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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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à rendre à personne, il faisait ce que bon lui semblait et se livrait à ses expériences en amateur.
    — Un (77) médecin détenu, le docteur Rudolf Vitek, qui examina ces enfants sur l’ordre de Mengele, se rappelle Dieter et Hans Schmidt qui avaient trois ans et demi. Mengele les emmena un jour dans sa voiture et demanda en revenant quel était l’interne qui les avait examinés. Le docteur Benno Heller, de Berlin, se présenta et essuya une algarade violente :
    — « Vous êtes un mauvais interne ; vous avez noté que les deux enfants avaient les poumons normaux. Or, à l’autopsie j’ai constaté que Dieter avait les sommets pris. »
    — Exactement (78) six mois après son arrivée (79) , notre transport, qui comprenait à l’origine 5 000 personnes, fut envoyé à la chambre à gaz. Mon frère et moi échappâmes à ce sort, car nous étions jumeaux et pour cette raison le docteur Mengele s’intéressa à nous (80) . J’ai fait la connaissance du docteur Mengele. C’était un homme mince et élancé. Il avait le front haut et se comportait généralement avec beaucoup d’arrogance. L’expression de sa figure pouvait changer en une seconde et arborer un sourire charmeur. Je le vis pour la première fois en mars 1944 peu après qu’on nous eût fait sortir du fameux transport du mois de mars. À peine fûmes-nous transférés de la quarantaine au quartier des malades dans le « camp des familles » qu’il nous fit demander hypocritement si nous avions un désir quelconque. Il nous demanda la même chose avec un sourire angélique, après nous avoir convoqués pour un examen approfondi. Mon frère et moi répondîmes en même temps :
    — « Nous voudrions être avec nos parents. »
    — À ce moment-là, nous ne savions pas encore que le transport avait déjà été envoyé à la chambre à gaz. Avec la même gentillesse qu’il avait mise à nous questionner, il nous assura que nous reverrions nos parents bientôt. Mais il n’ajouta pas où.
    — Nous étions alors environ 150 couples de jumeaux. Il comparait les particularités biologiques, surtout chez les jumeaux véritables. Il constatait en quoi ils différaient l’un de l’autre et en quoi les jumeaux différaient des autres humains. On avait beaucoup de travail avec nous. Pas tant le docteur Mengele lui-même que les médecins des détenus. Ils devaient mesurer les différentes parties du corps et comparer les résultats. Ils nous radiographièrent, nous photographièrent sur toutes les coutures et examinèrent notre vue, notre ouïe, notre système nerveux et notre rythme cardiaque. Ils firent des prises de sang (14 fois en 18 mois) et les envoyèrent à un quelconque laboratoire. Ils essayaient toujours d’ajourner les expériences sur nous, car ils savaient que quand elles seraient terminées, nous serions passés à la chambre à gaz. Mengele prit beaucoup de soin de nous car nous étions en quelque sorte les garants de sa carrière scientifique et aussi de sa carrière de S.S. Il nous installa dans le bâtiment des malades et ordonna pour nous une ration supplémentaire d’un quart de litre de soupe. Il se tenait au courant de notre état de santé et faisait attention à ce qu’on ne nous envoie pas par mégarde à la chambre à gaz. Un jour, cela faillit arriver. Mengele était absent et l’un de ses collègues s’empressa d’organiser une sélection. Nous devions être gazés le lendemain. Cette nouvelle nous laissa dans l’ensemble apathiques. Tout nous était déjà devenu indifférent. Mais Mengele revint dans la nuit et sauva « ses jumeaux ».
    Le docteur Hirsch (81) savait qu’il allait mourir. Le typhus ne lui laisserait que quelques jours de répit. D’autres déportés le chargent dans le camion… et puis soudain il s’évanouit. Il se réveille à l’infirmerie. Par quel miracle ?
    — Des médecins déportés m’ont récupéré. Mengele cherchait un radiologue parlant allemand. Sans médicaments, par un autre miracle, j’ai pu me remettre rapidement.
    Hirsch devait interpréter pour Mengele les radios des jumeaux prises dans le camp des femmes. Un jour, deux paires de jeunes enfants sont amenées à la « station ». Les deux plus jeunes ont cinq ans, les deux autres sept ans. Tous les quatre présentent des rougeurs autour des articulations. Les médecins déportés écoutent Mengele.
    — « On voit bien que ce sont là des tuberculeux. »
    Les médecins ont diagnostiqué

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