L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
les plus misérables ont donné les résultats les plus décevants : les parents cédant les chaussures et habits donnés pour une bolée de cidre ou un paquet de tabac.
En vous priant d’excuser cette longue lettre, je vous demande, monsieur le sous-préfet, d’agréer l’assurance de mon respectueux et absolu dévouement.
Signé : Leclercq.
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27 février 1941
Le Préfet de la Loire-Inférieure
(Cabinet du Préfet)
J’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli, un plan schématique du camp « C » de Châteaubriant que les autorités occupantes mettent sous certaines réserves, à la disposition de l’Administration préfectorale.
L’ensemble comprend, à l’intérieur d’une enceinte en fil de fers barbelés rendant toutes évasions impossibles, trente-deux grands baraquements en bois recouverts de tôle ondulée.
Sur ces 32 baraquements, 20 sont immédiatement utilisables, 9 autres en voie d’achèvement et 3 inutilisables, n’étant pas couverts.
Il y a en outre une installation de douches et d’étuvage, un groupe de bâtiments en maçonnerie à usage de ferme (habitations et dépendances) et un autre grand bâtiment en maçonnerie à usage d’écurie.
Dès maintenant, 335 romanichels arrivent au camp. Pour faciliter la surveillance, éviter que les nomades se répandent dans le camp et y pillent tout selon leur coutume, une séparation en fils de fer barbelés a été aménagée pour délimiter la partie du camp attribuée aux nomades.
Tel que le camp est ainsi prévu, il pourra contenir :
– 500 nomades.
– 400 indésirables.
– 800 communistes.
Le Sous-Préfet.
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Châteaubriant, le 6 mars 1941
Le capitaine Leclercq, commandant de concentration de Châteaubriant
à M. le sous-préfet de Châteaubriant,
Monsieur le Sous-Préfet,
Le transfèrement du camp de concentration des nomades de La Forge en Moisdon-la-Rivière est terminé ce jour. Aucun incident sérieux ne s’est produit. Les locaux évacués ont été laissés dans le plus grand état de propreté et tout le matériel qu’il n’était pas utile d’amener à Châteaubriant et qui pouvait être laissé sur place sans risquer de détérioration a été soigneusement rangé et mis à l’abri.
La plus grosse difficulté résidait dans le transport des roulottes qu’il ne pouvait être question d’abandonner à Moisdon sans surveillance et sans entretien. Leur remorquage par automobile aurait été extrêmement long puisque pratiquement on ne pouvait disposer que de deux camions susceptibles de remorquer les véhicules dont il s’agit, à raison d’une voiture par voyage, soit au maximum 8 par jour (4 tours). Il y aurait eu une consommation d’essence absolument hors de proportion avec l’utilité de ce mouvement en cause. (Plus de 300 litres qui auraient pu faire défaut pour d’autres besoins plus pressants.) En outre la dépense aurait été de l’ordre de 3 600 F en chiffres ronds.
Ces considérations m’ont décidé à me mettre en rapport avec un cultivateur connu et estimé de Moisdon qui s’est chargé de grouper des chevaux et des conducteurs du pays lesquels ont consenti à exécuter le remorquage de toutes les roulottes moyennant le prix forfaitaire de 75 F par cheval et par jour. Les cultivateurs ayant demandé le paiement comptant et l’avance qui m’a été consentie ne suffisant pas à régler cette dépense, j’ai prié M. Bellœil de les payer immédiatement et d’établir une facture que je comprends dans le bordereau de février 1941 sous le numéro 87.
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Châteaubriant, le 9 mars 1941
Le capitaine Leclercq, chef du camp de concentration de Choisel à Châteaubriant à M. le président du Secours National pour le département de la Loire-Inférieure. Nantes.
Monsieur le Président,
Suivant les directives de M. le sous-préfet de Châteaubriant, j’ai l’honneur de signaler à votre haute et bienveillante attention, la situation lamentable dans laquelle se trouvent – au point de vue vestimentaire – les individus internés par mesure administrative au camp de concentration de Choisel installé à Châteaubriant.
À l’heure actuelle, l’effectif est de 357 personnes (nomades et indésirables) se décomposant comme suit :
Homme : 96
Femmes : 69
Jeunes gens de 15 à 20 ans : 32
Enfants de 5 à 15 ans : 106
Enfants de moins de 5 ans : 54
La plupart des hommes n’ont plus de chaussures,
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