L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

depuis environ six semaines à la suite des instructions précises données par M. Daguerre, préfet délégué du Maine-et-Loire, et depuis que le nouveau sous-préfet de Saumur, M. Trameau veille personnellement à leur exécution. Au cours de la période du 28 février au 6 mars, le calcul du pouvoir énergétique des rations alimentaires, d’après l’état des denrées utilisées, donne une moyenne journalière de 1837 calories pour les adultes. La proportion des différents éléments nutritifs, protéines, lipides et glucides est acceptable. Le défaut de vitamines peut aisément être amendé en utilisant crus, en salade, une partie des légumes, tels que choux, carottes ou rutabagas.
    — « L’alimentation est donc actuellement satisfaisante, sous réserve que toutes les denrées figurant sur l’état aient bien été effectivement utilisées pour les internés.
    — « Les enfants, comme l’avait conseillé le docteur Aujaleu, sont nourris à part, dans un baraquement. Ils bénéficient ainsi intégralement des suppléments (sucre, chocolat, lait) qui leurs sont attribués. Cette espèce de crèche est gérée par trois religieuses très dévouées.
    Nous remarquerons plus loin, dans l’étude de l’état sanitaire, la très faible proportion de décès d’enfants.
     
    IV. – MATIÈRES USÉES.
    « Depuis la dernière inspection du docteur Aujaleu, un gros progrès a été réalisé : les tranchées feuillées sont remplacées, ou en voie de remplacement, par des cabinets à plusieurs places édifiés en dur et désinfectés régulièrement au chlorure de chaux, le service d’ordre du camp veille avec efficacité à ce que seules ces latrines soient utilisées.
     
    V. – HYGIÈNE CORPORELLE – DÉSINFECTION – DÉSINSECTISATION.
    — « Les internés disposent de lavabos couverts annexés à la buanderie.
    — « Les romanichels sont très sales, ce qui n’est pas pour surprendre étant donné leurs habitudes ancestrales. Cependant, la lutte contre les poux a donné des résultats partiels. La tonte générale des enfants et des pouilleux réfractaires à l’épouillage, préconisée par le docteur Aujaleu n’a pas été réalisée. Il faut cependant arriver à un résultat total qu’il est indispensable d’obtenir, ne serait-ce qu’en vue de la prophylaxie du typhus.
    — « Le dispositif de douches ne permet que les douches froides, il est donc à peu près inutilisable, et en fait inutilisé.
    — « Il existe au camp une très bonne étuve à désinfection par la vapeur d’eau sous pression, de grande contenance et parfaitement adaptée aux besoins.
     
    VI. – ÉTAT SANITAIRE.
    — « En raison de la mortalité observée au camp, le service médical qui était assuré à tour de rôle par des médecins praticiens de Montreuil-Bellay a été confié depuis septembre à un médecin attaché spécialement au camp, le docteur Du Pasquier, assisté de trois infirmières.
    — « Une baraque est utilisée comme dispensaire de soins, deux autres servent d’infirmerie-hôpital.
    — « Les vaccinations ont été réalisées normalement.
    — « La mortalité a été très élevée au camp ces derniers mois. On y enregistre du 1 er  août au 22 février, 67 décès :
    3 décès en août.
    7 décès en septembre.
    18 décès en octobre
    14 décès en novembre.
    7 décès en décembre.
    10 décès en janvier.
    8 décès en février.
    — « Voici l’âge des décédés :
    Au-dessus de 70 ans : 5
    Entre 60 et 70 ans : 15
    Entre 50 et 60 ans : 21
    Entre 40 et 50 ans : 14
    Entre 30 et 40 ans : 4
    Entre 20 et 30 ans : 2
    Entre 10 et 20 ans : 0
    Entre 1 et 10 ans : 3
    Moins de 1 an : 3
    — « La mortalité a donc été d’environ 8 pour 100 de l’effectif et encore en ne considérant qu’une période de sept mois. Nous remarquerons que la mortalité infantile ne représente qu’une très faible part (4,5 % ) de la mortalité générale, le contingent le plus élevé des décès s’observe de 45 à 65 ans.
    — « On ne relève pas de maladies contagieuses épidémiques, comme cause de ces décès. Les diagnostics les plus divers et les plus imprécis sont mentionnés, mais la cause déterminante paraît bien se trouver dans le régime fortement déficitaire et carencé qui fut celui des internés avant qu’ait été récemment réalisée une amélioration importante de leur alimentation. Il faut signaler que les nomades