, c’est incontestable, annonça l’un des membres du chapitre. Ainsi soit-il. » Le silence envahit la salle.
    Mark aurait voulu protester, mais la règle le lui interdisait et il y avait déjà fait bien trop d’entorses.
    « Je partage votre avis », dit un autre.
    Les onze autres hochèrent la tête.
    « Qu’il en soit ainsi, annonça celui qui menait les débats. Notre ancien sénéchal devient maître de l’ordre. »
    Un tonnerre d’applaudissements éclata lorsque plus de quatre cents moines manifestèrent leur approbation.
    « Baussant », scandèrent-ils.
    Il n’était plus Mark Nelle.
    Désormais, il était maître des Templiers.
    Tous les regards étaient braqués sur lui. Il quitta sa place et pénétra dans le cercle formé par les membres du chapitre. Devant lui se tenaient les hommes qu’il admirait. Il avait rejoint l’ordre dans le simple but de réaliser le rêve de son père et d’échapper à sa mère. Il était resté car il s’était peu à peu attaché à l’ordre et à son maître.
    Un extrait de l’Évangile selon Jean lui revint en mémoire.
     
    Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. […] Toutes choses ont été faites par elle. […] En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
    [ … ] Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu .
     
    Simon Pierre avait reconnu et reçu la parole, comme tous ceux venus après lui, et les ténèbres avaient laissé place à la lumière. C’était peut-être grâce à l’étrange révélation de Simon Pierre qu’ils étaient tous à présent des enfants de Dieu.
    Les cris se turent.
    Il attendit que le silence se fasse.
    « Je me disais que l’heure était peut-être venue pour moi de quitter cet endroit, déclara-t-il avec douceur. Ces derniers jours, j’ai eu à prendre beaucoup de décisions difficiles. Je croyais que mes choix m’excluaient de l’ordre. J’ai tué l’un des nôtres, ce dont je suis navré. Mais j’y ai été contraint. Pour avoir tué le maître de Rochefort, je n’éprouve aucun regret. Il a bafoué toutes nos croyances, expliqua-t-il en haussant le ton. Sa convoitise et son imprudence auraient fini par causer notre ruine. Il se souciait de ses besoins, de ses désirs, pas des nôtres. »
    Il fut rasséréné en repensant aux paroles de son mentor « Souvenez-vous de tout ce que je vous ai appris », lui avait-il dit.
    « Lorsque je serai votre nouveau chef, reprit Mark, je tracerai une nouvelle voie. Nous sortirons de l’ombre, pas dans un but de vengeance ou de justice, mais pour trouver notre place en tant que Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Voilà qui nous sommes. Voilà ce que nous serons. Nous avons de grandes choses à accomplir. Les pauvres et les laissés-pour-compte ont besoin d’être défendus. Nous pouvons les sauver. »
    Les paroles de Simon lui revinrent en mémoire. « Nous sommes tous créés à l’image de Dieu, nous sommes tous dignes d’amour, nous pouvons tous vivre dans l’esprit de Dieu. » Il serait le premier maître depuis sept siècles à être guidé par ces mots.
    Il avait l’intention de les mettre en pratique.
    « À présent, mes chers frères, il est temps de dire adieu à frère Geoffrey dont le sacrifice nous permet d’être ici