L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
atteints sur l’infirmerie du camp. Les nomades qui souffrent d’affections graves et de gale sont envoyés à l’hôpital du Mans ou à celui de Saint-Calais.
— Lorsqu’il se produit un décès, mention en est faite sur le registre de présence ; un avis est adressé au maire de Coudrecieux, et il est établi un état des objets ayant appartenu au défunt.
S’il y a mort violente, un rapport est envoyé au préfet.
— Aucune visite n’est tolérée, le camp est interdit à toute personne étrangère.
— Les heures du lever, du coucher, de l’extinction des feux sont fixées par le chef de camp. Tous les présents valides participent aux corvées, sous peine, en cas de refus, de suppression du pain.
— Les nomades peuvent écrire et recevoir du courrier, mais la correspondance est toujours lue. Ils ont l’autorisation d’acheter des journaux, des livres et des brochures ; le tout doit être paraphé par le chef du camp.
— Le mardi et le vendredi les femmes, accompagnées d’un gardien vont faire des emplettes à Coudrecieux ou à Bouloire, mais toute action commerciale leur est interdite ; celles qui rentrent ivres sont privées de sortie pendant un mois.
— Les nomades peuvent se faire des dons, à condition que ces dons soient autorisés par le chef du camp.
— Les jeux d’argent et les transactions quelconques leur sont interdits.
— Un registre est tenu à jour et tous les renseignements concernant les internés y sont mentionnés. Lors de la confection de ce registre surgit une difficulté ; quel nom de famille doivent porter les enfants nés hors mariage ? Les Allemands tiennent pour le nom du père, mais force reste à la loi française et ils sont mentionnés avec le nom de leur mère. Le curé de Coudrecieux apporte les secours de la religion à ceux qui le désirent, et il est payé pour le faire.
— Chaque semaine, les Feldgendarmes de la Kreiskommandantur de Saint-Calais effectuent un contrôle dans le camp. Pratiquement les nomades sont voués à l’inaction. Les propositions d’une maison fabriquant des filets d’alfa pour l’armée allemande, les établissements Pierre Belon, de Rennes, ne sont pas retenues par la Feldkommandantur, on ne sait pourquoi. Les internés recevraient pour les vingt-cinq premiers filets fabriqués, 8 F par mille mailles, puis 12 F par mille mailles à partir du vingt-sixième filet.
— Au début de juin 1941, un poste de quatre gendarmes est installé à proximité du camp. Il est chargé de la répression des troubles, des enquêtes et des contrôles et de la prévention des évasions. « Les internés sont avides de liberté, indisciplinés par nature et capables de provoquer des incidents sérieux », dit un rapport allemand. Et en effet on s’évade beaucoup à Coudrecieux, malgré les menaces et malgré les appels auxquels il est procédé journellement. C’est d’ailleurs relativement facile. Le mur du parc du château de La Pierre qui limite partiellement le camp n’a pas plus de 2 mètres de haut, et les fils de fer barbelés de la clôture sont très écartés les uns des autres. Si une rixe réelle ou simulée, éclate, tous les gardiens se précipitent pour rétablir l’ordre, et il est aisé alors à ceux qui rêvent de liberté de quitter le camp sans être vus. Et puis, les hommes qu’on envoie dans la forêt voisine pour abattre les arbres disparaissent quand ils le peuvent. Et la Feldkommandantur demande qu’aucun nomade ne soit employé chez les cultivateurs des environs et que des travaux d’assainissement et de propreté soient entrepris à l’intérieur du camp pour occuper les gens valides, ou bien, au pis-aller, qu’on constitue des commandos aux effectifs peu nombreux qui seront employés à des travaux routiers. Pour prévenir les évasions, il est nécessaire de renforcer la clôture du camp, mais la préfecture fait remarquer que le fil barbelé est introuvable, et il en faudrait cent rouleaux de 100 mètres. Conséquence, du 23 janvier 1941 au 4 août 1942, quarante-six nomades s’évadent ; quelques-uns sont repris. En novembre 1941, une fouille générale amène la découverte inattendue de cartouches, d’obus de 37, mais aussi de pinces, de tenailles, de limes, c’est-à-dire d’outils capables de couper très rapidement les fils de fer barbelés de la clôture.
— La nourriture est, dans l’ensemble, convenable ; les internés eux-mêmes le déclarent aux
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