L'Héritage des Templiers
relations tendues, c’est tout à fait compréhensible. Et puis, les secrets vont de pair avec sa profession, comme avec la vôtre, d’ailleurs. »
Malone avala les dernières bouchées de son gâteau tout en observant Stéphanie ; elle ne croyait pas un mot des révélations du vieil homme.
« Vous mentez, finit-elle par déclarer.
— Je peux vous faire lire certaines lettres qui prouveront ce que j’avance. Lars et moi étions en contact fréquent. Nous collaborions à certains projets. J’ai financé ses premiers travaux et je lui donnais un coup de main lorsque les temps étaient durs. J’ai acheté sa maison de Rennes-le-Château. Nous partagions la même passion et cela me faisait plaisir de l’aider.
— Quelle passion ?
— Vous le connaissiez si mal ! répliqua Thorvaldsen en la dévisageant. Vos regrets doivent être insupportables.
— Je n’ai pas besoin d’une analyse.
— Vraiment ? Vous vous déplacez au Danemark pour faire l’acquisition d’un livre dont vous ne savez rien en rapport avec les travaux d’un homme décédé depuis plus de dix ans. Et vous n’avez pas de regrets ?
— Épargnez-moi vos leçons de morale, je veux le livre.
— Il faudra d’abord écouter ce que j’ai à dire.
— Dépêchez-vous.
— Le premier livre de Lars a connu un succès retentissant. Des millions d’exemplaires vendus dans le monde entier, même si les ventes américaines ont été modestes. Les suivants n’ont pas été reçus avec le même enthousiasme, mais ils se sont vendus, suffisamment en tout cas pour financer ses recherches. Lars pensait qu’un point de vue contraire au sien pourrait contribuer à populariser la légende de Rennes-le-Château. Alors j’ai financé plusieurs auteurs pour qu’ils écrivent des ouvrages critiquant ses théories, des livres qui analysaient ses conclusions à propos de Rennes-le-Château et soulignaient ses erreurs. Un livre en entraînait un autre. Certains étaient bons, d’autres pas. Un jour, je l’ai même critiqué publiquement. Et très vite, comme il le souhaitait, un genre est né.
— Vous êtes malade ? s’écria Stéphanie en le mitraillant du regard.
— La controverse est source de publicité. Lars ne s’adressait pas à un public de masse et devait donc s’arranger pour faire parler de lui. Au bout de quelque temps, cependant, les événements ont commencé à suivre leur cours propre. Rennes-le-Château passionne les foules. Des émissions de télévision sont tournées sur le sujet, des magazines y consacrent leurs pages, Internet est truffé de sites relatifs aux mystères du village. Le tourisme est la principale ressource de la région. Grâce à Lars, le village lui-même est une entreprise florissante aujourd’hui. »
Malone savait que des centaines d’ouvrages avaient été écrits sur le village. Les exemplaires d’occasion occupaient plusieurs étagères de sa librairie. « Henrik, deux hommes sont morts aujourd’hui. L’un s’est jeté de la Tour ronde et s’est tranché la gorge avant de s’écraser au sol. L’autre a été défenestré. Ça n’a rien à voir avec une combine marketing.
— À mon avis, à la Tour ronde aujourd’hui, vous vous êtes retrouvé face à face avec un chevalier de l’ordre du Temple.
— En d’autres circonstances, je vous aurais traité de fou mais l’homme a crié “Baussant” avant de sauter.
— Le cri de ralliement des Templiers, expliqua Thorvaldsen avec un hochement de tête. Entendre une foule de chevaliers crier ce mot à l’unisson en donnant l’assaut suffisait à paralyser leurs ennemis. »
Malone se souvint de ce qu’il avait lu un peu plus tôt. « L’ordre a été supprimé en 1312. Les Templiers ont disparu.
— Faux, Cotton. On a tenté de faire disparaître l’ordre mais le pape a fait volte-face. Le parchemin de Chinon absout les Templiers de toute hérésie. Le pape Clément V en personne publia cette bulle en secret en 1308. Beaucoup pensaient le document perdu au moment du pillage du Vatican par Napoléon, mais il vient d’être retrouvé. Non. Lars était persuadé que l’ordre existait toujours, et je partage son avis.
— Lars faisait souvent référence aux Templiers dans ses ouvrages, dit Malone, mais, d’après mon souvenir, il n’a jamais écrit qu’il croyait à la survivance de l’ordre.
— C’était intentionnel de sa part, opina Thorvaldsen. Ils étaient, et sont toujours, pétris de
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