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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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menace amusa follement le jeune Stubendienst et celui-ci, dans l’espoir d’assister à une scène cocasse, invita et obligea le docteur R. (surnommé Pickwick) à présenter séance tenante sa plainte. Le médecin en chef après avoir écouté avec dignité la raison de la correction, dit au gifleur : « Tu as bien fait. » Grand fut l’étonnement du docteur R. en entendant la sentence du « grand confrère » mais plus grande fut l’hilarité du Stubendienst devant le masque ahuri de notre ami « Pickwick ». Mais l’étonnement du docteur R. devait être de courte durée. Je dois ajouter, et je le fais avec tristesse, que beaucoup de Stubendienst polonais des infirmeries, cherchaient les occasions et s’arrangeaient pour frapper des médecins juifs devant les tsiganes hommes et surtout femmes et même enfants afin de les humilier plus profondément et de faire étalage de leur propre puissance. Était-ce vrai « camarade K. » ? Est-ce vrai, « camarade » Mi ? Nous eûmes aussi un grand réconfort et, je le dis avec joie et une profonde gratitude, on ne saurait assez admirer le courage, l’héroïsme tranquille de quelques Pflegers polonais, médecins ou secrétaires qui, au péril de leur vie – je dis bien au péril de leur vie, car beaucoup de leurs compatriotes leur vouaient une haine implacable – s’opposaient à la conduite de ces complices bénévoles des S.S. plus haineux que les S.S., mais serviles et obséquieux devant les bourreaux nazis.
    — Dans leur humble et discrète délicatesse, des tsiganes qui avaient assisté à ces scènes déshonorantes, nous recevaient avec une amitié accrue et plus d’égards dans leurs Blocks d’habitation, après leur sortie de l’hôpital. Malheureusement (heureusement devions-nous dire plus tard), la plupart des amitiés nées entre eux et nous prenaient fin de façon brusque et imprévue par le transfert des tsiganes et nous ne connaissions que leur prénom et très peu de noms.
    — Les deux sœurs tsiganes allemandes Trude (diminutif de Gertrude) et Resi (diminutif de Thérèse) qui nous avaient pris en amitié, mon ami Michel S. et moi, nous invitèrent un jour à rendre visite à leur mère dans un Block d’habitation. Trude, l’aînée était vive, spirituelle et avait une conversation très agréable. Elle plaisantait ses jambes un peu arquées. Resi était timide, un peu naïve, élancée et fort belle. Leur mère était une femme grande au visage ouvert, le regard beau et franc, agréable et intelligente. Elles ne savaient pas où était le père. Les jeunes filles avaient été ouvrières couturières et savaient lire et écrire. La plupart des tsiganes avaient fréquenté l’école.
    — La mère des jeunes filles nous raconta d’une voix calme leur vie dans une petite ville d’Allemagne, tranquille et paisible où la famille vivait en bonne intelligence avec les voisins allemands. Ils ne cachaient d’ailleurs nullement leur origine tsigane, maintenue et affirmée par la langue et les chants. Physiquement rien ne les distinguait des Allemands « aryens ». Lorsque le recensement devint obligatoire, ils durent quitter « provisoirement » leur foyer où ils vivaient parfois depuis des générations. Vinrent les examens anthropologiques, ensuite Auschwitz-Birkenau. Nous ne perçûmes aucun signe de découragement, encore moins de désespoir. Les tsiganes avaient foi en la justice. Elle n’a jamais prononcé le nom du Führer, ce qui prouve que sa confiance avait une base plus sérieuse, et nous dit qu’un jour tout le monde serait libre. Avant de nous séparer, elle me dit avec un sourire rayonnant de bonté et franchise :
    — « Si tu veux devenir mon gendre, il faudra aussi me guérir de la gale. »
    —  Sancta simplicitas. Quelles paroles de confiante amitié alors qu’à quelques pas de là des « camarades », chevaliers sans vertu d’une croisade de pacotille, entretenaient une atmosphère noire, empoisonnée de haine absurde. Comment ne pas lui garder un souvenir reconnaissant jusqu’à la fin de la vie ?
    — Beaucoup de tsiganes allemands étaient adventistes et nous avons eu dans notre Block un « frère adventiste » qui prêchait naïvement et d’une façon émouvante de sa pauvre couchette de malade. Il mourut chez nous de tuberculose pulmonaire. Sa fille était infirmière dans notre Block. Elle ressemblait à une Madone de Raphaël avec son écharpe noire sur la tête et ses

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