L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
les Allemands seront plus stricts que les autorités judiciaires françaises.
D’autre part, ainsi que je vous en ai rendu compte la rumeur du camp donne à prévoir que de nouvelles armes dangereuses pourraient être introduites dans le camp soit par des visiteurs, soit dans des paquets adressés aux internés, soit par les internés qui obtiennent exceptionnellement l’autorisation de sortir du camp. Je vous demande de bien vouloir approuver la consigne suivante à donner au détachement de gendarmerie :
Visites et sorties absolument supprimées jusqu’à nouvel ordre. Fouille minutieuse de tout interné ayant été en ville pour un motif quel qu’il soit ainsi que de tous les paquets arrivant à l’adresse des internés.
Nouvelles perquisitions minutieuses dans les chambrées et dans les roulottes.
Veuillez agréer, monsieur le sous-préfet, l’assurance de mon respectueux et absolu dévouement.
Signé : Leclercq.
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NOTE DE SERVICE
N° 372/M.
Par application des articles 13 et 26 du règlement des centres de séjour surveillé, les nommés LASALLE Louis et NOURY Maria, qui se sont évadés dans la nuit du 29 au 30 mars 1941 et qui ont été ramenés par la gendarmerie le 1 er avril 1941 dans la matinée, seront incarcérés aux locaux disciplinaires pendant huit jours à compter du 1er avril à 10 heures du matin jusqu’au 9 avril même heure…
II. Ils seront tenus à la disposition de M. le Procureur de la République auquel sont transmis les procès-verbaux établis à leur encontre pour recevoir application de l’article 4 du décret-loi du 18 novembre 1939 qui prévoit pour les évadés un emprisonnement d’un à cinq ans.
III. Étant donné l’état de malpropreté corporelle dans lequel ils ont été ramenés et l’impossibilité de les débarrasser par un autre moyen de la vermine dont ils sont remplis, ils seront contraints, si besoin est, de passer à la douche chaude et de se faire couper les cheveux.
Châteaubriant, le 2 avril 1941
Le chef de camp,
Signé : Leclercq.
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Châteaubriant, le 2 avril 1941
Le capitaine Leclercq, chef du camp de concentration de Choisel à
M. le sous-préfet de Châteaubriant,
N° 178/M.
Monsieur le Sous-Préfet,
J’ai l’honneur de vous rendre compte que les funérailles des trois enfants décédés au camp dans les conditions que je vous ai exposées téléphoniquement, ont eu lieu dans la journée du 4 courant. Le jeune Schmitt Pierre, n° 302, décédé le 1 er février 1941, a été inhumé à 10 h 30 aux frais de sa famille.
Le jeune Bengler Louis, n° 282 a été inhumé à 16 h 45. La famille se prétendant sans aucune ressource, pour éviter des lenteurs, je me suis porté garant près du menuisier, du fossoyeur, etc., du paiement des quelques frais entraînés par un enterrement. Je n’ai pas voulu recommencer l’expérience que j’ai faite à Saint-Etienne en janvier 1940 où un Marocain, décédé à l’hôpital, est resté dix jours au dépositoire, en attendant que les formalités relatives aux dépenses de ses obsèques aient été remplies.
Par précaution, dix personnes seulement ont été autorisées à suivre les convois mortuaires. Il n’y a eu aucun incident à signaler.
L’émotion causée par ces trépas rapprochés se calme lentement.
Il est inutile de vous dire que les commentaires sont nombreux tant dans la population du camp que dans la population du bourg et des hameaux. Naturellement tous les bruits plus ou moins tendancieux qui circulent sont immédiatement démentis. Il n’y a pas d’épidémie.
Toutefois, la question reste entière ; si des améliorations sensibles ne sont pas apportées (surtout au point de vue installation), de nouveaux décès sont inévitables. Il est très facile d’organiser très rapidement une organisation permettant d’éviter une recrudescence de la mortalité infantile. Chaque jour, presque chaque heure augmente le réel danger que je ne dois pas laisser ignorer à l’Administration. Le temps perdu ne se regagnera pas ou ne se regagnera que fort difficilement. Vous n’ignorez pas que depuis six semaines ces questions n’ont fait aucun progrès sensible. Tout le personnel du camp fait de bon cœur tout son devoir ; l’infirmière et moi-même travaillons au moins douze à treize heures par jour. Presque chaque nuit, nous sommes appelés à l’aide pour les malades. Nous ne pouvons pas refuser notre intervention, mais
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