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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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de Strasbourg, et deux jeunes aides. Le chirurgien fut invité à faire la dissection. Un des aides prit les photos des différents organes. Il s’agissait de déterminer le comportement de chacun, et tout particulièrement celui des poumons atteints d’œdème, au contact du gaz. Questionnant les tsiganes qui survivaient à l’expérience, nous eûmes quelques éclaircissements sur le rôle de Bickenbach. Les détenus entraient par groupes de deux dans la salle. Un système de guillotine qu’actionnait un électro-aimant permettait de briser, sitôt la porte fermée derrière eux, des ampoules analogues aux petits tubes d’essence en vente dans les bureaux de tabac, d’où se dégageait un liquide volatil avec une forte odeur d’amandes amères, qui laissait supposer une assez forte proportion d’acide cyanhydrique.
    — Avant d’entrer dans la chambre à gaz, la plupart des cobayes recevaient une piqûre : « C’est un tonicardiaque », disait ironiquement Bickenbach. C’était, en réalité, un produit de ses recherches pour permettre à l’organisme de résister au gaz. La durée de l’expérience variait d’un groupe à l’autre, de même que la concentration du gaz dans la salle. À chaque séance, deux des cobayes étaient introduits sans avoir été piqués. Ceux-là étaient immanquablement condamnés à périr.
    — Bickenbach ne revint dans la suite au Struthof que lors de l’évacuation du camp, afin de reprendre son sinistre matériel. Quant à Hagen, il revenait régulièrement une fois par semaine, toujours en compagnie de son secrétaire. Il multipliait ses expériences au Block 5 sur les cachectiques et au Block 8 sur les typhiques. Nous ne sûmes jamais quel était le but précis de ses recherches.
    — En octobre 1942 (113) , le professeur Hirt vint au camp, dans le Block qui servait d’hôpital, et qui, à ce moment, était divisé en deux parties ; une partie appartenait à l’Ahnenerbe, et l’autre servait d’hôpital aux détenus. J’avais à m’occuper de la partie dépendante de l’Ahnenerbe, en qualité de Kapo. Au milieu d’octobre, plusieurs détenus furent choisis par le professeur Hirt, en raison de leur bonne condition physique. Il y avait deux chambres ; dans chacune d’elles on mit quinze hommes. Pendant quinze jours on donna à ces gens la nourriture des S.S. et les expériences commencèrent : des expériences avec un gaz liquide, vers octobre ou novembre 1942. Le professeur Hirt, avant de les sélectionner, leur parla, et leur dit que si certains d’entre eux étaient volontaires, il parlerait à Himmler et s’arrangerait pour les faire libérer. Cependant, on savait dans le camp que d’autres expériences étaient pratiquées dans les autres camps, de sorte qu’aucun ne fut volontaire.
    J.  MacHaney. – Voulez-vous dire au tribunal, à votre façon, comment se sont passées les premières expériences avec ce gaz liquide, si certains des sujets d’expériences moururent, s’ils souffrirent, etc.
    H. – Au cours des premières expériences, le professeur Hirt et l’officier de l’armée de l’air qui pratiquait les expériences, firent déshabiller complètement les prisonniers. Ceux-ci vinrent l’un après l’autre au laboratoire ; j’eus à leur tenir les bras, et une goutte de liquide fut déposée environ 10 cm au-dessus de leur avant-bras. Les gens qui avaient été traités de cette façon durent aller dans une chambre avoisinante, où ils durent rester debout une heure avec leur bras étendu.
    — Dix heures après, environ, des brûlures commencèrent à apparaître, et s’étendirent au corps entier. Partout où une goutte de gaz avait touché le corps, se produisirent des brûlures. Quelques-uns d’entre eux devinrent même partiellement aveugles.
    — Ils souffrirent terriblement, d’une façon difficilement supportable. Il était presque impossible de rester près d’eux. Ils furent photographiés chaque jour, c’est-à-dire à l’endroit des brûlures, et c’est aux environs du cinquième ou sixième jour, que la première mort survint. À ce moment, les morts étaient encore envoyés à Strasbourg, puisque notre camp n’avait pas de crématoire. Cependant, les cadavres furent ramenés, et disséqués à l’Ahnenerbe. La plus grande partie des poumons et des autres organes avait été détruits, et c’est au cours du jour suivant que sept nouvelles personnes moururent. Ce traitement dura approximativement

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