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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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la voir tous les jours, et elle s’est éteinte avec un sourire d’espoir et dans la joie qu’on la trouvait belle quand même (dennoch schön). Morte, elle était aussi belle que Denise la « tsigane » française morte de tuberculose.
    — Dans la vie libre, la mort, même victorieuse, l’emporte de haute lutte. L’organisme, aidé par la société, les amis, les parents, les médecins, lutte et s’épuise et la mort, enfin victorieuse, trouve un corps épuisé qui n’est plus que l’ombre de l’être vaincu ? Par contre, au camp, la Société est hostile, les amis et la famille sont souvent loin et les médecins quasi impuissants. Le corps ne s’épuise pas à lutter et la mort survenant, ravit la vie et est souvent impuissante contre la beauté. De là, la beauté dans la mort des jeunes femmes et jeunes filles tsiganes mortes à Auschwitz.
    *
*   *
    Vers Auschwitz.
    — À (37) la maison j’étais le plus âgé. Je m’en souviens très bien, le père avait déclaré :
    « Le ciel est entièrement rouge. Cette couleur présage l’arrivée de grandes catastrophes. Cela s’est passé ainsi avant la grande guerre. »
    — En effet, bientôt les soldats nazis parcourent Oberwart en hurlant : « À bas les juifs et les tsiganes. »
    — Mon père était plombier et nous ne connaissions pas la misère. Dès que tout cela a commencé mon père a voulu s’en aller et retourner en Hongrie où son frère vivait alors. Mais ma mère s’y opposa :
    — « Où aller avec huit enfants et en laissant tout ce que nous avons si péniblement amassé ? », disait-elle.
    — Mon père commença à empaqueter les choses, mais pourtant nous restâmes là. Une nuit dans son rêve mon père se mit à pleurer et le lendemain matin ma mère lui demanda la raison de ses pleurs.
    — « N’as-tu pas entendu ce qu’ils criaient : « Hors d’ici les tsiganes ! »
    — Mais ma mère dit :
    — « Nous n’avons commis aucun crime, nous sommes des citoyens et non des étrangers. »
    — C’était facile à dire, mais le rêve de mon père se réalisa. Il s’écoula cependant quelque temps encore et nous aurions pu facilement nous en aller. Mais notre patrie nous était chère ; puis une nuit, environ vers trois heures, le chien se mit à aboyer sans arrêt et on vint taper à notre porte.
    — « Ouvrez, patrouille ! »
    — Et les S.S. pénétrèrent en nous mettant en joue avec leurs armes.
    — « Au nom de la loi je vous arrête ! »
    — Ils emmenèrent le père avec eux. Nous, les enfants et la mère, nous prîmes nos fichus et nous accompagnâmes le père jusqu’à Gross-Petersdorf. C’est là que les S.S. et mon père montèrent dans une auto et disparurent.
    — Pour la Noël 1942, nous fûmes autorisés à envoyer un paquet au père. Ma mère confectionna un paquet de 5 kilos dans lequel elle glissa 15 marks. Mais bientôt ce fut le tour de ma mère de faire un cauchemar.
    — « Je vois tout le jour votre père devant moi, comment puis-je l’aider ? Il m’appelle et je ne sais pas d’où… »
    — Un peu plus tard elle appela dans son rêve :
    — « Kathe, lève-toi, ton père est dehors et il gèle, il a si froid… »
    — Le lendemain matin la neige était épaisse, nous devions tout d’abord la déblayer. Puis vint le facteur qui nous apportait un télégramme. Je voulus le cacher à ma mère, mais le facteur déclara que ce n’était pas possible. Dans le télégramme trois mots : « Mort de froid. »
    — Mais la mère affirma que c’était faux, mon père le lui avait expliqué dans un rêve. Ils l’avaient battu à cause des quinze marks.
    — « Si jamais l’un de ces hommes revient, dit-elle, je vais lui demander si cela s’est bien passé comme le père me l’a expliqué dans mon rêve. »
    — Au printemps de 1943 la fatalité s’abattit sur nous tous. Je fus congédié de l’endroit où j’avais si longtemps travaillé. Et un matin vint me trouver le paysan chez lequel, depuis six ans, j’allais chaque jour chercher le lait, et il me dit :
    — « Préparez-vous à partir. Cela me fait de la peine mais vous devez aller en Ukraine. »
    — Nous étions deux cent cinquante personnes de la région et il y avait même des enfants parmi nous. Nous étions en rangs et nous chantions : « Chère patrie, sois bénie ! » À la gare attendait Stopper, l’ancien sous-préfet et on nous demanda de montrer nos papiers

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