L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
libérations avaient été donnés aux préfets intéressés.
— « Les nomades qui, durant leur séjour au camp, n’avaient jamais respecté le matériel ont commis de sévères déprédations à leur libération – des planches de parquet ont été arrachées pour faire du feu, des carreaux cassés, des portes et installations électriques démolies. Enfin les baraques ont été laissées excessivement sales. »
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COUDRECIEUX (Sarthe)
— Fin août (24) 1940, à la demande des Allemands, un camp pour les nomades est établi à Coudrecieux (à une trentaine de kilomètres à l’est du Mans), dans l’ancienne verrerie de La Pierre. On avait d’abord pensé rassembler les « bohémiens » dans les baraques de bois alors inoccupées construites en bordure de l’étang de Sillé-le-Guillaume. Puis après quelques hésitations, on finit par choisir les bâtiments de La Pierre. Presque tous les internés habitent des constructions en dur ; un petit nombre seulement, 29 sur 167, le 18 janvier 1941, vivent dans les roulottes qu’ils ont amenées.
— Certains ont été arrêtés dans la Sarthe et les départements limitrophes, mais le plus grand nombre d’entre eux proviennent de la zone côtière et par la suite des camps de Corlay, de Plenée-Jugon (Côtes-du-Nord) et de Quimper, qui seront dissous. Les gendarmes ont appréhendé tous ceux qu’ils soupçonnaient de vagabondage ; ils sont allés au-delà des instructions qui leur ont été données, car si on trouve, parmi les prisonniers, les coureurs de chemins accoutumés, vanniers, chaisiers, raccommodeurs de vaisselle, opérateurs de cinéma, ambulants, ramoneurs, musiciens des rues, on y remarque aussi des gens pourvus d’un domicile fixe et exerçant une profession très stable : un vacher, un ajusteur, un tailleur, un maçon, un charron, cinq journaliers, trois chauffeurs, un cultivateur, deux manœuvres. De plus, la maréchaussée a considéré comme nomades les clochards vivant en marge de la société et les petits commerçants allant de marché en marché et de foire en foire. Et le Feldkommandant s’inquiète de cet état de choses ; aussi demande-t-il au médecin départemental de se livrer au tri des véritables tsiganes. Un médecin allemand le doublera, et tous ceux qu’on sera amené à libérer devront promettre de mener une vie sédentaire et d’exercer une profession. 62 internés sont ainsi libérés de janvier 1941 à août 1942.
— Le 26 août 1940, un règlement est publié par le préfet, il a été visé le 21 du même mois par le général Adolph, Feldkommandant. Un chef de camp, un sous-chef et quatorze gardiens assurent la surveillance. Le chef est doté d’un pouvoir disciplinaire sous le contrôle du préfet à qui, le 1 er et le 13 de chaque mois, il signale les incidents, et rend compte de l’état sanitaire et des sanctions infligées. Lorsqu’une évasion se produit, le chef du camp téléphone au préfet, à la gendarmerie et à la Feldkommandantur et fait effectuer les premières recherches. Un gestionnaire administre la collectivité. À son arrivée au camp, le nomade chef de famille remet les carnets anthropométriques et le carnet collectif des siens. On procède à une fouille des individus, puis à une perquisition dans les roulottes. Toute dissimulation d’armes entraîne la comparution du coupable devant un tribunal allemand.
— Les malades contagieux doivent être déclarés. Les roulottes et les chevaux qui les traînent, sont parqués dans un endroit choisi d’avance, et lors de l’inspection du commandant du camp ou des autorités civiles ou militaires, les nomades doivent se tenir près de la roulotte qui leur appartient.
— Tous les enfants de moins de quatorze ans sont astreints à fréquenter l’école tenue par un gardien. Lorsqu’il y a rixe, les gardiens sont autorisés à se servir de leur bâton – et ils n’y manquent pas – et en cas d’évasion, les gendarmes du poste voisin peuvent tirer sur les fuyards. L’évadé repris est puni de huit jours de cachot et mis au pain sec et à l’eau. Le préfet peut porter la durée du châtiment à quinze jours. Tous ceux qui provoquent de l’agitation – les meneurs – subissent les mêmes peines que les évadés.
— Les bains et les soins de propreté sont obligatoires. Le docteur Dumont, de Bouloire, aidé par un infirmier, assure le service sanitaire ; il dirige les malades les moins
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