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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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expériences « scientifiques » et à Ravensbrück, si quelques Allemandes ont été stérilisées à titre punitif et individuel, comme stérilisations en série il n’y eut que celles des tsiganes – y compris les toutes petites filles.
    — Et pourquoi ? Quel fut le crime de ces pauvres gens ? car si leur niveau de culture était bas, à qui est-ce la faute, sinon de l’indigne peuple allemand qui les avait sous sa tutelle depuis des siècles sans avoir jamais rien fait pour eux avant d’entreprendre leur massacre – indigne peuple qui n’a su que tuer tout ce qui était sans défense.

Wilna.
     
    — Deux carabiniers (139) m’ont emmenée dans leur voiture à la gendarmerie de Mortebliano, où j’ai passé deux jours. Pendant la nuit, il y eut un bombardement. Les carabiniers se sauvèrent en laissant la porte de la gendarmerie ouverte. Mon amie me conseilla de fuir. Mais j’avais peur qu’on nous retrouve et qu’on nous tue. Nous avons encore passé quinze jours en prison à Udine. Il y avait beaucoup de femmes. Des camions sont venus nous chercher et on nous a fait monter dans des wagons à bestiaux : une cinquantaine de femmes et deux fascistes armés d’une mitrailleuse par wagon. On ne pouvait rien voir dehors. Les partisans ont arrêté le train à deux endroits pour nous libérer mais n’y réussirent pas. On a entendu des coups de feu et les fascistes nous disaient de baisser la tête. Quelques hommes sont parvenus à s’échapper. Le voyage a duré six jours. On ne nous donna à manger qu’à deux arrêts. La première fois, quelque chose de liquide dans un petit verre en carton. Nous étions fatiguées. Il n’y avait que des bancs pour s’asseoir et on ne nous laissait pas sortir. Le sol des wagons était humide et nous avions les pieds gelés. Nous n’avions qu’une idée, celle d’arriver quelque part pour nous reposer. Comme nous étions obligées de rester assises, il était impossible de dormir. On ne nous laissait même pas nous déplacer pour nous soulager et nous faisions nos besoins sur place.
    — À l’entrée du camp, il y avait des grilles. Un Allemand me frappa au visage avec sa ceinture, parce que je ne l’avais pas salué en arrivant. Je ne savais pas qu’il fallait le faire. Beaucoup d’autres femmes ne le saluaient pas, mais c’est moi qui fus punie parce que j’étais la plus proche de lui. Le bâtiment d’entrée était beau. Nous pensions aller dormir dans une baraque. On nous emmena aux bains, où on nous fit déshabiller complètement. On nous donna l’uniforme du camp sans prendre garde aux tailles. Après le bain, on nous emmena dans d’autres bâtiments. Les premiers étaient réservés aux Allemands. On nous envoya tout au fond. Le camp s’appelait Ravensbrück. Nous étions épuisées, avec les pieds gelés. Il y avait six couchettes, l’une au-dessus l’autre avec des sacs de paille en guise de matelas mais aucune couverture. J’espérais que nous aurions quelque chose à manger, mais on ne nous donna rien. Le lendemain on nous apporta un mélange de carottes, de raves et de pommes de terre, comme on en donne aux cochons. Il n’y avait ni casserole, ni assiette. On se servait avec les mains en se brûlant les doigts, de crainte qu’il ne reste rien si on attendait. On nous donnait à manger de temps en temps, une fois tous les huit ou quinze jours. Au bout d’une dizaine de jours, je voulus passer la visite médicale parce que j’avais les pieds gelés. Un certain nombre de malades ne tenaient plus debout. Je demandai à une compagne où on les emmenait. Elle me dit qu’on les brûlait encore vivants. Je fus saisie de peur, et me déclarai guérie.
    — On se couchait sur les paillasses le soir à 9 heures. Mais on ne pouvait pas dormir parce qu’on était tassées comme des sardines dans une boîte. On nous réveillait pour l’appel à 4 heures, mais on ne nous comptait qu’à 9. On ne nous appelait pas par notre nom. On criait « zelape » (rassemblement) et tout le monde devait sortir, même les morts. Ensuite on nous comptait. Souvent après avoir attendu cinq heures debout, des femmes tombaient. On les emmenait sur un brancard pour les brûler. Après l’appel, on nous envoyait faire un travail qui ne servait à rien. Nous faisions des tas de cailloux que nous aplatissions ensuite. À midi, les gardiens allaient déjeuner. Pas nous. Nous attendions dans les baraquements jusqu’à deux heures. Puis le travail

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