L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

continuer régulièrement leurs livraisons.
    Service médical.
    À vrai dire, l’état sanitaire n’est pas brillant : presque tous les enfants sont fortement enrhumés. Il y a eu un cas de diphtérie (heureusement isolé) et en bonne voie de guérison, deux cas de grippe parmi les grandes personnes, un cas de conjonctivite purulente.
    Cinq femmes sont dans un état de grossesse avancée, l’une d’elles a dû être transportée d’urgence à la maternité de Gâtine-en-Isse le 3 décembre dans la soirée.
    En outre, la propreté corporelle est dans l’ensemble plus que relative. En résumé, en l’état actuel, le camp ne peut être qu’un foyer d’épidémie.
    Il serait désirable que :
    1. Les nomades soient épouillés et sérieusement douchés, leurs vêtements étuvés avant d’entrer dans le camp, et de prendre contact avec la collectivité (lorsque celle-ci aura été assainie).
    2. Un lavabo utilisable soit installé pour les hommes et un autre utilisable par les femmes. Un local pour douches devrait également être installé. Les internés y passeraient obligatoirement au moins une fois par semaine, à tour de rôle.
    Dès à présent, les couvertures sont battues au moins une fois par semaine et chaque fois que le temps le permettra, les literies seront sorties des dortoirs et exposées au soleil.
    On étudie actuellement la possibilité de se procurer un désinfectant efficace pour les latrines et pour mélanger à l’eau d’arrosage avant le balayage des dortoirs. Cette opération pourrait être prévue une ou deux fois par semaine et obligatoirement lorsqu’un cas de maladie contagieuse aurait été constaté.
    La plupart des nomades n’ont pas été vaccinés contre la variole depuis de longues années ; la grosse majorité des enfants ne l’a jamais été. La vaccination semble devoir être obligatoirement pratiquée au plus tôt.
    Suivant les instructions de M. le docteur chef des Services d’hygiène de la Loire-Inférieure, une infirmerie a été organisée, les « suspects » y sont immédiatement isolés. Une chambre de cinq lits pour les hommes et une autre du même nombre de lits est prévue pour les femmes et enfants au-dessous de cinq ans. Peut-être serait-il bon de prévoir un local d’isolement pour les cas nettement contagieux.
    Un rapport spécial sera présenté au sujet de la nourriture. À l’heure actuelle, on ne peut aller qu’au plus pressé. La nourriture est, cm nature et en qualité, la même pour tous les âges. Sans tendre à exagérer le bien-être et les précautions, il semble qu’il serait prudent d’organiser une alimentation spéciale pour les moins de cinq ans parmi lesquels le docteur a constaté déjà plusieurs cas d’entérite. Une nomade choisie parmi les mères les plus propres pourrait recevoir la charge de faire cette cuisine moins grasse comportant plus spécialement des bouillies et des panades et des bouillons maigres.
    L’entrée au camp de toute boisson alcoolisée (vin compris) est absolument interdite ; sauf ordre contraire de l’Administration, cette mesure sera maintenue.
    Le local destiné au logement des deux infirmières est évacué par l’occupant. Ces dames ou demoiselles n’auront aucun confort et leur nourriture sera assez difficile à assurer ; aucune ressource dans le hameau de la Forge et il est difficile d’envisager de les faire vivre soit à l’ordinaire, soit à la popote du détachement de gendarmerie. Elles n’auront pas le temps de s’occuper de leur nourriture, même en admettant que le chef de camp se charge de les ravitailler. Il serait nécessaire de mettre un fourneau de cuisine à leur disposition ainsi qu’une nomade propre qui leur servirait de cuisinière.
    Organisation du travail.
    Bien que les chefs de détachement de gendarmerie soient actuellement chargés de cette organisation et bien qu’ils arrivent à occuper les nomades à des corvées intérieures ou peu éloignées du camp, il semble qu’il y aurait lieu de décider que le chef de camp sera qualifié pour organiser le travail.
    En effet, les relèves périodiques relativement fréquentes constituent un obstacle à une suite indispensable dans la direction. Les corvées et les travaux actuellement sont pour ainsi dire improductifs et sont exécutés sans aucun enthousiasme par les nomades qui n’en retirent aucun bénéfice.
    La constitution d’une sorte d’atelier commun présente certaines difficultés ; local, genre