L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
voire même violence à la gendarmerie, demeurent sans aucune suite.
Il est à remarquer également que des indices précis montrent que cette femme et ses filles, dont il a été trop souvent question, sont des instigatrices des évasions pour lesquelles elles font une propagande très active.
Une punition exemplaire paraît indispensable.
Le chef de camp demande à ce qu’elle soit infligée.
À Châteaubriant, le 17 juin 1941
Le capitaine Leclercq, chef de camp
Signé : Louis Leclercq.
Avis de Monsieur le Sous-Préfet de Châteaubriant :
Porter la sanction à 15 (quinze) jours de prison et avertir l’intéressée qu’au cas de récidive une sanction exemplaire sera demandée à monsieur le ministre, secrétaire d’État à l’intérieur.
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Le capitaine Leclercq, chef du camp de concentration de Choisel à
M. le sous-préfet de Châteaubriant,
N° 324/M.
Monsieur le sous-préfet, j’ai l’honneur de vous rendre compte que je me suis préoccupé de savoir les causes du mécontentement et du mauvais esprit qui se manifestent depuis quelques jours parmi les internés.
Le retour des beaux jours constitue évidemment une sorte d’invitation au voyage que l’existence normale des internés fait aisément comprendre. C’est au printemps qu’ils reprennent habituellement leurs randonnées après s’être stabilisés pendant l’hiver. Leur internement leur devient plus sensible et moins tolérable.
Mais une autre raison existe également ; les nouvelles les plus fantaisistes (telle que la remise en liberté d’internés dans les départements voisins, existence beaucoup plus agréable dans les autres camps) sont constamment colportées dans le camp où elles parviennent de deux manières : les visites et la correspondance.
Je vous ai demandé par ma lettre n° 321/M de ce jour de vouloir bien approuver la proposition de supprimer les visites ou tout au moins à les limiter autant que possible.
Pour la correspondance (absolument libre jusqu’à présent), peut-être jugerez-vous possible et utile de décider qu’à l’avenir les lettres arrivant ou partant du camp ne seront plus acceptées qu’ouvertes et seront visées par le chef de camp avant leur départ ou avant leur distribution aux internés.
Cette mesure qui n’a rien d’illégal, ni d’arbitraire, pouvait être considérée comme superflue lorsqu’il n’y avait que des nomades. Elle semble très désirable maintenant que le camp abrite une quarantaine d’indésirables et elle sera encore plus utile lorsque des « politiques » seront internés. Les renseignements qui pourraient être obtenus de cette manière feraient l’objet d’un rapport hebdomadaire qui vous serait adressé et qui pourrait être particulièrement intéressant pour la Sûreté générale.
Signé : Leclercq.
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Châteaubriant, le 22 mars 1941
Le capitaine Leclercq, chef du camp de concentration de Choisel à
Châteaubriant à M. le sous-préfet de Châteaubriant,
N° 321/M.
Monsieur le Sous-Préfet,
J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’à la suite de perquisitions faites dans les roulottes par la gendarmerie, il a été découvert, le vendredi 21 mars vers 20 heures, une carabine de précision, deux fusils de chasse en état de fonctionnement. Le samedi 22 mars 1941, sur dernier avis d’avoir à remettre sans délai toute arme à feu encore dissimulée, un revolver en mauvais état et un fusil de chasse en état de fonctionnement, ont été apportés au corps de garde.
M. l’adjudant David, commandant le détachement de gendarmerie, a dressé procès-verbal de saisie des armes dont il s’agit. Il vous le transmettra suivant la voie normale dès qu’il aura pu le clore ce qui dépend de la suite que les autorités occupantes donneront à cette affaire. Régulièrement les armes doivent être remises à la Kreiskommandantur et les autorités occupantes peuvent demander que les détenteurs des armes dont il s’agit leur soient remis, ou décider que la justice française se saisisse de l’affaire.
Conformément à vos directives, j’ai invité M. l’adjudant David à attendre vos instructions avant de remettre les armes à la Kreiskommandantur (22) .
Ainsi que je vous l’ai exposé verbalement, l’état d’esprit des internés n’est pas très bon. Sans s’exagérer la portée des découvertes d’armes, il semble qu’il y aurait intérêt à faire un exemple sévère et certainement
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