L'Héritage des Templiers
Rennes-le-Château qui pourront nous renseigner. Des gens qui travaillaient avec Lars. Et puis nous verrons où cela nous mène.
— Vos ombres seront peut-être du voyage, elles aussi, remarqua Malone.
— J’ai la chance de vous avoir, fit Stéphanie en souriant.
— J’aimerais me joindre à vous, déclara Thorvaldsen.
— Et que nous vaut l’honneur de votre compagnie ? fit Malone, surpris, car Henrik quittait rarement le Danemark.
— J’ai une assez bonne idée de ce que Lars cherchait. Mes connaissances peuvent s’avérer utiles.
— Ça me va.
— Très bien, Henrik, renchérit Stéphanie. Cela nous donnera l’occasion de mieux nous connaître. J’ai des choses à apprendre, semble-t-il.
— Nous en sommes tous là, Stéphanie. »
De Rochefort maîtrisa son enthousiasme à grand-peine. Ses soupçons venaient d’être confirmés. Stéphanie Nelle suivait les traces de son mari. Elle était également en possession de son journal et d’une copie de Pierres gravées du Languedoc, peut-être l’unique exemplaire existant. Il fallait bien avouer que Lars Nelle avait eu du flair. Trop même. Et sa veuve était maintenant en possession des indices qu’il avait réunis. De Rochefort avait fait l’erreur de faire confiance à Peter Hansen. À l’époque, cela semblait logique. Il ne commettrait pas la même erreur deux fois. Les enjeux étaient bien trop importants pour s’en remettre une nouvelle fois à un inconnu.
Il continua d’écouter tandis que Malone, Thorvaldsen et Stéphanie décidaient de la marche à suivre une fois à Rennes-le-Château. Malone et Stéphanie partiraient dès le lendemain. Thorvaldsen les rejoindrait dans quelques jours. Lorsqu’il en eut appris suffisamment, de Rochefort décolla le micro et se retira avec ses hommes derrière un épais bosquet d’arbres.
Il n’y aurait pas d’autre meurtre ce soir.
Il manque des pages.
Il allait en avoir besoin. L’expéditeur du carnet avait été malin. En divisant le butin on prévenait les actes inconsidérés. De toute évidence, cette énigme était encore plus compliquée qu’il ne l’avait cru et il avait du retard à rattraper.
Mais qu’importe : une fois en France, il n’aurait aucun mal à se débarrasser d’eux.
DEUXIÈME PARTIE
15
Abbaye des Fontaines
8 h 00
Le sénéchal se tenait près de l’autel, le regard rivé sur le cercueil de chêne. Les frères entraient dans la chapelle ; défilant avec solennité, ils psalmodiaient à l’unisson de leurs voix profondes. La mélodie millénaire accompagnait les funérailles de tous les maîtres depuis le commencement. Les paroles en latin exprimaient les sentiments de perte, de chagrin et de souffrance. On n’aborderait le sujet de la succession que plus tard dans la journée lorsque le chapitre conviendrait du choix du nouveau maître. La règle était claire. Le soleil ne pourrait se coucher une seconde fois sans que le maître ait été désigné, et, en sa qualité de sénéchal, il devait veiller au respect de la règle.
Les frères vinrent se placer devant des bancs de chêne patinés par les siècles. Ils avaient tous revêtu un manteau de toile brune sans ornement dont le capuchon leur cachait le visage ; seules leurs mains, unies pour la prière, étaient visibles.
L’église offrait un plan en croix latine, avec une nef unique et deux bas-côtés. Les ornements y étaient rares, rien ne venait distraire l’esprit des moines de la contemplation des mystères divins, mais l’édifice était néanmoins majestueux, grâce à ses chapiteaux et ses colonnes qui projetaient une image de vigueur assez saisissante. Les frères s’étaient réunis pour la première fois en ces lieux après la purge de 1307 ; ceux qui avaient réussi à échapper aux griffes de Philippe le Bel s’étaient réfugiés dans les campagnes avant de migrer secrètement vers le sud. Ils avaient fini par se retrouver ici, à l’abri de cette forteresse au cœur de la montagne, et s’étaient fondus dans le tissu de la société religieuse, se lançant dans leurs projets, jurant de ne jamais renoncer, de toujours se souvenir.
Il ferma les yeux et laissa la musique l’envahir. Aucun accompagnement, ni tintement de cloche, ni notes de l’orgue. La voix humaine, seule, qui s’enflait avant de se taire. La mélodie lui communiquait sa force, et il se prépara mentalement aux heures à venir.
Le chant prit fin. Il observa une minute de
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