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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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nous avons les mains liées par le manque de moyens matériels qui sont constamment promis, mais qui n’arrivent jamais.
    Il ne m’appartient pas de conclure. Mais permettez-moi de vous demander s’il y a intérêt à ce que le personnel du camp se voit obligé de quitter les lieux vaincu par le découragement et la fatigue d’autant plus grande que trop souvent, pour ne pas dire toujours, nous avons l’impression de nous dépenser tout à fait inutilement puisque tacitement les moyens de remédier à la situation peu brillante qui est la nôtre nous sont refusés.
    Veuillez agréer, monsieur le sous-préfet, l’assurance de mon très respectueux dévouement.
    Signé : Leclercq.
    *
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    Le chef du camp de concentration de Choisel à M. le sous-préfet de Châteaubriant,
    N° 409/M.
    Monsieur le Sous-Préfet,
    J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’en vue d’organiser un atelier de vannerie (pour lequel il y a déjà un certain nombre de commandes fermes), j’ai autorisé quatre nomades à aller, sous escorte, ramasser de l’osier sur les talus bordant la voie ferrée avec autorisation de M. le chef de gare.
    Ces quatre hommes sont rentrés au camp en état d’ivresse complet, avec un peu d’osier parmi lequel étaient cachés plusieurs litres de vin. L’escorte ne peut être accusée de négligence : l’adresse des nomades est telle que la surveillance la plus active réussit toujours à être déjouée. Les sanctions nécessaires ont été prises envers les coupables. Mais il importe également de s’opposer au retour de pareils faits. En conséquence, je refuse systématiquement toutes les demandes d’autorisation de sortir pour cueillir de l’osier. Cette mesure a évidemment pour effet de priver les artisans de matière première.
    Après réflexion, il m’a semblé qu’il serait peut-être possible d’organiser quelques corvées de ramassage d’osier par les Nord-Africains P.G. mis à la charge de Châteaubriant par les autorités occupantes. Je me suis entretenu de la question avec la mairie qui ne verrait aucun inconvénient à procéder de cette manière. Les corvées apporteraient l’osier au camp où je le prendrais en charge et où il serait remis aux travailleurs au fur et à mesure de leurs besoins. Il serait ainsi possible de faire travailler utilement près de la moitié des internés nomades sans avoir l’ennui de scènes d’ivresse consécutives à toutes les sorties quels qu’en soient les motifs.
    Si vous voulez bien partager cette manière de voir, il vous suffirait de donner votre accord téléphonique à la mairie de Châteaubriant pour que la chose soit mise au point.
    Veuillez agréer, monsieur le sous-préfet, l’assurance de mon très respectueux dévouement.
    Signé : Leclercq.
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    Camp de concentration de Choisel
    B) N° 430/M
    Compte rendu de punition infligée à un interné
    Nom et prénom  : LIMBERGÈRE Armand. Matricule 391.
    Nature de la punition  : huit jours d’internement dans un local disciplinaire.
    Motif  : « Malgré les ordres réitérés, faisait de la musique et chantait à 23 h 30. Sur l’intervention de la gendarmerie, s’est tu momentanément, puis a incité ses camarades à recommencer en déclarant qu’il « chiait sur les gendarmes ».
    Circonstances de la faute.
    Le règlement intérieur du camp prévoit silence absolu à partir de 21 h 30. Il est difficile de l’obtenir et des plaintes ont déjà été formulées à ce sujet. Le 15 avril 1941, les internés d’une baraque faisaient grand tapage à 23 h 30 dansant, chantant et se disputant. Ceux qui avaient l’intention de dormir en étaient empêchés par ceux qui entendaient continuer leurs amusements.
    Une patrouille commandée par le maréchal des logis chef Molinée, est intervenue et a imposé silence. À peine était-elle sortie de la baraque que le nommé Limbergère Armand a recommencé à vociférer et a essayé d’entraîner ses camarades en employant à l’adresse des gendarmes l’expression ordurière consignée dans le motif de punition. Arrivé au camp le 24 mars dernier, venant de la maison d’arrêt de Nantes où il subissait une condamnation pour vol, outrage et rébellion, le nommé Limbergère s’est immédiatement signalé par sa paresse et son mauvais esprit. Il appartient à la tribu Schmitt, l’une des plus remuantes et des plus nuisibles. Les réprimandes et les sanctions légères demeurant sans effet, le chef

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