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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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Postumia.
    — « Je suis partie de Ljubljana pour Trieste en train, avec mes amies Muja et Mitzka, qui ne m’avaient pas quittée. Un camion nous emmena de Trieste à Udine. Mes parents campaient à côté d’un pont, près d’Udine. En approchant d’Udine, nous tendions le cou pour voir si l’un des nôtres campait par là. Nous les cherchions, ils nous cherchaient de leur côté. Mes parents continuaient à demander si on attendait d’autres retours d’Allemagne. Branco, mon frère aîné, et les enfants de Muja et de Mitzka guettaient les camions qui passaient. Nous les avons salués, mais les pauvres ne savaient pas où l’on nous emmenait. Nous devions, en effet, nous arrêter à une école. Mon frère attela aussitôt une charrette pour suivre les camions. Quand ils s’arrêtèrent, nous avons attrapé nos sacs et nous sommes sauvées dès que nous avons vu nos parents. Nous sommes parties sans nous faire inscrire à l’école par peur d’être emmenées Dieu sait où. Aujourd’hui, il nous serait peut-être utile de l’avoir fait.
    — « Mon frère m’emmena chez mon père et ma mère, qui furent stupéfaits de me voir, car ils me croyaient morte, et se mirent à pleurer. Ils ne firent pas de grande fête, de peur que je ne sois malade. Je demandai des nouvelles de Tsigari, mais ils ne savaient pas exactement où il se trouvait. Ils me dirent qu’il était près de Padoue. Beaucoup d’autres Rom avaient été envoyés en Allemagne et tout le monde les attendait dans la région d’Udine et de Palmanova. Mais nous n’étions que trois femmes à être revenues. Sachant que notre convoi était le dernier, les parents des Rom qui habitaient Palmanova vinrent demander des nouvelles des leurs à Udine. Ils apprirent que nous étions les seules à être rentrées. On prévint le pauvre Franze Levakovich à Palmanova. Il essaya d’avertir Tzigari par téléphone à Padoue. J’appris finalement qu’il se trouvait à Casarsa di Tagliamento, où mon frère me conduisit. Je le trouvai avec un de ses cousins, Yoyo Hudorovich, qui avait une charrette et un cheval. Nous nous sommes immédiatement disputés, parce qu’il m’avait dit des choses qui me déplaçaient. Yoyo nous fit boire pour faire la paix et mettre de la gaieté. Mes parents arrivèrent deux ou trois jours plus tard et me dirent de lui pardonner. Nous n’avions plus rien. Nous sommes donc repartis sur les routes pour gagner quelque chose.
    — « J’ai souvent raconté cette histoire à mon mari, à mes enfants, ou à d’autres, le soir devant le feu, et ils ont souvent pleuré en m’écoutant. Ils ne croyaient pas ce que je disais, parce qu’il leur paraissait impossible qu’on puisse rester aussi longtemps sans manger. Plus tard, ils ont vu des films et ils me demandaient si c’était vrai. Mais ils ne croient peut-être pas encore qu’on puisse résister à tant de misère. Et moi aussi, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir rêvé. »

Stérilisations.
     
    — Accusé (141) par une prisonnière du Revier d’avoir fait pratiquer des stérilisations de femmes et de jeunes filles à Ravensbrück, le commandant Suhren rétorqua avec bonne conscience :
    — « Non seulement des stérilisations de femmes, mais aussi d’hommes et d’enfants, mais c’étaient des tsiganes. »
    — Cette restriction le justifiait si bien qu’il avouait de lui-même avoir autorisé cette stérilisation de petites tsiganes, jugées de race inférieure.
    — Certains tsiganes, ayant été mobilisés dans l’armée allemande, leurs familles eurent droit à des « ménagements » bien que les tsiganes, comme les juifs, aient été destinés à être détruits. À Ravensbrück, leurs femmes et leurs enfants reçurent la promesse d’une libération si elles consentaient à se faire stériliser. Elles devaient signer un formulaire imprimé, par lequel elles acceptaient non seulement leur propre stérilisation, mais aussi celle de leurs filles. Toutes les mises en garde des prisonnières du bureau du Revier, des infirmières et des médecins furent vaines. Leur espoir d’une libération était si fort qu’elles préféraient accepter les risques de l’opération qui en était encore au stade expérimental, et la mutilation qu’elle représentait.
    — Cent (142) vingt ou cent quarante petites tsiganes furent opérées du 4 au 7 janvier 1945. Les plus jeunes n’avaient que huit ans. Un spécialiste de ces expériences,

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