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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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furtivement pour embrasser la menotte. Cette scène provoque des larmes d’indignation dans la colonne des femmes. De nouvelles imprécations sont lancées contre les fascistes et Hitler. Le malheureux père doit quitter son fils. Qui sait ? C’est peut-être la dernière rencontre ?
     
    Le jugement que portent des déportées françaises de Ravensbrück sur leurs compagnes tsiganes est en général sévère, rapide, injuste. Il est, comme nous l’avions noté en ouvrant ce dossier, le résultat logique du « préjugé » et du « refus de comprendre ».
    L’ethnologue Germaine Tillion, en conclusion de cette série de témoignages, apportera une vision et une étude plus objective.
    — Un Block (124) fut spécialement affecté à un peuple de tsiganes, de gitanes, qui, arrêtées sur les routes dans leurs roulottes avec leur progéniture, échouèrent à Ravensbrück. Ces femmes, ces enfants vivaient dans une saleté repoussante, plus tassés encore que dans les autres Blocks, indisciplinés, pillards, voleurs, sans aucun effort pour rendre possible la vie en commun. Les distributions de soupe étaient de véritables bagarres où les plus forts essayaient de s’approprier la part des plus faibles ; il y avait souvent des batailles avec des blessés. Les enfants recouverts de haillons, souvent pieds nus, criaient à longueur de journée et essayaient de voler ce qu’ils pouvaient. Par les fenêtres, ils s’introduisaient, tels des chats, dans les blocks, fouillaient les lits et vendaient ce qu’ils avaient ainsi dérobé.
    — Dévorées de vermine et de gale, ces tsiganes vivaient dans une promiscuité sans nom, ayant avec elles de grands garçons d’une douzaine d’années qui, lors des inspections pour la gale, assistaient à ces exhibitions de nus pendant qu’on badigeonnait ces femmes de pommade.
    — Toutes ces tsiganes furent stérilisées avec leurs enfants : beaucoup en moururent. Le reste partit pour Mauthausen où elles devinrent de terribles et criminelles Blockowas.
    — Vers (125) la fin de l’été 1943, le camp de Ravensbrück encore peu étendu, comptait environ 10 000 prisonnières. Le Block français sortait de quarantaine ; l’on gardait une hygiène relative, et beaucoup d’entre nous n’avaient « presque pas » de poux… Mais quel danger !
    — Les poux donnent la gale, les croûtes et bientôt les plaies purulentes, seule sauvegarde contre le départ en fabrique, le fameux « transport » d’usine dont le souvenir fait frissonner.
    — Alors, pour subir la visite médicale, l’on se procure les poux… « on achète les poux ». Gitanes, Russes, Ukrainiennes surtout, offrent, sous nos fenêtres du Block, leur vermine pour quelques tranches de pain, une margarine ou une soupe de rutabagas versée à la sauvette de gamelle à gamelle, tandis que l’on saisit à pleins doigts les brochettes de « grains de blé »… dont nous nous garnissions le cou et les aisselles. Ne faut-il pas, en effet, les préférer, ces poux rongeurs et tenaces, aux usines du « grand Reich », où il nous répugnait, déportées, politiques, de servir !
    — Évidemment, ce commerce n’eut qu’un temps. Bientôt, grouillant de monde, puant et sordide, le camp devint si misérable que pas une femme ne pouvait se vanter d’être propre. Les « désinfections » mêmes restaient sans effet, l’on était envahies de bêtes, rongées, ulcérées, et sans plus examiner notre état, faibles, malades même, il fallait partir au travail, au camion… au pouf aussi !
    — Horreur (126)  ! En me levant, ce matin, je me suis aperçue que mes pantines avaient disparu ! Je n’en ai qu’une paire. La nuit, je les glisse pourtant sous ma mince paillasse : elles me servent d’oreiller. Et quel oreiller ! Garni souvent de toutes sortes d’immondices !… On a dû me les prendre tandis qu’en pleine obscurité j’étais allée du côté des lavabos voir ce qui se passait. Car j’ai été réveillée par des hurlements au milieu desquels je percevais la voix de Guerda et l’écho des coups de bâton qu’elle infligeait à une prisonnière.
    — J’ai attendu que cet orage s’apaise et, sur mon céans, méditai sur cette scène horrible. Guerda est venue se coucher, telle une furie. Des gémissements se sont alors élevés, émanant des toilettes. Ils ont duré longtemps, longtemps… Comme le dortoir paraissait calme, j’ai voulu me rendre compte.
    — Je me

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