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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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que le camp tsigane manquait de tsiganes français, l’avait emmenée à tout hasard. Les savants S.S. sauront bien découvrir quelque chose de tsigane et confirmer scientifiquement l’intuition des policiers S.S. Et l’examen commença.
    — Interrogatoire. Le docteur Mengele me dictait les questions et je les répétais en français.
    — « Vous êtes tsigane ?
    — « Je ne suis pas tsigane (vous le savez bien).
    — « Votre femme est-elle tsigane ?
    — « Non. Elle ne me l’a jamais dit et je ne crois pas.
    — « Vos parents étaient-ils tsiganes ?
    — « Mais non, ils n’étaient pas du tout tsiganes.
    — « Quatsch, Meusch, s’écria Mengele. Bavardage. En voilà assez. » Et il fit un signe.
    — La porte s’ouvre et les deux jeunes tsiganes, les factotums de notre Block, qui paraissaient jumeaux, font irruption comme deux diables et commencent à sautiller autour du pauvre homme comme au jeu de colin-maillard. Tout en le tirant par le col, par les revers du veston, par les manches, ils lui parlaient en tsigane avec une volubilité étourdissante. Je ne distinguais que le mot : manouche (tsigane) qui revenait constamment. Mengele avait donc préparé une confrontation en règle. Le prétendu tsigane se tourne vers moi et me demande :
    — « Qu’est-ce qu’ils disent ? »
    — Mengele bondit de sa chaise en criant :
    — « Keskidi ? Keskidi ? »
    Puis en allemand :
    — « Tu comprends fort bien ce qu’ils disent. Avec vingt-cinq coups sur le derrière tu comprendras encore mieux « Keskidi ».
    — Le pauvre homme écoute bouche bée l’algarade de Mengele et, l’orage apaisé, se tourne de nouveau vers moi et désignant Mengele, me demande :
    — « Qu’est-ce qu’il dit ? »
    — Mengele :
    — « Encore « Keskidi » ? et s’adressant à moi il me dit :
    — « Parle-lui toi un peu en tsigane. »
    — Mon vocabulaire tsigane est minable, mais je m’exécute et m’adressant à notre prétendu tsigane je lui dis :
    — « Ce monsieur est le Dramasco lourdo. »
    — Cette fois-ci l’infortuné Durand (peut-être était-ce son nom), ahuri, croit que je déraille et me demande avec inquiétude :
    — « Qu’est-ce que vous dites ? »
    — Je crois entendre le « Tu quoque » ? de César s’adressant à Brutus.
    — S’il ne s’agissait pas d’un « travail scientifique » et si on n’était pas dans un camp de concentration S.S. je dirais que c’est d’un bouffon inégalable.
    — Mengele sursaute encore mais faiblement, sans conviction (il doit commencer à se rendre compte de la sincérité du prétendu tsigane). Je dois ajouter que les vingt-cinq coups sur le derrière (auf dem Arsch) ne lui furent jamais administrés.
    — L’examen continue. On fait entrer l’épouse et les deux filles : l’aînée, Denise (je n’ai pas oublié son prénom), 18 ans environ, blonde, fine et douce, comme une madone de Botticelli en guenilles, la cadette, 16 ans environ brune et vive comme une jeune danseuse andalouse. Mengele les examine rapidement et s’arrête tout à coup à la chevelure de la cadette (les femmes avaient ici les cheveux coupés, mais non tondus).
    — « Viens voir, me dit-il, avec une expression de triomphe. Regarde bien ! »
    Je regarde.
    — « Lorsque tu vois la ligne d’implantation des cheveux de la région temporale décrire une petite courbe avancée vers le front, alors « ils » peuvent nier sous la torture ou jurer sur tous leurs saints. Ils sont confondus. Elle est tsigane.
    — La science a eu le dernier mot avec la ligne d’implantation des cheveux de la jeune fille. Mon rôle était terminé et Mengele continua son travail : empreintes, toises, études des cheveux, des yeux, du pavillon de l’oreille, etc.
    — Dina, l’artiste-peintre n’a pas été chargée de faire le portrait de la jeune fille car elle n’avait pas le type tsigane comme Kali-Tchaï, dont le portrait a fait l’admiration de Mengele et de beaucoup d’intellectuels S.S. Il s’agissait maintenant de calculer le pourcentage de sang tsigane de chaque membre de la famille.

Existe-t-il une autre solution ?
     
    — Avec (71) le déclin et l’extinction du typhus exanthématique, la gale surinfectée passa au premier rang des causes de mortalité au camp. Cela peut paraître incompréhensible, incroyable. Dans les lésions de grattage sur des corps affaiblis et souffrant de carence, les

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