L'Héritage des Templiers
glissé une feuille de papier pliée de couleur taupe. Elle la tendit à Malone qui déchiffra le message.
Le 22 juin à Roskilde, un exemplaire de Pierres gravées du Languedoc sera vendu aux enchères. Votre mari cherchait à se procurer cet ouvrage. Vous avez la possibilité de réussir là où il a échoué. Le bon Dieu soit loué 2 .
« D’où peut provenir ce mot, selon vous, Stéphanie ? demanda Malone.
— De l’un des associés de Lars. J’ai pensé que l’un de ses amis voulait que j’aie le journal et se disait que le livre pourrait m’intéresser.
— Au bout de onze ans ?
— Ça paraît étrange, j’en conviens. Mais il y a trois semaines, cela ne m’a pas frappée. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, j’ai toujours cru que la quête que poursuivait Lars était sans conséquence.
— Dans ce cas, pourquoi être venue ? intervint Thorvaldsen.
— Comme vous l’avez dit, Henrik, j’ai des regrets.
— Et loin de moi l’intention de les rendre plus vifs encore. Je ne vous connais pas, mais je connaissais bien Lars. C’était un homme bon et sa quête, bien innocente en effet, n’en était pas moins importante. Sa mort m’a peiné. Je me suis toujours demandé s’il s’était vraiment suicidé.
— Moi aussi, murmura Stéphanie. J’ai essayé de me faire à l’idée en m’efforçant de trouver des raisons valables à son suicide mais, au fond, je n’ai jamais pu l’accepter.
— Ce qui explique, plus que tout le reste, votre présence ici. »
Malone savait que Stéphanie se sentait mal à l’aise, aussi lui tendit-il une perche. « Puis-je jeter un coup d’œil au journal ? »
Elle le lui tendit et il feuilleta la centaine de pages qui le composaient, noircies d’une foule de nombres, de croquis, de symboles et de texte manuscrit. Il examina ensuite la reliure de l’œil averti du bibliophile, et un détail retint son attention. « Il manque des pages.
— Que voulez-vous dire ?
— Regardez, là, ordonna-t-il à Stéphanie en lui montrant la partie supérieure de la reliure. Vous voyez ces minuscules interstices ? » Il ouvrit le carnet pour lui en montrer un. Il ne restait plus qu’un minuscule morceau de la page d’origine à l’endroit où elle aurait dû adhérer à la reliure. « Découpées au rasoir. Je prête toujours une extrême attention à ce genre de détail. Rien ne détruit plus sûrement la valeur d’un livre que les pages arrachées. » Il étudia de nouveau le haut et le bas de la reliure et estima qu’il manquait huit pages.
« Je ne l’avais pas remarqué.
— Beaucoup de choses vous ont échappé.
— Je suis prête à admettre que je me suis plantée, fit Stéphanie en rougissant violemment.
— Cotton, intervint Thorvaldsen, tout ceci est peut-être plus sérieux que vous ne le pensez. L’enjeu pourrait bien être la découverte des archives des Templiers. À l’origine, l’ordre les a conservées à Jérusalem avant de les transférer à Acre puis à Chypre. L’histoire nous apprend que, après 1312, les archives sont passées aux mains des Hospitaliers mais rien ne prouve que le transfert ait effectivement eu lieu. Entre 1307 et 1314, Philippe le Bel tenta en vain de s’en emparer. D’aucuns racontent que ces archives constituaient la plus riche collection du monde médiéval. Imaginez ce que pourrait représenter la découverte d’une telle manne.
— La plus fantastique trouvaille de tous les temps.
— Des manuscrits que personne n’a vus depuis le XIV e siècle, dont beaucoup d’inédits sans doute. La perspective de tomber sur un tel trésor, aussi incertaine soit-elle, mérite d’être envisagée. »
Malone était du même avis.
« Que diriez-vous d’une trêve ? proposa le vieil homme à Stéphanie. En mémoire de Lars. Je suis sûr que vos services collaborent avec plus d’une personne fichée pour parvenir à une solution satisfaisante pour les deux parties. Pourquoi ne pas collaborer cette fois ?
— Je veux voir les lettres que Lars et vous avez échangées.
— Elles sont à vous.
— Vous avez raison, Cotton, j’ai besoin d’aide. Je m’excuse de vous avoir parlé sur ce ton tout à l’heure. Je pensais pouvoir me débrouiller seule. Mais puisque nous sommes tous copains comme cochons maintenant, accompagnez-moi en France et voyons ce que nous pourrons trouver chez Lars. Je n’y suis pas allée depuis un moment. Il y a aussi quelques personnes à
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