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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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la page 81, vous trouvez le tsigane 6521, probablement tchèque, Rositzka Joseph, né le 18 décembre 1909, que j’ai également vu mort.
     
    — « En (116) février 1944, je fus affecté à l’infirmerie du camp, Block 5, pendant la maladie du docteur Paulssen, médecin norvégien de l’infirmerie. À mon arrivée à l’infirmerie, le Kapo luxembourgeois Roger Kanten me prit à part, et me recommanda la plus grande discrétion, même après la guerre, sur ce que je pouvais y voir. Je pus constater en effet les jours suivants que quatre-vingts tsiganes d’Europe Centrale, étaient hospitalisés dans deux salles du Block 5, dans des conditions très particulières. Ils étaient divisés en deux lots de quarante, et groupés dans deux salles de dimensions restreintes. Quelques jours après, arriva une personnalité que l’on appelait le professeur. Il venait en auto de Strasbourg, accompagné d’une laborantine… Il se rendit au laboratoire qui se trouvait à côté des deux salles de tsiganes ; les quarante occupants de l’une des salles défilèrent un par un, dans ce laboratoire. Le Kapo accompagnait le professeur, qui venait une fois par semaine. Quand son état fut amélioré, le docteur Paulssen l’accompagna également.
    — J’ai pu comprendre par la suite que ces visites marquaient le début d’une expérience sur l’efficacité de la vaccination anti-typhique. Les tsiganes de la première salle étaient vaccinés, ceux de la deuxième ne l’étaient pas. Je pus le savoir, lorsque je fus convoqué subitement chez le professeur ; on me mit torse nu, et la laborantine me fit une injection de vaccin. Au bout d’un certain temps, des précautions furent prises pour accroître l’isolement des tsiganes. Le personnel de l’infirmerie chuchotait à propos du danger de contagion de typhus exanthématique. Le professeur vint un matin, et tous les tsiganes sans exception passèrent dans son laboratoire. Ils en sortaient avec une scarification sur le bras. Je pus savoir par un infirmier norvégien qui assistait le docteur Paulssen, que l’on avait procédé à l’inoculation du typhus exanthématique à tous ces tsiganes, aux quarante vaccinés comme aux quarante non vaccinés. Le docteur Paulssen et le Kapo étaient présents dans le laboratoire avec le professeur et sa laborantine, au moment de l’inoculation.
    — Les tsiganes furent enfermés dans leur chambre, la clé de celle-ci restant entre les mains de l’infirmier norvégien. Ils ne pouvaient se rendre aux cabinets qu’en groupe, accompagnés par cet infirmier, et à ce moment, les portes des salles de malades étaient fermées. Ils avaient d’ailleurs des cabinets à part. L’infirmier norvégien et le docteur Paulssen étaient chargés de relever une fois par jour leur température. Au dixième jour, je pus constater que les températures de tous ceux qui n’avaient pas été vaccinés (quarante), subissaient une poussée brutale à 39° ou à 40°. Quelques-uns parmi les autres, présentèrent également des poussées fébriles. Je ne pus suivre le reste des expériences, ayant été subitement à cette époque envoyé en Kommando. À mon retour au mois de mai, j’essayai d’obtenir du docteur Paulssen quelques détails sur les suites de cette expérience. Je n’en obtins aucun.
    — J’ajoute qu’il s’agissait, selon l’infirmier norvégien, du professeur Hagen. J’ai été appelé, alors que j’étais à l’infirmerie, à deux reprises, dans la salle des tsiganes vaccinés, pour donner des soins à l’un d’entre eux qui, à chaque injection de vaccin, faisait une crise de nerfs, et perdait connaissance. Il avait une insuffisance mitrale.
    — Ces tsiganes n’étaient ni criminels ni délinquants ; ils avaient été arrêtés parce que nomades, et considérés par les nazis à ce titre, comme asociaux, dont ils portaient le triangle noir. Ils n’étaient pas volontaires, et n’avaient pas été le moins du monde consultés. Nous avons été témoins de l’arrivée de ces tsiganes au camp de Natzweiller, dans des conditions épouvantables. C’était pendant une tempête de neige. Ils descendaient en grelottant, malmenés par les S.S., avec pour tout costume du tissu rayé en cellulose. Ils avaient voyagé plusieurs jours au froid, et sans nourriture.

RAVENSBRÜCK
    — J’avais (117) dix-sept ans quand je fus emprisonné en juin 1939. Les S.S. nous avaient dit que nous allions dans un camp de

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