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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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longuement sur des femmes juives et tsiganes. Il avait été chargé par Himmler de découvrir une « méthode » plus rapide, plus efficace et surtout moins onéreuse que celles pratiquées par l’équipe Brack-Schumann.
    Le 7 juin 1943, Clauberg pouvait écrire à son Reichsführer :
    — La méthode est pratiquement au point. Elle peut être pratiquée par une seule injection à l’entrée de l’utérus au cours d’un examen gynécologique habituel. Il sera possible de stériliser probablement plusieurs centaines et même mille personnes par jour, avec un médecin bien entraîné dans un laboratoire bien équipé, avec peut-être dix assistants.

NATZWEILLER-STRUTHOF
    — J’ai vu comment ils pleuraient quand ils étaient désignés, mais ils ne pouvaient rien faire car c’étaient des tsiganes. Ils n’étaient absolument pas volontaires. Il y avait des (tsiganes d’origine) tchèques, des polonais et un hongrois.
    L’homme qui parle ainsi, voix blanche d’émotion, devant le tribunal du procès des médecins à Nuremberg, est un ancien déporté néerlandais du camp de concentration de Natzweiller, Hendrick Nales, infirmier à la station expérimentale Ahnenerbe.
    Ainsi, pour la première fois dans la déjà longue histoire de la Seconde Guerre mondiale, cette « Société pour l’héritage des Ancêtres », qui devait apporter au peuple allemand les preuves de sa supériorité raciale en faisant appel à toutes les disciplines : préhistoire, ethnologie, biologie, etc., s’installait sous son « étiquette » dans un camp de concentration proche de Strasbourg. Il est vrai que Strasbourg, en devenant le siège de la première université S.S. du Reich, tenait une place de choix dans ce rêve insensé du Reichsführer S.S. : « Bientôt ce seront des universités S.S., des collèges S.S., des écoles S.S., qui formeront la jeunesse allemande. » Strasbourg n’était que la première pierre. Strasbourg et Natzweiller-Struthof car, avec la guerre, la déviation de l’intellectuelle Ahnenerbe s’intensifia : désormais toutes les recherches devaient s’intégrer dans un programme de victoire. Et la victoire passait par les expérimentations humaines dans les camps de concentration. L’Ahnenerbe devait provoquer, programmer et financer l’ensemble des travaux des « Médecins Maudits ». Deux grandes séries d’expérimentations étaient réservées à Natzweiller : les gaz de combat et le typhus. Le « matériel humain » que l’on utilisera en priorité sera tsigane.
    Ces tsiganes de Natzweiller venaient de toute l’Europe. Ils avaient remplacé les premiers tsiganes – pionniers du camp – qui avaient été raflés dès les premiers jours de l’occupation de l’Alsace-Lorraine. Ceux-là disparurent rapidement à la carrière. Je n’ai pu retrouver aucun témoignage sur cette époque. L’un des fermiers, proche de Natzweiller, m’a affirmé qu’au cours de la première année, un grand feu alimenté par une trentaine de roulottes et leur mobilier, avait été allumé dans un champ en contrebas de l’entrée du camp. Le feu brûla deux jours.
    — Dans (110) la soirée, un camion monte de la gare. Il amène une trentaine d’hommes, des tsiganes, je crois morts, ou aux trois quarts, sans doute de froid, d’après leur apparence. Les S.S. les extirpent du camion en les tirant par ce qui se présente à eux : pieds ou bras, et les projettent à terre. Si une tête se soulève, elle reçoit aussitôt un solide coup de pied : les infirmiers – les détenus – les chargent trois par brancard et les descendent à l’infirmerie, ou plutôt au crématoire. Beau spectacle d’arrivée, qui attire bon nombre d’entre nous…
    — Je souffre atrocement d’une épaule, qui est bloquée avec de gros craquements d’arthrite et d’une douleur vertébrale consécutive à un coup de manche de pioche reçu dans les premiers jours de mon arrivée. Le tout s’accompagne sans doute de décalcification. La douleur a commencé par apparaître à 4 heures de l’après-midi, puis à midi, puis dès mon lever. Je prélève un morceau de margarine sur ma ration et Chazette me masse chaque soir.
    — À cette époque (janvier-février 1943) un matin, vingt nouveaux – des tsiganes – sont à l’appel : l’un d’eux n’a pas dix ans, un autre ressemble au « bonhomme Michelin », tant il est gonflé d’œdème. Il est traîné à l’appel par les pieds et les bras, par

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