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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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sont de races inférieures qu’il faut détruire. C’est terriblement édifiant. Avec deux de mes compagnes, nous passons la nuit à faire les cent pas. Nous sommes très lasses et nous avons faim. Nous sommes arrivées trop tard pour recevoir la moindre parcelle de nourriture, il faut attendre à demain (133)  ! »
    — Les « triangles noirs » (134) s’appliquaient aux asociales, c’est-à-dire aux prostituées ou aux femmes considérées comme telles. Elles étaient très nombreuses au camp quand nous y arrivâmes. Elles étaient remarquables par leur déchéance physique, leur maigreur squelettique, les maladies effroyables qui transparaissaient sur leur visage hallucinant, d’une couleur terreuse, sans plus rien d’humain. Les triangles noirs étaient aussi portés par les « gitanes » ; celles-ci formaient des colonies entières et étaient particulièrement redoutées à cause de leurs instincts de rapine. Toute ma pitié allait vers les enfants insouciants qui, groupés avec leur mère dans notre quartier, pleuraient, riaient, criaient. Une nourriture à peine plus substantielle que la nôtre, quelques soupes un peu meilleures (dont la Blockowa et ses satellites s’appropriaient une bonne partie), les soutenaient tant bien que mal. Toutefois, ils n’étaient pas tristes. Ils avaient renouvelé la gamme des jeux héréditaires : ils jouaient aux appels, ils donnaient des « Meldungen » ; ils s’envoyaient au « Strafblock ». Au-dessous de nous, dans un seul lit, trois petites filles hollandaises de deux à six ans dormaient avec leur mère. Les enfants de moins de sept ans dormaient avec leur mère. Les enfants de moins de sept ans étaient dispensés des appels du matin. Mais ils étaient assujettis aux « appels généraux » qui occupaient parfois les après-midi entiers du dimanche.
    — Des (135) femmes tsiganes enceintes furent quelques jours après jointes au convoi N.N. vers Mauthausen. Une d’entre elles accoucha à la lueur d’une bougie avec l’aide d’une de nos camarades médecin, dans le wagon à bestiaux ou quatre-vingts femmes étaient entassées. Nous n’avons pas revu le bébé dans nos Blocks.
    — Les témoignages les plus anciens que nous possédions, en ce qui concerne la présence d’enfants à Ravensbrück, si l’on exclut celle des nourrissons nés, remontent à 1942. Des prisonnières anciennes ont signalé qu’au début de cette année elles avaient connu deux petites tsiganes de neuf à dix ans. Que sont-elles devenues ? Personne ne peut le préciser. Les déportées les entouraient de leur mieux, s’en occupaient affectueusement. Elles étaient attachées à l’atelier de couture, dirigé par la surveillante S.S. Massar. Les prisonnières leur apprenaient à coudre et en même temps à lire et à écrire.
    — En 1942 et 1943, des enfants tsiganes, juifs ou demi-juifs vécurent au camp. La plupart était de nationalité polonaise. Souvent ils étaient seuls, séparés de leur famille. Ils disparaissaient dans « la nuit et le brouillard » sans laisser de traces.
    — Une (136) gitane avait tenté de s’évader et avait été reprise. Les autres durent rester à regarder pendant qu’on la battait et qu’on lâchait les chiens sur elle. Les gardiens allemands l’ont alors mise dans le Block des punis, et ont dit aux autres internées qu’elles pouvaient en faire ce qu’elles voulaient, car c’était à cause d’elle qu’elles avaient dû rester dans le froid glacial. Quelques prisonnières du Block des punis l’ont battue à mort.
    — La (137) neige recouvre le sol, il fait froid, nous toussons, nous grelottons : pendant deux heures, nous restons ainsi dehors et plusieurs d’entre nous contractent bronchite, pneumonie, pleurésie, congestion, c’est-à-dire la mort. Nous sommes dirigées vers le Block 16, Block occupé par les tsiganes et entièrement dirigé par elles. Elles sont allemandes, gitanes, portent un triangle noir, sont filles galantes pour la plupart. Nous n’avons pas de lits, les tsiganes y sont logées avec leurs gosses et nous, Françaises, nous n’avons pour nous coucher, que quelques paillasses par terre. Elles nous mettent souvent dehors et, pendant ce temps, elles rognent les parts de pain, de margarine qu’elles doivent nous distribuer.
    — Nos vêtements reviennent de la désinfection et sont confiés aux tsiganes. Avec mes compagnes Besn… et Gou… nous cherchons en vain nos paquets, nous ne

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